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15123 | Bonheur et satisfaction | bonheur-et-satisfaction | page | publish | <!-- wp:paragraph --> <p><em>Adaptation française : Mathieu Perona</em></p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:html --> <div class="blog-info">Cette page est une adaptation de <a href="https://ourworldindata.org/happiness-and-life-satisfaction/">Happiness and Life Satisfaction</a>, par Esteban Ortiz-Ospina et Max Roser, <em>Our World in Data</em> dans sa révision de Mai 2017. <p> </p> <p>Adaptation par Mathieu Perona pour le compte de l'<a href="http://www.cepremap.fr/observatoire-bien-etre/">Observatoire du Bien-être du CEPREMAP</a>.</p> </div> <!-- /wp:html --> <!-- wp:paragraph --> <p>Les gens sont-ils heureux aujourd'hui ? L'étaient-ils plus dans le passé ? Comment les personnes évaluent-elles leurs conditions de vie dans des sociétés différentes ? Et comment nos propres conditions de vie affectent-elles notre sensation de bonheur ou de satisfaction à l'égard de notre vie présente ? Pour complexes qu'elles soient, ces questions nous touchent personnellement, et elles constitue un domaine central de recherches pour les sciences sociales, y compris pour la science économique la plus classique (<em>mainstream</em>).</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Les travaux de la <a href="http://ec.europa.eu/eurostat/documents/8131721/8131772/Stiglitz-Sen-Fitoussi-Commission-report.pdf">Commission Stiglitz</a> ont porté à l'attention publique les recherches déjà anciennes visant à compléter les métriques habituelles de prospérité économique, comme le PIB par habitant, par des mesures du bien-être subjectif des personnes. Mais comment mesure le bien-être ? Est-il possible de comparer le bien-être entre personnes vivant des des époques, sociétés ou conditions différentes ? Peut-on en tirer des indices qui nous indiqueraient ce qui fait que des personnes s'estiment heureuses ?</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Cette page présente les données et les éléments de preuve disponibles pour éclairer ces questions. Nous traiterons en particulier des enquêtes sur le bien-être subjectif, c'est-à-dire tel que déclaré par les personnes, ainsi que leur évaluation quant à leur satisfaction de vie.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Nous en tirons les enseignements-clefs suivants :</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:list {"ordered":true} --> <ol><li>Nous disposons aujourd'hui d'un cadre méthodologique faisant des questions directes sur le bonheur ou la satisfaction de vie un instrument de mesure satisfaisant du bien-être subjectif.</li><li>La satisfaction de vie et le bonheur varient énormément, que ce soit à l'intérieur d'un même pays ou entre pays. Au premier regard, les enquêtes démontrent une très grande dispersion des évaluations.</li><li>Les personnes aisées ont en moyenne une évaluation plus positive de leur bonheur subjectif que n'en ont les personnes pauvres. Les pays plus riches ont en moyenne un niveau de bonheur subjectif plus élevé, et dans le temps, les pays ayant connu une croissance économique durable ont vu leur niveau de bonheur augmenter. Ces séries suggèrent que, tant au niveau individuel qu'au niveau du pays, le revenu et le bonheur subjectif évoluent dans la même direction (sans que cela signifie que l'argent fasse le bonheur, les relations entre ces deux éléments sont, on va le voir, complexes).</li><li>Les grands événements de la vie (mariage, enfants, divorce) affectent le bonheur subjectif, mais ont des effets de long terme étonnamment courts. Ce constat suggère que les personnes tendent à s'adapter assez rapidement aux changements non catastrophiques dans leurs conditions de vie.</li></ol> <!-- /wp:list --> <!-- wp:heading --> <h2>Approche empirique</h2> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:heading {"level":3} --> <h3>Comparaisons entre pays</h3> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Le bonheur dans le monde, pays par pays</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>Le <em><a href="http://worldhappiness.report/">World Happiness Report</a></em> constitue une des principales sources de comparaison du bonheur entre pays. Rédigé par un groupe d'experts indépendants au sein du <em>Sustainable Development Solutions Network</em> mis en place par les Nations Unies, ce rapport annuel se fonde largement sur le <a href="http://analytics.gallup.com/213704/world-poll.aspx">panel mondial de l'institut Gallup</a>. Ce dernier réalise des enquêtes auprès d'échantillons représentatifs dans plus de 160 pays et en 140 langues, sur la base de questions uniformisées. La principale question posée est ainsi : "Imaginez une échelle avec des barreaux numérotés de zéro en bas à dix en haut. Le barreau du haut représente la meilleure vie possible pour vous, le le barreau du bas la pire vie possible pour vous. Sur quel barreau pensez-vous vous tenir à ce moment de votre vie ?". Connue sous le nom d'échelle de Cantril, cette évaluation du bien-être, ainsi que la formulation précise de la question, constitue un standard commun pour les recherches sur le bien-être subjectif.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>La carte ci-dessous représente la moyenne des réponses des enquêtés à cette question. Comme pour l'échelle, les valeurs dans la carte sont codées de zéro à dix. La carte est interactive, vous pouvez cliquer sur chaque pays pour visualiser l'évolution dans le temps de la satisfaction de vie pour ce pays.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Les différences entre pays sont flagrantes. Selon les données les plus récentes, les pays européens sont en tête du classement ; la Finlande, le Danemark, l'Islande, la Suisse et les Pays-Bas ayant tous des moyennes supérieures à 7. La même année, les moyennes les plus faibles étaient enregistrées sur le continent africain et au Moyen-Orient : en Afghanistan, au Liban, au Zimbabwe, au Rwanda et au Botswana (moyennes inférieures à 3,5).</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Il est évident sur cette carte que la satisfaction de vie est liée à des mesures objectives des conditions de vie : les pays les plus riches et en meilleure santé affichent des scores moyens de satisfaction de vie plus élevés. Nous y reviendrons.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:html --> <figure><iframe style="width: 100%; height: 600px; border: 0px none;" src="https://ourworldindata.org/grapher/happiness-cantril-ladder" width="300" height="150"> <p></p></iframe></figure> <!-- /wp:html --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Évolutions dans le temps : les enseignements de la <em>World Values Survey</em></h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>La <em><a href="http://www.worldvaluessurvey.org/WVSDocumentationWV6.jsp">World Values Survey</a></em> fournit également des mesures de bien-être subjectif dans différents pays. Elle constitue une source essentielle pour les comparaisons dans le temps car elle couvre depuis plus longtemps que le panel Gallup des pays non-européens. Plus précisément, elle collecte des données à partir d'un échantillon d'enquêtes nationales couvrant presque 100 pays, avec les enquêtes les plus anciennes datant de 1981. Dans ces enquêtes, on demande en particulier aux personnes : "Tout bien considéré, diriez-vous que vous êtes… (i) Très heureux, (ii) Assez heureux, (iii) Pas très heureux, (iv) Pas heureux du tout, (v) Ne sait pas". Les courbes ci-dessous représentent pour chaque pays la part des personnes qui se disent <em>très heureuses</em> ou <em>assez heureuses</em>.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Dans la plupart des pays, cette part augmente avec le temps. Dans 49 des 69 pays où au moins deux enquêtes ont été conduites, <a href="https://ourworldindata.org/grapher/share-who-say-happy-wvs-first-to-last">l'observation la plus récente est plus élevée que la plus ancienne</a>. Dans certains cas, l'amélioration est spectaculaire. Au Zimbabwe, la part des personnes s'estimant <em>très heureuses</em> ou <em>assez heureuses</em> est passée de 56,4% en 2004 à 82,1% en 2014.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:html --> <figure><iframe style="width: 100%; height: 600px; border: 0px none;" src="https://ourworldindata.org/grapher/share-of-people-who-say-they-are-happy" width="300" height="150"> <p></p></iframe></figure> <!-- /wp:html --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Évolution dans le temps : les enseignements de l'Eurobaromètre</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>L'<a href="http://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/index.cfm/General/index/general/doChangeLocale/locale/fr/curEvent/General.index/">Eurobaromètre</a>, sous l'égide de la Commission européenne, collecte depuis 1974 des données sur la satisfaction de vie au sein d'enquêtes d'opinion larges. Pour certains pays, ces enquêtes ont été menées annuellement depuis plus de 40 ans. Le graphique ci-dessous montre, comme précédemment, la part des personnes se disant <em>très satisfaites</em> ou <em>assez satisfaites</em> de leurs conditions de vie courantes.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>La plus grande fréquence et la meilleure profondeur permettent de mettre en évidence deux points importants. Premièrement, les évaluations de satisfaction de vie fluctuent autour d'une tendance. En France, cette tendance sur 1974 - 2016 est positive, mais avec des hauts et des bas assez marqués. Deuxièmement, la tendance a été positive pour la plupart des pays européens. En règle générale, la part des personnes qui s'estiment satisfaites de leur vie a augmenté sur la durée de l'enquête{ref}Pour être précis, dans 27 cas sur les 31 pour lesquels on dispose de plus de dix ans de données, le point le plus récent est supérieur au premier point.{/ref}. La Grèce est une exception notable. Si vous l'ajoutez au graphique, vous constaterez qu'en 2007, 67% des Grecs se disaient satisfait de leur vie. Cinq ans après, la crise a fait tomber cette part à 32,4%, et les améliorations récentes n'ont pas permis de retrouver le niveau d'avant la crise. C'est un cas unique, dans la mesure où le Portugal, qui avait atteint le même point bas en 2011, est revenu aujourd'hui à ses niveau d'avant-crise, et que la baisse pour l'Espagne ou l'Italie a été nettement moins prononcée.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:html --> <figure><iframe style="width: 100%; height: 600px; border: 0px none;" src="https://ourworldindata.org/grapher/share-of-people-who-say-they-are-happy-Eurobarometer?country=FRA+GBR+GRC+PRT+ESP+ITA+IRL" width="300" height="150"> <p></p></iframe></figure> <!-- /wp:html --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Au-delà des moyennes : la distribution des évaluations de satisfaction de vie</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>La plupart des études comparatives entre pays considèrent essentiellement les moyennes, comme nous l'avons fait jusqu'ici. Toutefois, la distribution des réponses est au moins aussi importante que la moyenne. Illustrons ci-dessous la manière dont les enquêtés ont répondu aux questions en représentant la part des répondant pour chacune des modalités de 0 à 10. Chaque couleurs renvoie à une région du monde, et pour chaque région, la distribution mondiale est représentée par les traits horizontaux.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Ces graphiques montrent qu'en Afrique sub-saharienne, la région présentant les moyennes les plus faibles, l'ensemble de la distribution est décalée vers la gauche par rapport à celle de l'Europe. Cela signifie que quel quoi soit le seuil que utilisé pour définir la part des personnes heureuses (au sens où une personne est dite heureuse si sa réponse est supérieur à une valeur donnée, 5 ou 7 sur l'échelle par exemple), cette part sera toujours supérieure en Europe qu'en Afrique sub-saharienne. Le même phénomène existe si on compare par exemple l'Amérique du Nord avec l'Asie du Sud.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Un autre point intéressant est que la distribution des réponses en Amérique latine (y. c. les Caraïbes) montre un fort taux de réponses élevées, l'ensemble de la distribution étant nettement à droite de pays au niveau de vie comparable, par exemple ceux de l'Europe centrale et orientale. Il s'agit là de l'indice d'un phénomène plus profond : les pays d'Amérique latine ont des niveaux de bien-être subjectifs supérieur à celui des autres pays de même niveau de développement. Cela illustre l'importance de l'environnement social, la culture et l'histoire dans l'évaluation de la satisfaction de vie (nous y reviendrons).</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:image {"align":"center","id":11300,"sizeSlug":"full","linkDestination":"custom"} --> <div class="wp-block-image"><figure class="aligncenter size-full"><a href="https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/The-distribution-of-life-satisfaction.png"><img src="https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/The-distribution-of-life-satisfaction.png" alt="" class="wp-image-11300"/></a></figure></div> <!-- /wp:image --> <!-- wp:paragraph --> <p>Si vous souhaitez aller plus loin, la "<a href="http://www.pewglobal.org/question-search/?qid=365&cntIDs=&stdIDs=">Pew Global Attitudes Survey</a>" fournit des données de distribution sur une quarantaire de pays.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Opinions et illusions sur le bonheur des autres</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>Il existe une tendance générale à sous-estimer le bonheur des personnes qui nous entourent. Le graphique ci-dessous le montre de manière spectaculaire, en utilisant des données de l'institut IPSOS, <em><a href="http://perils.ipsos.com/">Perils of Perception</a></em>, qui a demandé aux enquêtés de deviner ce que les autres personnes de leur pays avaient répondu aux questions de la <em>World Value Survey</em>.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Dans ce graphique, l'axe horizontal représente la part réelle des personnes s'estimant <em>très heureuses</em> ou <em>assez heureuses</em> dans la <em>World Value Survey</em>. L'axe vertical représente la réponse moyenne à l'évaluation de cette valeur dans l'enquête IPSOS (c'est-à-dire la réponse à "Selon vous, quelle part des personnes de votre pays s'estiment très ou assez heureuses ?"). Si les estimations étaient correctes, tous les points seraient sur ou très proches de la diagonale. Or, nous voyons qu'ils sont massés vers le cadrant sud-est du graphique : partout, les répondants à IPSOS ont sous-estimé le niveau moyen de bonheur de leurs concitoyens, parfois dans des proportions importantes. Ainsi, en Corée du Sud, les répondants pensent en moyenne que 24% des Coréens du sud se disent heureux, alors qu'ils ont en fait 90% à le faire. Même dans les pays les plus proches de la diagonale (le Canada et la Norvège), les gens pensent que 60% de leurs concitoyens se déclarent heureux, alors que le taux de bonheur réellement déclaré le plus faible (celui de la Hongrie), est à 69%.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:image {"align":"center","id":11310,"sizeSlug":"full","linkDestination":"custom"} --> <div class="wp-block-image"><figure class="aligncenter size-full"><a href="https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Happiness-of-others.png"><img src="https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Happiness-of-others.png" alt="" class="wp-image-11310"/></a></figure></div> <!-- /wp:image --> <!-- wp:paragraph --> <p>Comment expliquer que tout le monde ait une représentation aussi fausse et négative du bonheur ressenti par les autres ?</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Une possibilité est que les personnes directement interrogées surestiment leur bonheur subjectif. L'évaluation du bonheur des autres serait alors l'indicateur correct de la véritable satisfaction de vie (mais pas de la satisfaction de vie ressentie). Toutefois, cela ne serait vrai que si les personnes qui sur-estiment leur propre bien-être supposent dans le même temps que tout les autres ne font pas de même.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Alternativement, il a été démontré (voir <em>infra</em>) que l'évaluation de notre niveau de bonheur par nos amis correspond assez bien à notre propre évaluation, et que la plupart des personnes sont capables d'évaluer les émotions d'une personne sur la simple base de l'expression de son visage. De ce fait, une explication plus probable est que les gens tendent à avoir une évaluation assez positive d'eux-mêmes, mais plus négative quand il s'agit de personnes qu'ils ne connaissent pas.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Il a été observé dans d'autres contextes, (et en France ce phénomène est particulièrement fort), que les personnes peuvent être en même temps très optimistes quant à leur futur personnel, et très pessimistes quant à l'avenir de leur pays ou du monde.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:heading {"level":3} --> <h3>À l'intérieur de chaque pays</h3> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Inégalités de satisfaction de vie entre Allemagne de l'Ouest et Allemagne de l'Est</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>Les moyennes nationales telles que nous les avons explorées jusqu'ici masquent généralement des inégalités marquées à l'intérieur de chaque pays. Illustrons ce phénomène avec l'Allemagne (carte ci-dessous).</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Cette carte représente la moyenne par Lander{ref}Dans certains cas, les données sous-jacentes présentent plusieurs moyennes pour un même territoire (p. ex. le Bade et le Württemberg étaient traités comme deux entités différentes). Dans ces cas, la carte restitue la moyenne des deux observations. Détails disponibles dans <a rel="noreferrer noopener" href="https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Germany-happiness-data.xlsx" target="_blank">ce fichier</a>{/ref} de la satisfaction de vie subjective (toujours évaluée de 0 à 10). L'ancienne frontière entre Allemagne de l'Est et Allemagne de l'Ouest apparaît clairement, tout aussi clairement que dans les scores du parti d'extrême-droite <em>Alternativ für Deutschland</em> aux élections de 2017.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Plusieurs études académiques se sont penchées sur ce "gap de bonheur" en Allemagne en utilisant des enquêtes plus précises, par exemple le panel socio-économique allemand (par exemple Petrunyk and Pfeifer 2016.{ref}Petrunyk, I., & Pfeifer, C. (2016). "Life satisfaction in Germany after reunification: Additional insights on the pattern of convergence". <em>Jahrbücher für Nationalökonomie und Statistik</em>, 236(2), 217-239.{/ref}</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p> Ces études fournissent deux enseignements-clefs :</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:list {"ordered":true} --> <ol><li>D'abord, l'écart s'est resserré au cours des années récentes, qu'il s'agisse des moyennes brutes ou des moyennes en comparant des personnes de même milieu social et professionnel.</li><li>Les écarts de revenu et de taux de chômage contribuent de manière très importante à expliquer les écarts de satisfaction de vie. Cependant, même après neutralisation de ces différences, l'écart entre Est et Ouest persiste.</li></ol> <!-- /wp:list --> <!-- wp:paragraph --> <p>Ce dernier fait, que les déterminants socio-économiques n'épuisent pas ce type de contraste, est un phénomène que l'on rencontre fréquemment : la culture et l'histoire des populations constitue un élément explicatif important. En particulier, les pays ex-soviétiques ont souvent des niveaux e bonheur subjectif plus faible que des pays à des niveaux de vie comparables.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:image {"align":"center","id":11335,"sizeSlug":"large","linkDestination":"custom"} --> <div class="wp-block-image"><figure class="aligncenter size-large"><a href="https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Germany-happiness-Gluecksatlas.png"><img src="https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Germany-happiness-Gluecksatlas-379x550.png" alt="" class="wp-image-11335"/></a></figure></div> <!-- /wp:image --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Inégalités de bonheur dans les pays riches</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>La <em>General Social Survey</em> aux États-Unis couvre chaque année un échantillon de 1500 répondants, depuis 1972, et constitue une source fondamentale pour comprendre les évolutions de long terme dans ce pays.{ref}La GSS pose une question très similaire à celle de la <em>World Value Survey</em> : “Taken all together, how would you say things are these days—would you say that you are very happy, pretty happy, or not too happy?”{/ref} Sur la base de cette enquête, Stevenson and Wolfers (2008) montrent que si la moyenne américaine est restée globalement stable, les inégalités dans le bien-être subjectif ont significativement <em>diminué</em> durant les dernières décennies.{ref}Stevenson, Betsey, and Justin Wolfers. "Happiness inequality in the United States." <em>The Journal of Legal Studies</em> 37.S2 (2008): S33-S79. Une version de travail est en accès libre <a rel="noreferrer noopener" href="https://www.econstor.eu/bitstream/10419/35143/1/576953326.pdf" target="_blank">ici</a>.{/ref} Cette réduction s'observe pour plusieurs définitions de l'inégalité, qu'il s'agisse de la dispersion des réponses (une société est d'autant plus inégale que les réponses sont polarisées vers les extrêmes) ou qu'il s'agisse des écarts entre groupes de population. Sur la période de leur étude, les deux tiers de l'écart entre Américains blancs et Africains-Américains a disparu (même si les premiers restent en moyenne plus heureux, même après neutralisation des écarts de diplôme et de revenu), et l'écart entre hommes et femmes (les femmes tendaient à être en moyenne un peu plus heureuses) a disparu.{ref}Ces résultats ont fait l'objet d'une discussions, dont on trouvera un bon résumé (en anglais) sur le blog Freakonomics, <a rel="noreferrer noopener" href="http://freakonomics.com/2007/10/01/why-are-women-so-unhappy/" target="_blank">gender gaps</a>.{/ref}</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Ces résultats corroborent ceux d'autres études qui aboutissent aussi au constat d'une diminution des inégalités dans l'évaluation du bonheur (et de la satisfaction de vie). Les chercheurs ont en particulier noté un lien positif entre croissance économique et réduction de ces inégalités, même dans les cas où la croissance économique s'est accompagnée d'une augmentation des inégalités de revenu. Le graphique ci-dessous, issu de Clark, Fleche et Senik (2015) l'illustre sur un panel de pays développés.{ref}Clark, Andrew E., Sarah Flèche, and Claudia Senik. "Economic growth evens out happiness: Evidence from six surveys." <em>Review of Income and Wealth</em> (2015). Une version de travail est disponible <a rel="noreferrer noopener" href="http://eprints.lse.ac.uk/60530/1/dp1306.pdf" target="_blank">ici</a>{/ref}</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Dans ce graphique, l'inégalité est mesurée par la dispersion des réponses (l'écart-type pour être précis) à la <em>World Value Survey</em>. La tendance à la baisse de l'inégalité est patente, et dans leur article les auteurs montrent que l'inverse est vrai (les inégalités de bien-être s'accentuent) dans les pays en récession.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:html --> <figure><iframe style="width: 100%; height: 600px; border: 0px none;" src="https://ourworldindata.org/grapher/evolution-of-happiness-inequality-within-countries-during-periods-of-uninterrupted-economic-growth" width="300" height="150"></iframe></figure> <!-- /wp:html --> <!-- wp:paragraph --> <p>Comment expliquer que les inégalités de bien-être diminuent alors que les inégalités de revenu augmentent ? Pour les auteurs, une partie de la réponse tient dans le fait que la croissance économique permet de financer les services publics et autres biens publics, ce qui resserre la distribution de bien-être. Cela est indépendant des inégalités de revenu dans la mesure où certains biens publics, comme un système de santé publiques, affectent les revenus et le bien-être de manière différente.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Une autre explication, plus sociologique, est que la croissance économique dans ces pays s'est traduite par une société plus diversifiée dans ses modes d'expression culturelle, avec une meilleure acceptations de certains comportements ou modes de vie. Cela a permis la convergence vers la moyenne de groupes stigmatisés pour leur origine, leur sexualité ou leur apparence, au moment même où les revenus, les goûts et les modes de consommations devenaient plus inégalitaires.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:heading --> <h2>Corollaires, déterminants et conséquences du bien-être</h2> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:heading {"level":3} --> <h3>Le revenus</h3> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Plus un pays est riche, plus il est heureux (en moyenne)</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>Si on compare les pays à une même date, on voit immédiatement que les pays disposant d'un revenu moyen par habitant plus élevé affichent des moyennes de satisfaction de vie également plus élevées. C'est ce qu'illustre le graphique ci-dessous, où chaque point représente un pays. L'axe vertical restitue la moyenne de la satisfaction de vie dans ce pays (toujours de 0 à 10). L'axe horizontal représente le PIB par habitant, en dollars, ajusté des différences de pouvoir d'achat. Par défaut, l'échelle est log-linéaire, afin de pouvoir mieux comparer des pays de nivaux de richesse très différents. La relation s'affiche très nettement, avec tous les pays qui s'organisent autour de la diagonale du graphique.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:html --> <figure><iframe style="width: 100%; height: 600px; border: 0px none;" src="https://ourworldindata.org/grapher/gdp-vs-happiness" width="300" height="150"> <p></p></iframe></figure> <!-- /wp:html --> <!-- wp:paragraph --> <p>Cette relation tient si on neutralise l'effet d'autres caractéristiques mesurables, comme la structure démographique (pour plus de détails, voir le <a href="http://worldhappiness.report/">chapitre 2</a> du <em>World Happiness Report</em>). Nous allons voir que cela est également vrai dans le temps, et à l'intérieur de chaque pays.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Plus une personne est riche, plus elle estime être heureuse</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>Le constat que les pays riches sont en moyenne plus heureux que les pays pauvres s'étend à l'intérieur de chaque pays : une personne riche est en moyenne plus heureuse qu'une personne pauvre du même pays. Le graphique ci-dessous illustre de phénomène. Chaque carré correspond à un pays. À l'intérieur de chaque carré, l'axe horizontal représente le revenu. Nous disposons pour chaque pays de cinq points, correspondant aux quintiles de revenu (20% les plus pauvres, 20% suivants, etc.). L'axe horizontal représente la moyenne des réponses à la question sur la satisfaction de vie (toujours de à 10).</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Dans tous les cas, la courbe reliant ces points est croissante : les personnes des catégories de revenu plus élevées donnent une réponse moyenne plus élevée que celles des catégories de revenu moins élevé. La forme précise de la courbe varie toutefois d'un pays à l'autre.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:image {"align":"center","id":11330,"width":712,"height":550,"linkDestination":"custom"} --> <div class="wp-block-image"><figure class="aligncenter is-resized"><a href="https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Happiness-by-Income-Quintiles-Small-Multiples.png"><img src="https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Happiness-by-Income-Quintiles-Small-Multiples-712x550.png" alt="" class="wp-image-11330" width="712" height="550"/></a></figure></div> <!-- /wp:image --> <!-- wp:paragraph --> <p>Le graphique suivant restitue les mêmes données, mais avec tous les pays sur le même graphique. Si la relation dans chaque pays y est moins lisible, la relation générale apparaît très clairement.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:image {"align":"center","id":11425,"linkDestination":"custom"} --> <div class="wp-block-image"><figure class="aligncenter"><a href="https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Happiness-across-income-distribution.png"><img src="https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Happiness-across-income-distribution-750x525.png" alt="" class="wp-image-11425"/></a></figure></div> <!-- /wp:image --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Un instantané de la relation entre revenu et bien-être</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>Dans le graphique ci-dessous, nous combinons les trois graphiques précédents en un seul, afin de rassembler ce que nous avons constaté sur les comparaisons entre pays avec ce que nous avons constaté à l'intérieur de chaque pays. L'axe horizontal représente le PIB par habitant, l'axe vertical la réponde moyenne à la question sur la satisfaction de vie. Pour chaque pays, nous ajoutons une flèche. La direction de la flèche indique la force de la relation entre le revenu et la satisfaction de vie pour ce pays : plus la flèche pointe vers le faut, plus cette relation est forte{ref}Pour être précis, le gradient correspond, pays par pays, au coefficient de régression entre les quintiles de revenu et la satisfaction de vie moyenne pour chaque quintile.{/ref}. On retrouve ainsi les deux éléments : l'organisation des points autour de la diagonale, signifiant que les pays plus riches ont des niveaux de satisfaction de vie plus élevés, et des flèches qui pointent globalement dans la même direction : dans chaque pays, les riches se disent plus heureux que les pauvres.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:image {"align":"center","id":11424,"linkDestination":"custom"} --> <div class="wp-block-image"><figure class="aligncenter"><a href="https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/GDP-vs-Happiness-and-gradient-within-countries.png"><img src="https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/GDP-vs-Happiness-and-gradient-within-countries-709x550.png" alt="" class="wp-image-11424"/></a></figure></div> <!-- /wp:image --> <!-- wp:paragraph --> <p>Il est important de noter que l'axe horizontal est logarithmique. Cela signifie que plus on augmente en PIB/habitant, plus l'augmentation de bien-être pour une augmentation de richesse donnée est faible.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Globalement, ce graphique démontre deux éléments :</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:list {"ordered":true} --> <ol><li>À aucun point on n'observe de rupture de la relation entre revenu et bien-être (le mouvement d'ensemble n'est jamais plat).</li><li>Un doublement du revenu est en gros associé à la même augmentation de la satisfaction quel que soit la position dans la distribution globale.</li></ol> <!-- /wp:list --> <!-- wp:paragraph --> <p>Des études de référence (par exemple Stevenson and Wolfers, 2008) montrent que ces relations sont robustes, c'est-à-dire qu'elles continuent de fonctionner si on neutralise les caractéristiques observables des pays, comme la structure démographique, ou qu'on considère différents jeu de données, ou d'autres questions relatives au bien-être.{ref}Stevenson, B. and Wolfers, J. (2008). "Economic growth and subjective well-being: Reassessing the Easterlin Paradox". <em>Brookings Papers on Economic Activity</em>, 1-87. Une version de travail est disponible <a rel="noreferrer noopener" href="https://www.econstor.eu/bitstream/10419/26439/1/577841831.PDF" target="_blank">ici</a>. {/ref}</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Croissance économique et bien-être</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>Les graphiques ci-dessus démontrent une relation à un instant donné entre revenu et bien-être. Une relation du même type, quoique moins forte, relie la croissance économique et le bien-être. En d'autres termes, quand un pays s'enrichit, la moyenne des réponses des questions sur le bien-être augmente. Le graphique suivant utilise la <em>World Value Survey</em> pour représenter la croissance du PIB/habitant (axe horizontal) et la part des personnes d'un pays qui se disent <em>très heureuses</em> ou <em>assez heureuses</em>. Pour chaque pays, on représente le premier et le dernier point disponible{ref}L'Egypte, présente dans la base de donnée, a été exclues dans la mesure où la dernière observation, datée de 2014, repdrend des données de 2012, collectée lors d'une période de très forte instanilité.{/ref}.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Il apparaît clairement que les pays qui connaissent une croissance économique voient aussi croître la part de leur population qui s'estime heureuse. Comme précédemment, on peut démontrer que cette relation persiste quand on neutralise les effets de structure démographiques et autres caractéristiques observables des pays (Stevenson and Wolfers (2008)).</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Il faut noter ici que cette relation est vraie <em>en moyenne</em>. Certains pays connaissent des périodes de croissance sans progression du bien-être, les États-Unis de la dernière décennie étant un exemple fondamental.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:image {"align":"center","id":11431,"linkDestination":"custom"} --> <div class="wp-block-image"><figure class="aligncenter"><a href="https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Inc-vs-Happiness-over-time.png"><img src="https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Inc-vs-Happiness-over-time-750x525.png" alt="" class="wp-image-11431"/></a></figure></div> <!-- /wp:image --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Le Paradoxe d'Easterlin</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>Cette observation que la croissance économique n'entraîne pas toujours une progression du bien-être fut faite pour la première fois dans les années 1970 par Richard Easterlin. Depuis, ce constat, baptisé "Paradoxe d'Easterlin" a fait l'objet d'une vive discussion.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Au coeur de ce paradoxe se tient le fait que si les pays riches tendent à avoir des niveaux de bien-être plus élevés, ces niveaux n'ont pas ou peu augmenté au cours des années 1970, pourtant décennie de forte croissance. De ce fait, la dynamique constatée sur les pays riches au cours du temps semblait contradictoire avec les enseignements tirés de la comparaison instantanée entre pays.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Une partie de l'explication tient à ce qu'Easterlin et la première génération de chercheurs s'intéressant à ces sujets utilisaient majoritairement des données venues des États-Unis et du Japon. Or, le mode de construction de ces données explique une partie de cette contradiction.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Commençons par le cas du Japon. Les premières questions relatives au bien-être remontent à 1958, et reflètent une grande stabilité du bien-être subjectif, alors que le Japon a connu une croissance économique exceptionnelle jusqu'aux années 1980 (voir par exemple <a href="https://ourworldindata.org/app/uploads/2013/05/mean-subjective-well-being-japan-1958-1987-easterlin-in-land-michalos-and-sirgy-ed-2011.png">ce graphique</a> tiré de Easterlin and Angelescu, 2011).{ref}R.A. Easterlin and L. Angelescu – "Modern Economic Growth and Quality of Life: Cross-Sectional and Time Series Evidence" in Land, Michalos, and Sirgy (ed.) (2011) – <em>Handbook of Social Indicators and Quality of Life Research</em>. Springer.{/ref} Si on regarde plus précisément ces données toutefois, il apparaît que les choses sont plus complexes.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Stevenson and Wolfers (2008) ont ainsi montré que la formulation de la question dans l'enquête japonaise a changé au cours du temps.{ref}Stevenson, B. and Wolfers, J. (2008). "Economic growth and subjective well-being: Reassessing the Easterlin Paradox". <em>Brookings Papers on Economic Activity</em>, 1-87. Une version de travail est disponible <a rel="noreferrer noopener" href="https://www.econstor.eu/bitstream/10419/26439/1/577841831.PDF" target="_blank">ici</a>. {/ref} Cela rend difficile, en fait pratiquement impossible, de suivre les évolutions sur l'ensemble de la période. Le graphique ci-dessous représente les réponses à la question relative au bien-être en faisant apparaître les années où la formulation de la question a changé. On voit que sur chaque sous-période où la question reste la même, la relation croissante entre PIB par habitant et satisfaction de vie est croissante, et que c'est un effet de changement de base quand on change la question qui donne l'illusion d'une stabilité.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:heading {"level":6} --> <h6>PIB par habitant et satisfaction de vie suivant les formulation des questions, Japon, 1958-2007 – Stevenson and Wolfers (2008){ref}Graphique tiré de Stevenson B, Wolfers J (2008) - "Economic Growth and Subjective Well-Being: Reassessing the Easterlin Paradox". <em>Brookings Paper Econ Activ</em> 2008 (Spring):1–87. Source des données : Life in Nation surveys, 1958–2007. Remarque des auteurs : "Les séries dans chacun des panneaux restituent les réponses à une question différente relative à la satisdaction de vie, et de ce fait les comparaisons ne peuvent se faire qu'à l'intérieure d'un même panneau. Le PIB par habitant est calculé en dollars 2000 constants ajustés de la parité de pouvoir d'achat."{/ref}</h6> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p></p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:image {"align":"center","id":1573,"linkDestination":"custom"} --> <div class="wp-block-image"><figure class="aligncenter"><a href="https://ourworldindata.org/app/uploads/2013/05/Life-Satisfaction-and-GDP-per-Capita-over-Time-in-Japan-Stevenson-Wolfers.png"><img src="//ourworldindata.org/app/uploads/2013/05/Life-Satisfaction-and-GDP-per-Capita-over-Time-in-Japan-Stevenson-Wolfers.png" alt="" class="wp-image-1573"/></a></figure></div> <!-- /wp:image --> <!-- wp:paragraph --> <p>Dans le cas des États-Unis, l'explication est différente, liée à la structure même de la croissance. En effet, la croissance économique au cours des États-Unis des dernières décennies n'a pas bénéficié à la majorité de la population. Les inégalités de revenu sont exceptionnellement élevées dans ce pays et ont augmenté tout au cours des quarante dernières années, le revenu des ménages médians croissant beaucoup plus lentement que les revenus des 10% les plus riches. De ce fait, la croissance du PIB/habitant ne reflète pas bien dans le cas des États-Unis la croissance, beaucoup plus faible, du niveau de vie de la majorité de la population.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:heading {"level":3} --> <h3>Bien-être et santé</h3> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Espérance de vie et satisfaction de vive</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>La santé constitue un prédicteur important de la satisfaction de vie, qu'on compare les pays entre aux ou au sein de chaque pays. Le graphique suivant illustre la comparaison entre pays. Chaque point représente un pays. L'axe vertical représente l'espérance de vie à la naissance et l'axe horizontal la satisfaction de vie (de 0 à 10, toujours). L'organisation des points autour de la diagonale démontre que la relation entre ces deux grandeurs est forte et positive : les pays où les gens vivent plus longtemps ont une satisfaction de vie moyenne supérieure. La même relation existe avec d'autres métriques de santé, comme la <a href="https://ourworldindata.org/grapher/life-satisfaction-vs-child-mortality">mortalité infantile</a>.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Bien évidemment, de nombreux autres facteurs contribuent à cette relation positive : en général, les pays avec une plus longue espérance de vie sont aussi plus riches (c'est par exemple le cas du Japon par rapport à la France, mais pas des États-Unis). Il est toutefois possible de montrer que la relation persiste après neutralisation des effets de revenu et de démographie, et même l'existence d'une protection sociale développée (voir le <a href="http://worldhappiness.report/">chapitre 2</a> du <em>World Happiness Report</em>).</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:html --> <figure><iframe style="width: 100%; height: 600px; border: 0px none;" src="https://ourworldindata.org/grapher/life-satisfaction-vs-life-expectancy" width="300" height="150"> <p></p></iframe></figure> <!-- /wp:html --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Santé mentale et bien-être</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>La relation positive entre espérance de vie et bien-être subjectif s'étend à la santé mentale. Le graphique ci-dessous mesure l'ampleur de la relation entre la satisfaction de vie et la santé mentale, une fois qu'on neutralise l'effet de la santé physique, du revenu, du diplôme, etc. En d'autres termes, chaque barre mesure la force de la corrélation entre les troubles mentaux (ici mesurés par les épisode de dépression et d'angoisse) et la satisfaction de vie. Ces valeurs sont négatives, indiquant que les personnes diagnostiquées dépressives ou sujettes à des crises d'angoisse déclarent en moyenne des niveaux de satisfaction de vie moins élevés.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>L'ampleur des coefficients, en particulier pour les États-Unis et l'Australie, montrent que la relation est particulièrement forte. Pour ces deux pays, et également pour le Royaume-Uni, <a href="https://ourworldindata.org/grapher/correlation-income-and-life-satisfaction">cette relation est plus forte que celle unissant revenu et bien-être</a>.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Évidemment, la relation entre santé mentale et bien-être fonctionne dans les deux sens : les personnes affectées de troubles mentaux ont des raisons d'être moins heureuses, mais aussi les personnes malheureuses ont très probablement plus de chances de développer des troubles mentaux. L'association entre les deux n'en demeure pas moins un élément fondamental pour qui veut agir sur l'une ou l'autre.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:html --> <figure><iframe style="width: 100%; height: 600px; border: 0px none;" src="https://ourworldindata.org/grapher/correlation-mental-illness-and-life-satisfaction" width="300" height="150"> <p></p></iframe></figure> <!-- /wp:html --> <!-- wp:heading {"level":3} --> <h3>Événements de la vive</h3> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>Comment les grands événements de la vie influent-ils sur le bien-être subjectif ? Les recherches disponibles tendent à montrer un forte tendance des individus à revenir, assez rapidement, à un niveau de bien-être similaire à celui observé avant la survenue de l'événement (mariage, divorce, deuil, etc.).</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Clark <em>et al.</em> (2008) utilisent le Panel socio-économique allemand pour identifier les personnes exposées à un événement important dans leur vie personnelle ou professionnelle{ref}Clark, A. E., Diener, E., Georgellis, Y., & Lucas, R. E. (2008). "Lags and leads in life satisfaction: A test of the baseline hypothesis". <em>The Economic Journal</em>, 118(529).{/ref}. Le graphique ci-dessous résume leurs principaux résultats. Dans chaque panneau, la ligne rouge retrace la trajectoire moyenne du bien-être subjectif quelques années avant et après les différents types d'événements (les segments en noir restituent les intervalles de confiance). Toutes les trajectoires neutralisent les caractéristiques observables des individues, tels leur âge, niveau de diplôme ou revenus.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>On remarque en premier lieu que la plupart de ces événements ne surviennent pas spontanément : les gens se déclarent de moins en moins heureux dans les années précédent un divorce, et inversement se déclarent de plus en plus heureux les années précédent un mariage.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>En second lieu, on remarque que le plus souvent, les personnes s'adaptent à leur nouvelle situation, avec de grandes variations d'un individu à l'autre (les intervalles de confiance s'élargissent après l'événement). Dans le cas d'un divorce, la satisfaction de vie diminue fortement dans un premier temps, puis se redresse nettement et durablement. Le mariage illustre une dynamique inverse. Le fait de tomber au chômage fait exception, avec un impact négatif qui persiste dans la durée.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:image {"align":"center","id":11420,"linkDestination":"custom"} --> <div class="wp-block-image"><figure class="aligncenter"><a href="https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Life-events-on-happiness.png"><img src="https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Life-events-on-happiness-750x525.png" alt="" class="wp-image-11420"/></a></figure></div> <!-- /wp:image --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Handicap et satisfaction de vie</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>Illustration de la résilience humaine aux événements, plusieurs études ont relevé que des personnes lourdement handicapées physiquement (des paraplégiques) ne se disaient pas spécialement plus malheureuses que les personnes valides (voir par exemple Brickman, Coates, and Janoff-Bulman, 1978).{ref}Brickman, P., Coates, D., & Janoff-Bulman, R. (1978). "Lottery winners and accident victims: Is happiness relative?". <em>Journal of personality and social psychology</em>, 36(8), 917. Chicago. Disponible <a rel="noreferrer noopener" href="https://static1.squarespace.com/static/54694fa6e4b0eaec4530f99d/t/54c6fbbae4b057e0ac944d2e/1422326714627/Lottery+winners+and+Accident+Victims.pdf" target="_blank">ici</a>.{/ref} Ce constat a des conséquences très pratique pour la manière d'envisager le bien-être, dans la manière de construire les politiques publiques mais aussi de calculer les dommages et intrérêts en cas d'accident conduisant à un handicap. Toutefois, on compare là deux populations différentes : paraplégiques et valides sont différents dans de nombreuses autres dimensions que leur degré de handicap. Il faut donc considérer des études de panel, où certaines personnes sont touchées par une réduction de leur validité.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>C'est ce que font Oswald and Powdthavee (2008), article dont est issu le graphique ci-dessous.{ref}Oswald, A. J., & Powdthavee, N. (2008). "Does happiness adapt? A longitudinal study of disability with implications for economists and judges". <em>Journal of public economics</em>, 92(5), 1061-1077.{/ref} Il représente la satisfaction de vie d'un groupe de personne ayant subi des accident qui les ont laissés sévèrement handicapés (au sens qu'ils n'ont plus été capables d'accomplir eux-mêmes les activités quotidiennes usuelles). Cette trajectoire est représentée par les moyennes un an avant l'accident (T-1), l'année de l'accident (T) et les deux années suivantes. On voit, et les auteurs le démontrent de manière plus complète par des techniques économétriques, que les personnes qui se retrouvent handicapées subissent une forte réduction de leur satisfaction de vie, mais que celle-ci se redresse en partie à partir de la deuxième année après l'accident.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:heading {"level":6} --> <h6>Satisfaction de vie des personnes devenant sérieusement handicapées, BHPS 1996-2002 – Oswald and Powdthavee (2006)</h6> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:image {"align":"center","id":11322,"linkDestination":"custom"} --> <div class="wp-block-image"><figure class="aligncenter"><a href="https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Disability-and-happiness-Oswald-and-Powdthavee-2006.png"><img src="https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Disability-and-happiness-Oswald-and-Powdthavee-2006-750x455.png" alt="" class="wp-image-11322"/></a></figure></div> <!-- /wp:image --> <!-- wp:paragraph --> <p>Cela implique d'une part que la grande adaptabilité aux éléments communs de la vie se manifeste aussi, mais seulement en partie, pour les événements plus graves. Cette trajectoire indique aussi que l'accompagnement des personnes accidentées doit se concentrer sur l'année de la survenue de l'accident et aussi sur la suivante.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:heading {"level":3} --> <h3>Culture et société</h3> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Culture et satisfaction de vie</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>Les comparaisons entre pays suggèrent que la culture et l'histoire des populations ont une influence profonde sur leur bien-être, indépendamment de leur niveau de richesse ou d'éducation. À titre d'exemple, le graphique ci-dessous montrent que les pays d'Amérique Latine, assez similaires en termes d'histoire et de culture, ont en moyenne une satisfaction de vie plus élevée que des pays de niveau de richesse similaire (situés au même endroit sur l'axe horizontal). L'inverse s'observe lorsqu'on regarde les pays ex-soviétiques.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:image {"align":"center","id":13836,"linkDestination":"custom"} --> <div class="wp-block-image"><figure class="aligncenter"><a href="https://ourworldindata.org/app/uploads/2013/05/continent-version-GDP-pc-vs-Happiness-By-culture.png"><img src="https://ourworldindata.org/app/uploads/2013/05/continent-version-GDP-pc-vs-Happiness-By-culture-750x508.png" alt="" class="wp-image-13836"/></a></figure></div> <!-- /wp:image --> <!-- wp:paragraph --> <p>Plusieurs études académiques, principalement dans le domaine de la psychologie expérimentale, mettent en évidence d'autres phénomènes liant culture et bien-être. Par exemple, Diener and Suh (2002) écrivent :</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:quote --> <blockquote class="wp-block-quote"><p>Les années récentes ont vu l'exploration des impacts des différences entre cultures sur le bien-être, avec le constat qu'il existe des différences profondes dans la définition de ce qui rend les gens heureux. L'estime de soi, par exemple, est moins fortement associée à la satisfaction de vie, et l'extraversion moins fortement associée à des sensations positives, dans les cultures collectivistes qu'ils ne le sont dans les cultures individualistes.{ref}Diener, E., Oishi, S., & Lucas, R. E. (2009). "Subjective well-being: The science of happiness and life satisfaction". <em>Oxford handbook of positive psychology</em>, 2, 187-194.{/ref}</p></blockquote> <!-- /wp:quote --> <!-- wp:paragraph --> <p>À notre connaissance, il existe encore peu d'études décrivant sur une base quantitative les mécanismes liant culture et bonheur. Il semble toutefois intuitif de penser que des facteurs culturels façonnent ce que les gens entendent, individuellement et collectivement, quand ils parlent de bonheur ou de sens de la vie.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Sentiment de liberté et satisfaction de vive</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>Un élément central par lequel l'environnement sociale peut affecter le bonheur est la liberté : le degré de liberté de la société dans la quelle nous vivons détermine crucialement l'univers de possibles pour mener notre vie.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Le graphique ci-dessous montre la relation entre le sentiment subjectif de liberté et la satisfaction de vie, sur la base du <em><a href="http://www.gallup.com/services/170945/world-poll.aspx">Gallup World Poll</a></em>. La variable mesurant la satisfaction de vie est celle que nous avons utilisée tout au long de ce document. Celle mesurant la liberté correspond à la part des personnes dans chaque pays qui est en accord avec l'affirmation "Dans ce pays, je suis satisfait du degré de liberté dont je dispose pour choisir ce que je fais de ma vie".{ref}Pour être précis, le <em>Gallup World Poll</em> demande : "In this country, are you satisfied or dissatisfied with your freedom to choose what you do with your life?"{/ref} La relation est claire et positive : les pays dans lesquels les personnes se sentent plus libres et en contrôle de leur vie ont aussi des niveaux moyens de satisfaction de vie plus élevés. Inglehart <em>et al.</em> (2008) montrent que cette relation persiste lorsqu'on neutralise les facteurs matériels ainsi que des facteurs culturels mesurables, comme le dregré de religiosité des populations.{ref}Inglehart, R., Foa, R., Peterson, C., & Welzel, C. (2008). "Development, freedom, and rising happiness: A global perspective (1981–2007)". <em>Perspectives on psychological science</em>, 3(4), 264-285.{/ref}</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>De manière intéressante, le graphique montre aussi que s'il existe des pays où le sentiment de liberté est élevé et la satisfaction faible (le Rwanda par exemple), il n'existe aucun de pays où le sentiment de liberté serait faible et la satisfaction élevée.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>S'il n'existe pas d'étude démontrant rigoureusement les mécanismes causaux, il semble bien que le sentiment de liberté soit non seulement un déterminant de la satisfaction de vie, mais aussi une condition nécessaire pour l'atteinte d'un certain niveau de satisfaction à l'échelle d'un pays.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:image {"align":"center","id":11661,"linkDestination":"custom"} --> <div class="wp-block-image"><figure class="aligncenter"><a href="https://ourworldindata.org/app/uploads/2013/05/Happiness-vs-Freedom-in-Your-Life.png"><img src="https://ourworldindata.org/app/uploads/2013/05/Happiness-vs-Freedom-in-Your-Life.png" alt="" class="wp-image-11661"/></a></figure></div> <!-- /wp:image --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Influence des médias</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>Plusieurs études ont montré qu'il existe un lien entre exposition à des nouvelles à caractères négatif et humeur. Johnston and Davey (1997) par exemple, ont modifié une courte émission de télévision pour y montrer selon les cas plutôt des contenus négatifs, neutres ou positifs.{ref} Johnston, W. M., & Davey, G. C. (1997). "The psychological impact of negative TV news bulletins: The catastrophizing of personal worries". <em>British Journal of Psychology</em>, 88(1), 85-91. {/ref} Les personnes ayant visionné la version présentant le plus de contenus négatifs étaient plus susceptibles de se dire tristes. Or, les médias ont une préférence marquées pour les événements négatifs (guerres, catastrophes, etc.) et pour une couverture négative des événements en général (voir, par exemple, Combs and Slovic 1979).{ref} Combs, B., & Slovic, P. (1979). "Newspaper coverage of causes of death". <em>Journalism Quarterly</em>, 56(4), 837-849.{/ref} Bien évidemment, l'humeur n'est pas identique à la satisfaction de vie. Cependant, les deux aspects sont intimement liés.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Par ailleurs, notre évaluation du sens de notre vie ainsi que l'appréciation de notre satisfaction sont fortement influencées par l'image que nous avons de l'état du monde et de la société. Cette image est à son tour façonnée très largement pas les médias. Le biais médiatique favorable aux événements négatifs nous conduit donc très probablement à penser que ces événements sont beaucoup plus fréquents et probables qu'ils ne le sont en réalité.{ref}Riddle, 2010, "Always on my mind: Exploring how frequent, recent, and vivid television portrayals are used in the formation of social reality judgments." <em>Media Psychology</em>.{/ref}</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:heading --> <h2>Qualité des données et mesures</h2> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Peut-on réellement mesurer le bonheur ?</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>Demander aux personnes ce qu'elles pensent et ressentent constitue la méthode la plus directe et la plus courante pour mesurer le bien-être subjectif. En pratique, les sciences sociales emploient pour ce faire des questions directes relatives au bonheur ou à la satisfaction de vie. Les premières mesurent plutôt les aspects émotionnels du bien-être ("je me sens heureux"), tandis que les secondes se réfèrent plus à une évaluation raisonnée du bien-être ("je pense que je vis une vis satisfaisante").</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Ces évaluations subjectives du bien-être sont associées avec des manifestations extérieures, comme le sourire ou la gaieté, qui sont également associées à l'idée de bien-être. Dans (ce graphique)[https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Life-Satisfaction-vs-Laugh-Gallup.png] par exemple, on voit que les pays ayant le niveau de satisfaction les plus élevés sont aussi ceux où les personnes sourient le plus souvent. La psychologie expérimentale a également déterminé que l'évaluation du bien-être subjectif était associée avec les parties du cerveau activées par les sensations de plaisir et de satisfaction. Cliniquement, les personnes qui disent être heureuses dorment mieux et expriment plus souvent des émotions positives quand elles parlent.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Le tableau ci-dessous, adapté de Kahneman and Krueger (2006) fournit une liste de variables pour lesquelles des recherches ont démontré une association avec l'évaluation subjective de bien-être.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Corrélats d'une forte satisfaction de vie ou d'un haut niveau de bonheur :</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:list --> <ul><li>Fréquence du sourire</li><li>Sourire du regard (expression des yeux associée au sourire sincère)</li><li>Évaluation pas des amis du niveau de bonheur</li><li>Parler fréquemment d'émotions positives</li><li>Sociabilité et extraversion</li><li>Qualité du sommeil</li><li>Bonheur des proches</li><li>Bon état de santé (évalué subjectivement)</li><li>Revenu élevé, et revenu élevé au sein du groupe de référence</li><li>Participation active à des activités religieuses</li><li>Événements positifs récents</li></ul> <!-- /wp:list --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Quelles différences entre "satisfaction de vie" et "bonheur" ?</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>Dans cette publication, nous nous sommes essentiellement appuyés tantôt sur des évaluations du bonheur, tantôt sur celles relatives à la satisfaction de vie. Si les deux sont des composantes centrales du bien-être, elles de sont pas interchangeables. Typiquement, la <em>World Value Survey</em> comporte une question directe relative au bonheur : "Tout bien considéré, diriez-vous que vous êtes… (i) Très heureux, (ii) Assez heureux, (iii) Pas très heureux, (iv) Pas heureux du tout, (v) Ne sait pas" .{ref}<a href="http://www.worldvaluessurvey.org/WVSDocumentationWV5.jsp">Questionnaire France 2006</a>{/ref} Le <em>Gallup World Pool</em> de son côté utilise l'échelle de 0 à 10 que nous avons décrite précédemment : "Imaginez une échelle avec des barreaux numérotés de zéro en bas à dix en haut. Le barreau du haut représente la meilleure vie possible pour vous, le le barreau du bas la pire vie possible pour vous. Sur quel barreau pensez-vous vous tenir à ce moment de votre vie ?"</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Comme le montre le graphique ci-dessous, les deux mesures sont très liées, mais pas identiques : des pays partageant un même score sur une mesure peuvent avoir des scores très différents dans l'autre. Ces écarts reflètent les deux aspects fondamentaux d'une bien-être : le côté émotionnel d'une part, le côté rationnel et cognitif d'autre part. La distinction entre ces deux côté n'est évidemment pas absolue, et les deux questions se recouvrent sur un certain nombre d'aspects. De ce fait, il est courant de construire des index de bien-être qui sont de simples moyennes de plusieurs questions relatives au bien-être.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:html --> <figure><iframe style="width: 100%; height: 600px; border: 0px none;" src="https://ourworldindata.org/grapher/Happiness-WVS-vs-Gallup" width="300" height="150"> <p></p></iframe></figure> <!-- /wp:html --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Peut-on se fier aux fier aux moyennes de bien-être ?</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>Le plus souvent, les études de bien-être prennent comme point de départ la moyenne des réponses au sein d'une population donnée (pays, région, femmes, diplômés, etc.), comme nous l'avons fait ici pour la plupart des comparaisons entre pays. Quel sens donner à ces moyennes ?</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Les études disponibles nous apprennent que les enquêtes utilisant l'échelle de 0 à 10 (échelle de Cantril) se comportent raisonnablement bien sur ce point : les résultats sont sensiblement les mêmes qu'on demande aux personnes une évaluation numérique (de 0 à 10) ou qu'on leur propose une échelle textuelle (de "très mauvais" à "très bon").{ref}Ferrer‐i‐Carbonell, A., & Frijters, P. (2004). "How important is methodology for the estimates of the determinants of happiness?". <em>The Economic Journal</em>, 114(497), 641-659.{/ref} {ref}Van Praag, B.M.S. (1991). "Ordinal and cardinal utility: an integration of the two dimensions of the welfare concept", <em>Journal of Econometrics</em>, vol. 50, pp. 69–89.{/ref}</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Toutefois, les moyennes de bien-être doivent être employées avec toutes les précautions habituelles dans l'usage d'une moyenne en général. Ainsi, si on regarde le bonheur par génération dans un pays, il peut apparaître que les personnes plus âgées ne sont pas plus heureuses que les personnes plus jeunes. Ce résultat peut toutefois résulter de l'influence contradictoire de deux facteurs : l'effet d'âge (les personnes d'une génération donnée tendent à se dire plus heureuses au fur et à mesure qu'elles vieillissent) et l'effet de cohorte (quel que soit l'âge, les générations récentes sont plus heureuses que les générations plus anciennes). Si l'effet de cohorte est fort, on peut même avoir l'impression que les gens deviennent en moyenne plus malheureux avec l'âge, alors que chaque individu devient plus heureux avec l'âge. Il ne s'agit pas ici d'un exemple théorique : Sutin <em>et al.</em> (2013) ont montré sur des données américaines que les évaluations de bien-être subjectif augmentaient avec l'âge, quelle que soit la génération de naissance, mais que les niveaux moyens de bien-être étaient avant tout déterminés par le lieu de naissance (effet de cohorte).{ref}Sutin, A. R., Terracciano, A., Milaneschi, Y., An, Y., Ferrucci, L., & Zonderman, A. B. (2013). "The effect of birth cohort on well-being The legacy of economic hard times". <em>Psychological science</em>, 0956797612459658.{/ref}</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>La barrière des langues</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>Les différences linguistiques constituent à première vue un obstacle majeur dans les comparaisons de bien-être entre pays. La multiplicité des études suggère toutefois que le problème est moins important qu'il n'y paraît.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Sur le plan de ce qui est mesuré, des entretiens au cours desquels les participants utilisaient des photos ou des vidéos pour évaluer l'état émotionnel des personnes (il devaient dire si la personne représentée était heureuse ou malheureuse) ont démontré que nous étions capables d'identifier cet état même chez des personnes culturellement éloignées de nous. Voir par exemple Sandvik <em>et al.</em>, 1993 ou Diener et Lucas, 1999.{ref}Sandvik, E., Diener, E. and Seidlitz, L. (1993). "Subjective well-being: the convergence and stability of self and non self report measures", <em>Journal of Personality</em>, vol. 61, pp. 317–42. Diener, E. and Lucas, R.E. (1999). "Personality and subjective well-being", in Kahneman <em>et al.</em> (1999) chapter 11.{/ref}</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Les études ont également montré que les "émotions indigènes" (<em>indigeneous emotions</em>), pour lesquelles il n'existe pas d'équivalent dans une autre langue, ne sont pas ressenties plus fréquemment ou différemment des émotions pour lesquelles il existe un équivalent établi dans les autres langues (Scollon <em>et al.</em> 2005).{ref}Scollon, C. N., Diener, E., Oishi, S., & Biswas-Diener, R. (2004). "Emotions across cultures and methods". <em>Journal of cross-cultural psychology</em>, 35(3), 304-326.{/ref}</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Il semble donc exister un socle commun universel sur ce que les humain désignent pas "être heureux". De ce fait, les résultats d'enquêtes fournissent une information pertinente, bien que bruitée, pouvant servir de bases aux comparaisons entres groupes et entre pays.</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:heading {"level":3} --> <h3>Sources de données</h3> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Comparaisons entre pays</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>World Happiness Report</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:list --> <ul><li><strong>Données :</strong>Moyennes payr pays de la satisfaction de vie (échelle de Cantril).</li><li><strong>Source : </strong>Gallup World Poll</li><li><strong>Profondeur :</strong> 2005-2022</li><li><strong>Lien :</strong> <a rel="noopener noreferrer" href="http://worldhappiness.report/" target="_blank">World Happiness Report</a></li></ul> <!-- /wp:list --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Commission Européenne – Eurobarometre Interactif</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:list --> <ul><li><strong>Données :</strong>Satisfaction de vie (Question : <em>"On the whole are you very satisfied, fairly satisfied, not very satisfied or not at all satisfied with the life you lead ?"</em>)</li><li><strong>Périmètre géographique :</strong>pays de l'Union</li><li><strong>Profondeur :</strong> 1973 - 2015</li><li><strong>Lien :</strong> <a href="http://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/index.cfm/Chart/index" target="_blank" rel="noopener noreferrer">http://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/index.cfm/Chart/index</a></li></ul> <!-- /wp:list --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>The World Value Survey (WVS)</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:list --> <ul><li><strong> Données : </strong>Bonheur et satisfaction de vie, ainsi que de nombreuses autres caractéristiques sociales et culturelles. Les données individuelles sont également accessibles publiquement.</li><li><strong>Périmètre géographique : </strong>Une centaine de sociétés, représentant pratiquement 90% de la population mondiale, mais tous certains pays sont absent de certains vagues de l'enquête.</li><li><strong>Profondeur : </strong>Par vagues, de 1981 à 2014</li><li><strong>Lien :</strong> <a href="http://www.worldvaluessurvey.org/WVSDocumentationWVL.jsp">http://www.worldvaluessurvey.org/WVSDocumentationWVL.jsp</a></li></ul> <!-- /wp:list --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Pew Global Attitudes Survey</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:list --> <ul><li><strong>Données : </strong> Satisfaction de vie (échelle de Cantril). Les tableau par pays donnent la distribution complète par score, permettant la construction d'histogrammes.</li><li><strong>Périmètre géographique :</strong> 38,000 répondants dans 44 pays</li><li><strong>Profondeur : </strong>Par vagues, à partir de 2002</li><li><strong>Lien :</strong> <a href="http://www.pewglobal.org/question-search/?qid=365&cntIDs=&stdIDs=" target="_blank" rel="noopener noreferrer">www.pewglobal.org</a></li></ul> <!-- /wp:list --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Sources spécifiques à un pays donné, en accès libre</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>US General Social Survey</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:list --> <ul><li><strong>Données :</strong>Séries temporelles sur le bonheur ainsi que sur un grand nombre d'autres caractéristiques sociales et culturelles. (Question: <em>"Taken all together, how would you say things are these days--would you say that you are very happy, pretty happy, or not too happy?"</em>)</li><li><strong>Périmètre géographique : </strong>États-Unis</li><li><strong>Profondeur : </strong>Enquêtes annuelles depuis 1972</li><li><strong>Lien :</strong> <a href="https://gssdataexplorer.norc.org">https://gssdataexplorer.norc.org</a></li></ul> <!-- /wp:list --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>British Office for National Statistics</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:list --> <ul><li><strong>Données : </strong>Évaluations subjectives du bien-être (satisfaction, sens de la vie, bonheur, angoisse), par âge, niveau de handicap, statut marital, ethnie, religion, sexe biologique et orientation sexuelle, utilisant l'enquête <em>Annual Population Survey</em>.</li><li><strong>Périmètre géographique :</strong>Royaume-Uni et états associés</li><li><strong>Profondeur :</strong>Par groupes (en 2017, le groupe 2013-2015 a été publié)</li><li><strong>Lien :</strong> <a href="https://gssdataexplorer.norc.org">https://gssdataexplorer.norc.org</a></li></ul> <!-- /wp:list --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Germany – Deutsche Post Glücksatlas</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:list --> <ul><li><strong>Données : </strong>Moyennes de satisfaction de vie au niveau régional</li><li><strong>Périmètre géographique : </strong>Allemagne</li><li><strong>Profondeur : </strong>Groupé (2012-2016 ou plus récent)</li><li><strong>Lien :</strong> <a href="http://www.gluecksatlas.de/" target="_blank" rel="noopener noreferrer">http://www.gluecksatlas.de/</a></li></ul> <!-- /wp:list --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Sources spécifiques à un pays donné, en accès restreint</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:list --> <ul><li><a href="http://www.eui.eu/Research/Library/ResearchGuides/Economics/Statistics/DataPortal/GSOEP.aspx" target="_blank" rel="noopener noreferrer">German socio-economic panel</a> (SOEP)</li><li><a href="https://www.iser.essex.ac.uk/bhps/acquiring-the-data" target="_blank" rel="noopener noreferrer">British Household Panel Survey</a> (BHPS)</li><li><a href="https://www.dss.gov.au/our-responsibilities/families-and-children/programmes-services/the-household-income-and-labour-dynamics-in-australia-hilda-survey" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Household, Income and Labour Dynamics in Australia survey</a> (HILDA)</li></ul> <!-- /wp:list --> <!-- wp:heading {"level":4} --> <h4>Archives de données et dépôts</h4> <!-- /wp:heading --> <!-- wp:paragraph --> <p>La <em>World Database of Happiness</em>, hébergée par l'<em>Erasmus University Rotterdam</em> <a href="http://www1.eur.nl/fsw/happiness/trendnat/framepage.htm">ici</a>, fournit un riche ensemble de données et de résultats concernant le bien-être. Elle est décrite par ses auteurs comme "une archive des résultats de recherche concernant l'évaluation subjective du bonheur d'être en vie".</p> <!-- /wp:paragraph --> <!-- wp:paragraph --> <p>Cette archive regroupe des mesures d'inégalité de bien-être ainsi que des séries temporelle pour un large éventail de pays. On y trouve également des études liant le bien-être à pratiquement tous les déterminants imaginables. Elle fournit aussi une liste d'outils (apps) vous permettant d'enregistrer votre état de bien-être et de le comparer à celui d'autres personnes, et de suivre son évolution dans le temps.</p> <!-- /wp:paragraph --> | { "id": "wp-15123", "slug": "bonheur-et-satisfaction", "content": { "toc": [], "body": [ { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "Adaptation fran\u00e7aise : Mathieu Perona", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Cette page est une adaptation de ", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "url": "https://ourworldindata.org/happiness-and-life-satisfaction/", "children": [ { "text": "Happiness and Life Satisfaction", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": ", par Esteban Ortiz-Ospina et Max Roser, ", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "Our World in Data", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": " dans sa r\u00e9vision de Mai 2017.\n", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Adaptation par Mathieu Perona pour le compte de l'", "spanType": "span-simple-text" }, { "url": "http://www.cepremap.fr/observatoire-bien-etre/", "children": [ { "text": "Observatoire du Bien-\u00eatre du CEPREMAP", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" }, { "text": ".", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Les gens sont-ils heureux aujourd'hui ? L'\u00e9taient-ils plus dans le pass\u00e9 ? Comment les personnes \u00e9valuent-elles leurs conditions de vie dans des soci\u00e9t\u00e9s diff\u00e9rentes ? Et comment nos propres conditions de vie affectent-elles notre sensation de bonheur ou de satisfaction \u00e0 l'\u00e9gard de notre vie pr\u00e9sente ? Pour complexes qu'elles soient, ces questions nous touchent personnellement, et elles constitue un domaine central de recherches pour les sciences sociales, y compris pour la science \u00e9conomique la plus classique (", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "mainstream", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ").", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Les travaux de la ", "spanType": "span-simple-text" }, { "url": "http://ec.europa.eu/eurostat/documents/8131721/8131772/Stiglitz-Sen-Fitoussi-Commission-report.pdf", "children": [ { "text": "Commission Stiglitz", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" }, { "text": " ont port\u00e9 \u00e0 l'attention publique les recherches d\u00e9j\u00e0 anciennes visant \u00e0 compl\u00e9ter les m\u00e9triques habituelles de prosp\u00e9rit\u00e9 \u00e9conomique, comme le PIB par habitant, par des mesures du bien-\u00eatre subjectif des personnes. Mais comment mesure le bien-\u00eatre ? Est-il possible de comparer le bien-\u00eatre entre personnes vivant des des \u00e9poques, soci\u00e9t\u00e9s ou conditions diff\u00e9rentes ? Peut-on en tirer des indices qui nous indiqueraient ce qui fait que des personnes s'estiment heureuses ?", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Cette page pr\u00e9sente les donn\u00e9es et les \u00e9l\u00e9ments de preuve disponibles pour \u00e9clairer ces questions. Nous traiterons en particulier des enqu\u00eates sur le bien-\u00eatre subjectif, c'est-\u00e0-dire tel que d\u00e9clar\u00e9 par les personnes, ainsi que leur \u00e9valuation quant \u00e0 leur satisfaction de vie.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Nous en tirons les enseignements-clefs suivants :", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "numbered-list", "items": [ { "type": "text", "value": [ { "text": "Nous disposons aujourd'hui d'un cadre m\u00e9thodologique faisant des questions directes sur le bonheur ou la satisfaction de vie un instrument de mesure satisfaisant du bien-\u00eatre subjectif.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "La satisfaction de vie et le bonheur varient \u00e9norm\u00e9ment, que ce soit \u00e0 l'int\u00e9rieur d'un m\u00eame pays ou entre pays. Au premier regard, les enqu\u00eates d\u00e9montrent une tr\u00e8s grande dispersion des \u00e9valuations.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Les personnes ais\u00e9es ont en moyenne une \u00e9valuation plus positive de leur bonheur subjectif que n'en ont les personnes pauvres. Les pays plus riches ont en moyenne un niveau de bonheur subjectif plus \u00e9lev\u00e9, et dans le temps, les pays ayant connu une croissance \u00e9conomique durable ont vu leur niveau de bonheur augmenter. Ces s\u00e9ries sugg\u00e8rent que, tant au niveau individuel qu'au niveau du pays, le revenu et le bonheur subjectif \u00e9voluent dans la m\u00eame direction (sans que cela signifie que l'argent fasse le bonheur, les relations entre ces deux \u00e9l\u00e9ments sont, on va le voir, complexes).", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Les grands \u00e9v\u00e9nements de la vie (mariage, enfants, divorce) affectent le bonheur subjectif, mais ont des effets de long terme \u00e9tonnamment courts. Ce constat sugg\u00e8re que les personnes tendent \u00e0 s'adapter assez rapidement aux changements non catastrophiques dans leurs conditions de vie.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] } ], "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Approche empirique", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 2, "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Comparaisons entre pays", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 3, "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Le bonheur dans le monde, pays par pays", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Le ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "url": "http://worldhappiness.report/", "children": [ { "text": "World Happiness Report", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " constitue une des principales sources de comparaison du bonheur entre pays. R\u00e9dig\u00e9 par un groupe d'experts ind\u00e9pendants au sein du ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "Sustainable Development Solutions Network", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " mis en place par les Nations Unies, ce rapport annuel se fonde largement sur le ", "spanType": "span-simple-text" }, { "url": "http://analytics.gallup.com/213704/world-poll.aspx", "children": [ { "text": "panel mondial de l'institut Gallup", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" }, { "text": ". Ce dernier r\u00e9alise des enqu\u00eates aupr\u00e8s d'\u00e9chantillons repr\u00e9sentatifs dans plus de 160 pays et en 140 langues, sur la base de questions uniformis\u00e9es. La principale question pos\u00e9e est ainsi : \"Imaginez une \u00e9chelle avec des barreaux num\u00e9rot\u00e9s de z\u00e9ro en bas \u00e0 dix en haut. Le barreau du haut repr\u00e9sente la meilleure vie possible pour vous, le le barreau du bas la pire vie possible pour vous. Sur quel barreau pensez-vous vous tenir \u00e0 ce moment de votre vie ?\". Connue sous le nom d'\u00e9chelle de Cantril, cette \u00e9valuation du bien-\u00eatre, ainsi que la formulation pr\u00e9cise de la question, constitue un standard commun pour les recherches sur le bien-\u00eatre subjectif.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "La carte ci-dessous repr\u00e9sente la moyenne des r\u00e9ponses des enqu\u00eat\u00e9s \u00e0 cette question. Comme pour l'\u00e9chelle, les valeurs dans la carte sont cod\u00e9es de z\u00e9ro \u00e0 dix. La carte est interactive, vous pouvez cliquer sur chaque pays pour visualiser l'\u00e9volution dans le temps de la satisfaction de vie pour ce pays.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Les diff\u00e9rences entre pays sont flagrantes. Selon les donn\u00e9es les plus r\u00e9centes, les pays europ\u00e9ens sont en t\u00eate du classement ; la Finlande, le Danemark, l'Islande, la Suisse et les Pays-Bas ayant tous des moyennes sup\u00e9rieures \u00e0 7. La m\u00eame ann\u00e9e, les moyennes les plus faibles \u00e9taient enregistr\u00e9es sur le continent africain et au Moyen-Orient : en Afghanistan, au Liban, au Zimbabwe, au Rwanda et au Botswana (moyennes inf\u00e9rieures \u00e0 3,5).", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Il est \u00e9vident sur cette carte que la satisfaction de vie est li\u00e9e \u00e0 des mesures objectives des conditions de vie : les pays les plus riches et en meilleure sant\u00e9 affichent des scores moyens de satisfaction de vie plus \u00e9lev\u00e9s. Nous y reviendrons.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "url": "https://ourworldindata.org/grapher/happiness-cantril-ladder", "type": "chart", "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "\u00c9volutions dans le temps : les enseignements de la ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "World Values Survey", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "La ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "url": "http://www.worldvaluessurvey.org/WVSDocumentationWV6.jsp", "children": [ { "text": "World Values Survey", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " fournit \u00e9galement des mesures de bien-\u00eatre subjectif dans diff\u00e9rents pays. Elle constitue une source essentielle pour les comparaisons dans le temps car elle couvre depuis plus longtemps que le panel Gallup des pays non-europ\u00e9ens. Plus pr\u00e9cis\u00e9ment, elle collecte des donn\u00e9es \u00e0 partir d'un \u00e9chantillon d'enqu\u00eates nationales couvrant presque 100 pays, avec les enqu\u00eates les plus anciennes datant de 1981. Dans ces enqu\u00eates, on demande en particulier aux personnes : \"Tout bien consid\u00e9r\u00e9, diriez-vous que vous \u00eates\u2026 (i) Tr\u00e8s heureux, (ii) Assez heureux, (iii) Pas tr\u00e8s heureux, (iv) Pas heureux du tout, (v) Ne sait pas\". Les courbes ci-dessous repr\u00e9sentent pour chaque pays la part des personnes qui se disent ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "tr\u00e8s heureuses", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " ou ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "assez heureuses", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ".", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Dans la plupart des pays, cette part augmente avec le temps. Dans 49 des 69 pays o\u00f9 au moins deux enqu\u00eates ont \u00e9t\u00e9 conduites, ", "spanType": "span-simple-text" }, { "url": "https://ourworldindata.org/grapher/share-who-say-happy-wvs-first-to-last", "children": [ { "text": "l'observation la plus r\u00e9cente est plus \u00e9lev\u00e9e que la plus ancienne", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" }, { "text": ". Dans certains cas, l'am\u00e9lioration est spectaculaire. Au Zimbabwe, la part des personnes s'estimant ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "tr\u00e8s heureuses", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " ou ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "assez heureuses", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " est pass\u00e9e de 56,4% en 2004 \u00e0 82,1% en 2014.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "url": "https://ourworldindata.org/grapher/share-of-people-who-say-they-are-happy", "type": "chart", "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "\u00c9volution dans le temps : les enseignements de l'Eurobarom\u00e8tre", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "L'", "spanType": "span-simple-text" }, { "url": "http://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/index.cfm/General/index/general/doChangeLocale/locale/fr/curEvent/General.index/", "children": [ { "text": "Eurobarom\u00e8tre", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" }, { "text": ", sous l'\u00e9gide de la Commission europ\u00e9enne, collecte depuis 1974 des donn\u00e9es sur la satisfaction de vie au sein d'enqu\u00eates d'opinion larges. Pour certains pays, ces enqu\u00eates ont \u00e9t\u00e9 men\u00e9es annuellement depuis plus de 40 ans. Le graphique ci-dessous montre, comme pr\u00e9c\u00e9demment, la part des personnes se disant ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "tr\u00e8s satisfaites", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " ou ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "assez satisfaites", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " de leurs conditions de vie courantes.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "La plus grande fr\u00e9quence et la meilleure profondeur permettent de mettre en \u00e9vidence deux points importants. Premi\u00e8rement, les \u00e9valuations de satisfaction de vie fluctuent autour d'une tendance. En France, cette tendance sur 1974 - 2016 est positive, mais avec des hauts et des bas assez marqu\u00e9s. Deuxi\u00e8mement, la tendance a \u00e9t\u00e9 positive pour la plupart des pays europ\u00e9ens. En r\u00e8gle g\u00e9n\u00e9rale, la part des personnes qui s'estiment satisfaites de leur vie a augment\u00e9 sur la dur\u00e9e de l'enqu\u00eate{ref}Pour \u00eatre pr\u00e9cis, dans 27 cas sur les 31 pour lesquels on dispose de plus de dix ans de donn\u00e9es, le point le plus r\u00e9cent est sup\u00e9rieur au premier point.{/ref}. La Gr\u00e8ce est une exception notable. Si vous l'ajoutez au graphique, vous constaterez qu'en 2007, 67% des Grecs se disaient satisfait de leur vie. Cinq ans apr\u00e8s, la crise a fait tomber cette part \u00e0 32,4%, et les am\u00e9liorations r\u00e9centes n'ont pas permis de retrouver le niveau d'avant la crise. C'est un cas unique, dans la mesure o\u00f9 le Portugal, qui avait atteint le m\u00eame point bas en 2011, est revenu aujourd'hui \u00e0 ses niveau d'avant-crise, et que la baisse pour l'Espagne ou l'Italie a \u00e9t\u00e9 nettement moins prononc\u00e9e.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "url": "https://ourworldindata.org/grapher/share-of-people-who-say-they-are-happy-Eurobarometer?country=FRA+GBR+GRC+PRT+ESP+ITA+IRL", "type": "chart", "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Au-del\u00e0 des moyennes : la distribution des \u00e9valuations de satisfaction de vie", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "La plupart des \u00e9tudes comparatives entre pays consid\u00e8rent essentiellement les moyennes, comme nous l'avons fait jusqu'ici. Toutefois, la distribution des r\u00e9ponses est au moins aussi importante que la moyenne. Illustrons ci-dessous la mani\u00e8re dont les enqu\u00eat\u00e9s ont r\u00e9pondu aux questions en repr\u00e9sentant la part des r\u00e9pondant pour chacune des modalit\u00e9s de 0 \u00e0 10. Chaque couleurs renvoie \u00e0 une r\u00e9gion du monde, et pour chaque r\u00e9gion, la distribution mondiale est repr\u00e9sent\u00e9e par les traits horizontaux.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Ces graphiques montrent qu'en Afrique sub-saharienne, la r\u00e9gion pr\u00e9sentant les moyennes les plus faibles, l'ensemble de la distribution est d\u00e9cal\u00e9e vers la gauche par rapport \u00e0 celle de l'Europe. Cela signifie que quel quoi soit le seuil que utilis\u00e9 pour d\u00e9finir la part des personnes heureuses (au sens o\u00f9 une personne est dite heureuse si sa r\u00e9ponse est sup\u00e9rieur \u00e0 une valeur donn\u00e9e, 5 ou 7 sur l'\u00e9chelle par exemple), cette part sera toujours sup\u00e9rieure en Europe qu'en Afrique sub-saharienne. Le m\u00eame ph\u00e9nom\u00e8ne existe si on compare par exemple l'Am\u00e9rique du Nord avec l'Asie du Sud.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Un autre point int\u00e9ressant est que la distribution des r\u00e9ponses en Am\u00e9rique latine (y. c. les Cara\u00efbes) montre un fort taux de r\u00e9ponses \u00e9lev\u00e9es, l'ensemble de la distribution \u00e9tant nettement \u00e0 droite de pays au niveau de vie comparable, par exemple ceux de l'Europe centrale et orientale. Il s'agit l\u00e0 de l'indice d'un ph\u00e9nom\u00e8ne plus profond : les pays d'Am\u00e9rique latine ont des niveaux de bien-\u00eatre subjectifs sup\u00e9rieur \u00e0 celui des autres pays de m\u00eame niveau de d\u00e9veloppement. Cela illustre l'importance de l'environnement social, la culture et l'histoire dans l'\u00e9valuation de la satisfaction de vie (nous y reviendrons).", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "alt": "", "size": "wide", "type": "image", "filename": "The-distribution-of-life-satisfaction.png", "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Si vous souhaitez aller plus loin, la \"", "spanType": "span-simple-text" }, { "url": "http://www.pewglobal.org/question-search/?qid=365&cntIDs=&stdIDs=", "children": [ { "text": "Pew Global Attitudes Survey", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" }, { "text": "\" fournit des donn\u00e9es de distribution sur une quarantaire de pays.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Opinions et illusions sur le bonheur des autres", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Il existe une tendance g\u00e9n\u00e9rale \u00e0 sous-estimer le bonheur des personnes qui nous entourent. Le graphique ci-dessous le montre de mani\u00e8re spectaculaire, en utilisant des donn\u00e9es de l'institut IPSOS, ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "url": "http://perils.ipsos.com/", "children": [ { "text": "Perils of Perception", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ", qui a demand\u00e9 aux enqu\u00eat\u00e9s de deviner ce que les autres personnes de leur pays avaient r\u00e9pondu aux questions de la ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "World Value Survey", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ".", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Dans ce graphique, l'axe horizontal repr\u00e9sente la part r\u00e9elle des personnes s'estimant ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "tr\u00e8s heureuses", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " ou ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "assez heureuses", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " dans la ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "World Value Survey", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ". L'axe vertical repr\u00e9sente la r\u00e9ponse moyenne \u00e0 l'\u00e9valuation de cette valeur dans l'enqu\u00eate IPSOS (c'est-\u00e0-dire la r\u00e9ponse \u00e0 \"Selon vous, quelle part des personnes de votre pays s'estiment tr\u00e8s ou assez heureuses ?\"). Si les estimations \u00e9taient correctes, tous les points seraient sur ou tr\u00e8s proches de la diagonale. Or, nous voyons qu'ils sont mass\u00e9s vers le cadrant sud-est du graphique : partout, les r\u00e9pondants \u00e0 IPSOS ont sous-estim\u00e9 le niveau moyen de bonheur de leurs concitoyens, parfois dans des proportions importantes. Ainsi, en Cor\u00e9e du Sud, les r\u00e9pondants pensent en moyenne que 24% des Cor\u00e9ens du sud se disent heureux, alors qu'ils ont en fait 90% \u00e0 le faire. M\u00eame dans les pays les plus proches de la diagonale (le Canada et la Norv\u00e8ge), les gens pensent que 60% de leurs concitoyens se d\u00e9clarent heureux, alors que le taux de bonheur r\u00e9ellement d\u00e9clar\u00e9 le plus faible (celui de la Hongrie), est \u00e0 69%.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "alt": "", "size": "wide", "type": "image", "filename": "Happiness-of-others.png", "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Comment expliquer que tout le monde ait une repr\u00e9sentation aussi fausse et n\u00e9gative du bonheur ressenti par les autres ?", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Une possibilit\u00e9 est que les personnes directement interrog\u00e9es surestiment leur bonheur subjectif. L'\u00e9valuation du bonheur des autres serait alors l'indicateur correct de la v\u00e9ritable satisfaction de vie (mais pas de la satisfaction de vie ressentie). Toutefois, cela ne serait vrai que si les personnes qui sur-estiment leur propre bien-\u00eatre supposent dans le m\u00eame temps que tout les autres ne font pas de m\u00eame.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Alternativement, il a \u00e9t\u00e9 d\u00e9montr\u00e9 (voir ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "infra", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ") que l'\u00e9valuation de notre niveau de bonheur par nos amis correspond assez bien \u00e0 notre propre \u00e9valuation, et que la plupart des personnes sont capables d'\u00e9valuer les \u00e9motions d'une personne sur la simple base de l'expression de son visage. De ce fait, une explication plus probable est que les gens tendent \u00e0 avoir une \u00e9valuation assez positive d'eux-m\u00eames, mais plus n\u00e9gative quand il s'agit de personnes qu'ils ne connaissent pas.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Il a \u00e9t\u00e9 observ\u00e9 dans d'autres contextes, (et en France ce ph\u00e9nom\u00e8ne est particuli\u00e8rement fort), que les personnes peuvent \u00eatre en m\u00eame temps tr\u00e8s optimistes quant \u00e0 leur futur personnel, et tr\u00e8s pessimistes quant \u00e0 l'avenir de leur pays ou du monde.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "\u00c0 l'int\u00e9rieur de chaque pays", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 3, "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "In\u00e9galit\u00e9s de satisfaction de vie entre Allemagne de l'Ouest et Allemagne de l'Est", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Les moyennes nationales telles que nous les avons explor\u00e9es jusqu'ici masquent g\u00e9n\u00e9ralement des in\u00e9galit\u00e9s marqu\u00e9es \u00e0 l'int\u00e9rieur de chaque pays. Illustrons ce ph\u00e9nom\u00e8ne avec l'Allemagne (carte ci-dessous).", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Cette carte repr\u00e9sente la moyenne par Lander{ref}Dans certains cas, les donn\u00e9es sous-jacentes pr\u00e9sentent plusieurs moyennes pour un m\u00eame territoire (p. ex. le Bade et le W\u00fcrttemberg \u00e9taient trait\u00e9s comme deux entit\u00e9s diff\u00e9rentes). Dans ces cas, la carte restitue la moyenne des deux observations. D\u00e9tails disponibles dans ", "spanType": "span-simple-text" }, { "url": "https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Germany-happiness-data.xlsx", "children": [ { "text": "ce fichier", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" }, { "text": "{/ref} de la satisfaction de vie subjective (toujours \u00e9valu\u00e9e de 0 \u00e0 10). L'ancienne fronti\u00e8re entre Allemagne de l'Est et Allemagne de l'Ouest appara\u00eet clairement, tout aussi clairement que dans les scores du parti d'extr\u00eame-droite ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "Alternativ f\u00fcr Deutschland", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " aux \u00e9lections de 2017.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Plusieurs \u00e9tudes acad\u00e9miques se sont pench\u00e9es sur ce \"gap de bonheur\" en Allemagne en utilisant des enqu\u00eates plus pr\u00e9cises, par exemple le panel socio-\u00e9conomique allemand (par exemple Petrunyk and Pfeifer 2016.{ref}Petrunyk, I., & Pfeifer, C. (2016). \"Life satisfaction in Germany after reunification: Additional insights on the pattern of convergence\". ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "Jahrb\u00fccher f\u00fcr National\u00f6konomie und Statistik", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ", 236(2), 217-239.{/ref}", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": " Ces \u00e9tudes fournissent deux enseignements-clefs :", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "numbered-list", "items": [ { "type": "text", "value": [ { "text": "D'abord, l'\u00e9cart s'est resserr\u00e9 au cours des ann\u00e9es r\u00e9centes, qu'il s'agisse des moyennes brutes ou des moyennes en comparant des personnes de m\u00eame milieu social et professionnel.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Les \u00e9carts de revenu et de taux de ch\u00f4mage contribuent de mani\u00e8re tr\u00e8s importante \u00e0 expliquer les \u00e9carts de satisfaction de vie. Cependant, m\u00eame apr\u00e8s neutralisation de ces diff\u00e9rences, l'\u00e9cart entre Est et Ouest persiste.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Ce dernier fait, que les d\u00e9terminants socio-\u00e9conomiques n'\u00e9puisent pas ce type de contraste, est un ph\u00e9nom\u00e8ne que l'on rencontre fr\u00e9quemment : la culture et l'histoire des populations constitue un \u00e9l\u00e9ment explicatif important. En particulier, les pays ex-sovi\u00e9tiques ont souvent des niveaux e bonheur subjectif plus faible que des pays \u00e0 des niveaux de vie comparables.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "alt": "", "size": "wide", "type": "image", "filename": "Germany-happiness-Gluecksatlas.png", "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "In\u00e9galit\u00e9s de bonheur dans les pays riches", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "La ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "General Social Survey", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " aux \u00c9tats-Unis couvre chaque ann\u00e9e un \u00e9chantillon de 1500 r\u00e9pondants, depuis 1972, et constitue une source fondamentale pour comprendre les \u00e9volutions de long terme dans ce pays.{ref}La GSS pose une question tr\u00e8s similaire \u00e0 celle de la ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "World Value Survey", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " : \u201cTaken all together, how would you say things are these days\u2014would you say that you are very happy, pretty happy, or not too happy?\u201d{/ref} Sur la base de cette enqu\u00eate, Stevenson and Wolfers (2008) montrent que si la moyenne am\u00e9ricaine est rest\u00e9e globalement stable, les in\u00e9galit\u00e9s dans le bien-\u00eatre subjectif ont significativement ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "diminu\u00e9", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " durant les derni\u00e8res d\u00e9cennies.{ref}Stevenson, Betsey, and Justin Wolfers. \"Happiness inequality in the United States.\" ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "The Journal of Legal Studies", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " 37.S2 (2008): S33-S79. Une version de travail est en acc\u00e8s libre ", "spanType": "span-simple-text" }, { "url": "https://www.econstor.eu/bitstream/10419/35143/1/576953326.pdf", "children": [ { "text": "ici", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" }, { "text": ".{/ref} Cette r\u00e9duction s'observe pour plusieurs d\u00e9finitions de l'in\u00e9galit\u00e9, qu'il s'agisse de la dispersion des r\u00e9ponses (une soci\u00e9t\u00e9 est d'autant plus in\u00e9gale que les r\u00e9ponses sont polaris\u00e9es vers les extr\u00eames) ou qu'il s'agisse des \u00e9carts entre groupes de population. Sur la p\u00e9riode de leur \u00e9tude, les deux tiers de l'\u00e9cart entre Am\u00e9ricains blancs et Africains-Am\u00e9ricains a disparu (m\u00eame si les premiers restent en moyenne plus heureux, m\u00eame apr\u00e8s neutralisation des \u00e9carts de dipl\u00f4me et de revenu), et l'\u00e9cart entre hommes et femmes (les femmes tendaient \u00e0 \u00eatre en moyenne un peu plus heureuses) a disparu.{ref}Ces r\u00e9sultats ont fait l'objet d'une discussions, dont on trouvera un bon r\u00e9sum\u00e9 (en anglais) sur le blog Freakonomics, ", "spanType": "span-simple-text" }, { "url": "http://freakonomics.com/2007/10/01/why-are-women-so-unhappy/", "children": [ { "text": "gender gaps", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" }, { "text": ".{/ref}", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Ces r\u00e9sultats corroborent ceux d'autres \u00e9tudes qui aboutissent aussi au constat d'une diminution des in\u00e9galit\u00e9s dans l'\u00e9valuation du bonheur (et de la satisfaction de vie). Les chercheurs ont en particulier not\u00e9 un lien positif entre croissance \u00e9conomique et r\u00e9duction de ces in\u00e9galit\u00e9s, m\u00eame dans les cas o\u00f9 la croissance \u00e9conomique s'est accompagn\u00e9e d'une augmentation des in\u00e9galit\u00e9s de revenu. Le graphique ci-dessous, issu de Clark, Fleche et Senik (2015) l'illustre sur un panel de pays d\u00e9velopp\u00e9s.{ref}Clark, Andrew E., Sarah Fl\u00e8che, and Claudia Senik. \"Economic growth evens out happiness: Evidence from six surveys.\" ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "Review of Income and Wealth", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " (2015). Une version de travail est disponible ", "spanType": "span-simple-text" }, { "url": "http://eprints.lse.ac.uk/60530/1/dp1306.pdf", "children": [ { "text": "ici", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" }, { "text": "{/ref}", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Dans ce graphique, l'in\u00e9galit\u00e9 est mesur\u00e9e par la dispersion des r\u00e9ponses (l'\u00e9cart-type pour \u00eatre pr\u00e9cis) \u00e0 la ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "World Value Survey", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ". La tendance \u00e0 la baisse de l'in\u00e9galit\u00e9 est patente, et dans leur article les auteurs montrent que l'inverse est vrai (les in\u00e9galit\u00e9s de bien-\u00eatre s'accentuent) dans les pays en r\u00e9cession.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "url": "https://ourworldindata.org/grapher/evolution-of-happiness-inequality-within-countries-during-periods-of-uninterrupted-economic-growth", "type": "chart", "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Comment expliquer que les in\u00e9galit\u00e9s de bien-\u00eatre diminuent alors que les in\u00e9galit\u00e9s de revenu augmentent ? Pour les auteurs, une partie de la r\u00e9ponse tient dans le fait que la croissance \u00e9conomique permet de financer les services publics et autres biens publics, ce qui resserre la distribution de bien-\u00eatre. Cela est ind\u00e9pendant des in\u00e9galit\u00e9s de revenu dans la mesure o\u00f9 certains biens publics, comme un syst\u00e8me de sant\u00e9 publiques, affectent les revenus et le bien-\u00eatre de mani\u00e8re diff\u00e9rente.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Une autre explication, plus sociologique, est que la croissance \u00e9conomique dans ces pays s'est traduite par une soci\u00e9t\u00e9 plus diversifi\u00e9e dans ses modes d'expression culturelle, avec une meilleure acceptations de certains comportements ou modes de vie. Cela a permis la convergence vers la moyenne de groupes stigmatis\u00e9s pour leur origine, leur sexualit\u00e9 ou leur apparence, au moment m\u00eame o\u00f9 les revenus, les go\u00fbts et les modes de consommations devenaient plus in\u00e9galitaires.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Corollaires, d\u00e9terminants et cons\u00e9quences du bien-\u00eatre", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 2, "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Le revenus", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 3, "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Plus un pays est riche, plus il est heureux (en moyenne)", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Si on compare les pays \u00e0 une m\u00eame date, on voit imm\u00e9diatement que les pays disposant d'un revenu moyen par habitant plus \u00e9lev\u00e9 affichent des moyennes de satisfaction de vie \u00e9galement plus \u00e9lev\u00e9es. C'est ce qu'illustre le graphique ci-dessous, o\u00f9 chaque point repr\u00e9sente un pays. L'axe vertical restitue la moyenne de la satisfaction de vie dans ce pays (toujours de 0 \u00e0 10). L'axe horizontal repr\u00e9sente le PIB par habitant, en dollars, ajust\u00e9 des diff\u00e9rences de pouvoir d'achat. Par d\u00e9faut, l'\u00e9chelle est log-lin\u00e9aire, afin de pouvoir mieux comparer des pays de nivaux de richesse tr\u00e8s diff\u00e9rents. La relation s'affiche tr\u00e8s nettement, avec tous les pays qui s'organisent autour de la diagonale du graphique.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "url": "https://ourworldindata.org/grapher/gdp-vs-happiness", "type": "chart", "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Cette relation tient si on neutralise l'effet d'autres caract\u00e9ristiques mesurables, comme la structure d\u00e9mographique (pour plus de d\u00e9tails, voir le ", "spanType": "span-simple-text" }, { "url": "http://worldhappiness.report/", "children": [ { "text": "chapitre 2", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" }, { "text": " du ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "World Happiness Report", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": "). Nous allons voir que cela est \u00e9galement vrai dans le temps, et \u00e0 l'int\u00e9rieur de chaque pays.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Plus une personne est riche, plus elle estime \u00eatre heureuse", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Le constat que les pays riches sont en moyenne plus heureux que les pays pauvres s'\u00e9tend \u00e0 l'int\u00e9rieur de chaque pays : une personne riche est en moyenne plus heureuse qu'une personne pauvre du m\u00eame pays. Le graphique ci-dessous illustre de ph\u00e9nom\u00e8ne. Chaque carr\u00e9 correspond \u00e0 un pays. \u00c0 l'int\u00e9rieur de chaque carr\u00e9, l'axe horizontal repr\u00e9sente le revenu. Nous disposons pour chaque pays de cinq points, correspondant aux quintiles de revenu (20% les plus pauvres, 20% suivants, etc.). L'axe horizontal repr\u00e9sente la moyenne des r\u00e9ponses \u00e0 la question sur la satisfaction de vie (toujours de \u00e0 10).", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Dans tous les cas, la courbe reliant ces points est croissante : les personnes des cat\u00e9gories de revenu plus \u00e9lev\u00e9es donnent une r\u00e9ponse moyenne plus \u00e9lev\u00e9e que celles des cat\u00e9gories de revenu moins \u00e9lev\u00e9. La forme pr\u00e9cise de la courbe varie toutefois d'un pays \u00e0 l'autre.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "alt": "", "size": "wide", "type": "image", "filename": "Happiness-by-Income-Quintiles-Small-Multiples.png", "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Le graphique suivant restitue les m\u00eames donn\u00e9es, mais avec tous les pays sur le m\u00eame graphique. Si la relation dans chaque pays y est moins lisible, la relation g\u00e9n\u00e9rale appara\u00eet tr\u00e8s clairement.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "alt": "", "size": "wide", "type": "image", "filename": "Happiness-across-income-distribution.png", "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Un instantan\u00e9 de la relation entre revenu et bien-\u00eatre", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Dans le graphique ci-dessous, nous combinons les trois graphiques pr\u00e9c\u00e9dents en un seul, afin de rassembler ce que nous avons constat\u00e9 sur les comparaisons entre pays avec ce que nous avons constat\u00e9 \u00e0 l'int\u00e9rieur de chaque pays. L'axe horizontal repr\u00e9sente le PIB par habitant, l'axe vertical la r\u00e9ponde moyenne \u00e0 la question sur la satisfaction de vie. Pour chaque pays, nous ajoutons une fl\u00e8che. La direction de la fl\u00e8che indique la force de la relation entre le revenu et la satisfaction de vie pour ce pays : plus la fl\u00e8che pointe vers le faut, plus cette relation est forte{ref}Pour \u00eatre pr\u00e9cis, le gradient correspond, pays par pays, au coefficient de r\u00e9gression entre les quintiles de revenu et la satisfaction de vie moyenne pour chaque quintile.{/ref}. On retrouve ainsi les deux \u00e9l\u00e9ments : l'organisation des points autour de la diagonale, signifiant que les pays plus riches ont des niveaux de satisfaction de vie plus \u00e9lev\u00e9s, et des fl\u00e8ches qui pointent globalement dans la m\u00eame direction : dans chaque pays, les riches se disent plus heureux que les pauvres.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "alt": "", "size": "wide", "type": "image", "filename": "GDP-vs-Happiness-and-gradient-within-countries.png", "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Il est important de noter que l'axe horizontal est logarithmique. Cela signifie que plus on augmente en PIB/habitant, plus l'augmentation de bien-\u00eatre pour une augmentation de richesse donn\u00e9e est faible.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Globalement, ce graphique d\u00e9montre deux \u00e9l\u00e9ments :", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "numbered-list", "items": [ { "type": "text", "value": [ { "text": "\u00c0 aucun point on n'observe de rupture de la relation entre revenu et bien-\u00eatre (le mouvement d'ensemble n'est jamais plat).", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Un doublement du revenu est en gros associ\u00e9 \u00e0 la m\u00eame augmentation de la satisfaction quel que soit la position dans la distribution globale.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Des \u00e9tudes de r\u00e9f\u00e9rence (par exemple Stevenson and Wolfers, 2008) montrent que ces relations sont robustes, c'est-\u00e0-dire qu'elles continuent de fonctionner si on neutralise les caract\u00e9ristiques observables des pays, comme la structure d\u00e9mographique, ou qu'on consid\u00e8re diff\u00e9rents jeu de donn\u00e9es, ou d'autres questions relatives au bien-\u00eatre.{ref}Stevenson, B. and Wolfers, J. (2008). \"Economic growth and subjective well-being: Reassessing the Easterlin Paradox\". ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "Brookings Papers on Economic Activity", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ", 1-87. Une version de travail est disponible ", "spanType": "span-simple-text" }, { "url": "https://www.econstor.eu/bitstream/10419/26439/1/577841831.PDF", "children": [ { "text": "ici", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" }, { "text": ". {/ref}", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Croissance \u00e9conomique et bien-\u00eatre", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Les graphiques ci-dessus d\u00e9montrent une relation \u00e0 un instant donn\u00e9 entre revenu et bien-\u00eatre. Une relation du m\u00eame type, quoique moins forte, relie la croissance \u00e9conomique et le bien-\u00eatre. En d'autres termes, quand un pays s'enrichit, la moyenne des r\u00e9ponses des questions sur le bien-\u00eatre augmente. Le graphique suivant utilise la ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "World Value Survey", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " pour repr\u00e9senter la croissance du PIB/habitant (axe horizontal) et la part des personnes d'un pays qui se disent ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "tr\u00e8s heureuses", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " ou ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "assez heureuses", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ". Pour chaque pays, on repr\u00e9sente le premier et le dernier point disponible{ref}L'Egypte, pr\u00e9sente dans la base de donn\u00e9e, a \u00e9t\u00e9 exclues dans la mesure o\u00f9 la derni\u00e8re observation, dat\u00e9e de 2014, repdrend des donn\u00e9es de 2012, collect\u00e9e lors d'une p\u00e9riode de tr\u00e8s forte instanilit\u00e9.{/ref}.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Il appara\u00eet clairement que les pays qui connaissent une croissance \u00e9conomique voient aussi cro\u00eetre la part de leur population qui s'estime heureuse. Comme pr\u00e9c\u00e9demment, on peut d\u00e9montrer que cette relation persiste quand on neutralise les effets de structure d\u00e9mographiques et autres caract\u00e9ristiques observables des pays (Stevenson and Wolfers (2008)).", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Il faut noter ici que cette relation est vraie ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "en moyenne", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ". Certains pays connaissent des p\u00e9riodes de croissance sans progression du bien-\u00eatre, les \u00c9tats-Unis de la derni\u00e8re d\u00e9cennie \u00e9tant un exemple fondamental.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "alt": "", "size": "wide", "type": "image", "filename": "Inc-vs-Happiness-over-time.png", "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Le Paradoxe d'Easterlin", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Cette observation que la croissance \u00e9conomique n'entra\u00eene pas toujours une progression du bien-\u00eatre fut faite pour la premi\u00e8re fois dans les ann\u00e9es 1970 par Richard Easterlin. Depuis, ce constat, baptis\u00e9 \"Paradoxe d'Easterlin\" a fait l'objet d'une vive discussion.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Au coeur de ce paradoxe se tient le fait que si les pays riches tendent \u00e0 avoir des niveaux de bien-\u00eatre plus \u00e9lev\u00e9s, ces niveaux n'ont pas ou peu augment\u00e9 au cours des ann\u00e9es 1970, pourtant d\u00e9cennie de forte croissance. De ce fait, la dynamique constat\u00e9e sur les pays riches au cours du temps semblait contradictoire avec les enseignements tir\u00e9s de la comparaison instantan\u00e9e entre pays.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Une partie de l'explication tient \u00e0 ce qu'Easterlin et la premi\u00e8re g\u00e9n\u00e9ration de chercheurs s'int\u00e9ressant \u00e0 ces sujets utilisaient majoritairement des donn\u00e9es venues des \u00c9tats-Unis et du Japon. Or, le mode de construction de ces donn\u00e9es explique une partie de cette contradiction.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Commen\u00e7ons par le cas du Japon. Les premi\u00e8res questions relatives au bien-\u00eatre remontent \u00e0 1958, et refl\u00e8tent une grande stabilit\u00e9 du bien-\u00eatre subjectif, alors que le Japon a connu une croissance \u00e9conomique exceptionnelle jusqu'aux ann\u00e9es 1980 (voir par exemple ", "spanType": "span-simple-text" }, { "url": "https://ourworldindata.org/app/uploads/2013/05/mean-subjective-well-being-japan-1958-1987-easterlin-in-land-michalos-and-sirgy-ed-2011.png", "children": [ { "text": "ce graphique", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" }, { "text": " tir\u00e9 de Easterlin and Angelescu, 2011).{ref}R.A. Easterlin and L. Angelescu \u2013 \"Modern Economic Growth and Quality of Life: Cross-Sectional and Time Series Evidence\" in Land, Michalos, and Sirgy (ed.) (2011) \u2013 ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "Handbook of Social Indicators and Quality of Life Research", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ". Springer.{/ref} Si on regarde plus pr\u00e9cis\u00e9ment ces donn\u00e9es toutefois, il appara\u00eet que les choses sont plus complexes.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Stevenson and Wolfers (2008) ont ainsi montr\u00e9 que la formulation de la question dans l'enqu\u00eate japonaise a chang\u00e9 au cours du temps.{ref}Stevenson, B. and Wolfers, J. (2008). \"Economic growth and subjective well-being: Reassessing the Easterlin Paradox\". ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "Brookings Papers on Economic Activity", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ", 1-87. Une version de travail est disponible ", "spanType": "span-simple-text" }, { "url": "https://www.econstor.eu/bitstream/10419/26439/1/577841831.PDF", "children": [ { "text": "ici", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" }, { "text": ". {/ref} Cela rend difficile, en fait pratiquement impossible, de suivre les \u00e9volutions sur l'ensemble de la p\u00e9riode. Le graphique ci-dessous repr\u00e9sente les r\u00e9ponses \u00e0 la question relative au bien-\u00eatre en faisant appara\u00eetre les ann\u00e9es o\u00f9 la formulation de la question a chang\u00e9. On voit que sur chaque sous-p\u00e9riode o\u00f9 la question reste la m\u00eame, la relation croissante entre PIB par habitant et satisfaction de vie est croissante, et que c'est un effet de changement de base quand on change la question qui donne l'illusion d'une stabilit\u00e9.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "PIB par habitant et satisfaction de vie suivant les formulation des questions, Japon, 1958-2007 \u2013 Stevenson and Wolfers (2008){ref}Graphique tir\u00e9 de Stevenson B, Wolfers J (2008) - \"Economic Growth and Subjective Well-Being: Reassessing the Easterlin Paradox\". ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "Brookings Paper Econ Activ", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " 2008 (Spring):1\u201387. Source des donn\u00e9es : Life in Nation surveys, 1958\u20132007. Remarque des auteurs : \"Les s\u00e9ries dans chacun des panneaux restituent les r\u00e9ponses \u00e0 une question diff\u00e9rente relative \u00e0 la satisdaction de vie, et de ce fait les comparaisons ne peuvent se faire qu'\u00e0 l'int\u00e9rieure d'un m\u00eame panneau. Le PIB par habitant est calcul\u00e9 en dollars 2000 constants ajust\u00e9s de la parit\u00e9 de pouvoir d'achat.\"{/ref}", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 6, "parseErrors": [] }, { "alt": "", "size": "wide", "type": "image", "filename": "Life-Satisfaction-and-GDP-per-Capita-over-Time-in-Japan-Stevenson-Wolfers.png", "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Dans le cas des \u00c9tats-Unis, l'explication est diff\u00e9rente, li\u00e9e \u00e0 la structure m\u00eame de la croissance. En effet, la croissance \u00e9conomique au cours des \u00c9tats-Unis des derni\u00e8res d\u00e9cennies n'a pas b\u00e9n\u00e9fici\u00e9 \u00e0 la majorit\u00e9 de la population. Les in\u00e9galit\u00e9s de revenu sont exceptionnellement \u00e9lev\u00e9es dans ce pays et ont augment\u00e9 tout au cours des quarante derni\u00e8res ann\u00e9es, le revenu des m\u00e9nages m\u00e9dians croissant beaucoup plus lentement que les revenus des 10% les plus riches. De ce fait, la croissance du PIB/habitant ne refl\u00e8te pas bien dans le cas des \u00c9tats-Unis la croissance, beaucoup plus faible, du niveau de vie de la majorit\u00e9 de la population.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Bien-\u00eatre et sant\u00e9", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 3, "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Esp\u00e9rance de vie et satisfaction de vive", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "La sant\u00e9 constitue un pr\u00e9dicteur important de la satisfaction de vie, qu'on compare les pays entre aux ou au sein de chaque pays. Le graphique suivant illustre la comparaison entre pays. Chaque point repr\u00e9sente un pays. L'axe vertical repr\u00e9sente l'esp\u00e9rance de vie \u00e0 la naissance et l'axe horizontal la satisfaction de vie (de 0 \u00e0 10, toujours). L'organisation des points autour de la diagonale d\u00e9montre que la relation entre ces deux grandeurs est forte et positive : les pays o\u00f9 les gens vivent plus longtemps ont une satisfaction de vie moyenne sup\u00e9rieure. La m\u00eame relation existe avec d'autres m\u00e9triques de sant\u00e9, comme la ", "spanType": "span-simple-text" }, { "url": "https://ourworldindata.org/grapher/life-satisfaction-vs-child-mortality", "children": [ { "text": "mortalit\u00e9 infantile", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" }, { "text": ".", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Bien \u00e9videmment, de nombreux autres facteurs contribuent \u00e0 cette relation positive : en g\u00e9n\u00e9ral, les pays avec une plus longue esp\u00e9rance de vie sont aussi plus riches (c'est par exemple le cas du Japon par rapport \u00e0 la France, mais pas des \u00c9tats-Unis). Il est toutefois possible de montrer que la relation persiste apr\u00e8s neutralisation des effets de revenu et de d\u00e9mographie, et m\u00eame l'existence d'une protection sociale d\u00e9velopp\u00e9e (voir le ", "spanType": "span-simple-text" }, { "url": "http://worldhappiness.report/", "children": [ { "text": "chapitre 2", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" }, { "text": " du ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "World Happiness Report", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ").", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "url": "https://ourworldindata.org/grapher/life-satisfaction-vs-life-expectancy", "type": "chart", "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Sant\u00e9 mentale et bien-\u00eatre", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "La relation positive entre esp\u00e9rance de vie et bien-\u00eatre subjectif s'\u00e9tend \u00e0 la sant\u00e9 mentale. Le graphique ci-dessous mesure l'ampleur de la relation entre la satisfaction de vie et la sant\u00e9 mentale, une fois qu'on neutralise l'effet de la sant\u00e9 physique, du revenu, du dipl\u00f4me, etc. En d'autres termes, chaque barre mesure la force de la corr\u00e9lation entre les troubles mentaux (ici mesur\u00e9s par les \u00e9pisode de d\u00e9pression et d'angoisse) et la satisfaction de vie. Ces valeurs sont n\u00e9gatives, indiquant que les personnes diagnostiqu\u00e9es d\u00e9pressives ou sujettes \u00e0 des crises d'angoisse d\u00e9clarent en moyenne des niveaux de satisfaction de vie moins \u00e9lev\u00e9s.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "L'ampleur des coefficients, en particulier pour les \u00c9tats-Unis et l'Australie, montrent que la relation est particuli\u00e8rement forte. Pour ces deux pays, et \u00e9galement pour le Royaume-Uni, ", "spanType": "span-simple-text" }, { "url": "https://ourworldindata.org/grapher/correlation-income-and-life-satisfaction", "children": [ { "text": "cette relation est plus forte que celle unissant revenu et bien-\u00eatre", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" }, { "text": ".", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "\u00c9videmment, la relation entre sant\u00e9 mentale et bien-\u00eatre fonctionne dans les deux sens : les personnes affect\u00e9es de troubles mentaux ont des raisons d'\u00eatre moins heureuses, mais aussi les personnes malheureuses ont tr\u00e8s probablement plus de chances de d\u00e9velopper des troubles mentaux. L'association entre les deux n'en demeure pas moins un \u00e9l\u00e9ment fondamental pour qui veut agir sur l'une ou l'autre.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "url": "https://ourworldindata.org/grapher/correlation-mental-illness-and-life-satisfaction", "type": "chart", "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "\u00c9v\u00e9nements de la vive", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 3, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Comment les grands \u00e9v\u00e9nements de la vie influent-ils sur le bien-\u00eatre subjectif ? Les recherches disponibles tendent \u00e0 montrer un forte tendance des individus \u00e0 revenir, assez rapidement, \u00e0 un niveau de bien-\u00eatre similaire \u00e0 celui observ\u00e9 avant la survenue de l'\u00e9v\u00e9nement (mariage, divorce, deuil, etc.).", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Clark ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "et al.", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " (2008) utilisent le Panel socio-\u00e9conomique allemand pour identifier les personnes expos\u00e9es \u00e0 un \u00e9v\u00e9nement important dans leur vie personnelle ou professionnelle{ref}Clark, A. E., Diener, E., Georgellis, Y., & Lucas, R. E. (2008). \"Lags and leads in life satisfaction: A test of the baseline hypothesis\". ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "The Economic Journal", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ", 118(529).{/ref}. Le graphique ci-dessous r\u00e9sume leurs principaux r\u00e9sultats. Dans chaque panneau, la ligne rouge retrace la trajectoire moyenne du bien-\u00eatre subjectif quelques ann\u00e9es avant et apr\u00e8s les diff\u00e9rents types d'\u00e9v\u00e9nements (les segments en noir restituent les intervalles de confiance). Toutes les trajectoires neutralisent les caract\u00e9ristiques observables des individues, tels leur \u00e2ge, niveau de dipl\u00f4me ou revenus.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "On remarque en premier lieu que la plupart de ces \u00e9v\u00e9nements ne surviennent pas spontan\u00e9ment : les gens se d\u00e9clarent de moins en moins heureux dans les ann\u00e9es pr\u00e9c\u00e9dent un divorce, et inversement se d\u00e9clarent de plus en plus heureux les ann\u00e9es pr\u00e9c\u00e9dent un mariage.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "En second lieu, on remarque que le plus souvent, les personnes s'adaptent \u00e0 leur nouvelle situation, avec de grandes variations d'un individu \u00e0 l'autre (les intervalles de confiance s'\u00e9largissent apr\u00e8s l'\u00e9v\u00e9nement). Dans le cas d'un divorce, la satisfaction de vie diminue fortement dans un premier temps, puis se redresse nettement et durablement. Le mariage illustre une dynamique inverse. Le fait de tomber au ch\u00f4mage fait exception, avec un impact n\u00e9gatif qui persiste dans la dur\u00e9e.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "alt": "", "size": "wide", "type": "image", "filename": "Life-events-on-happiness.png", "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Handicap et satisfaction de vie", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Illustration de la r\u00e9silience humaine aux \u00e9v\u00e9nements, plusieurs \u00e9tudes ont relev\u00e9 que des personnes lourdement handicap\u00e9es physiquement (des parapl\u00e9giques) ne se disaient pas sp\u00e9cialement plus malheureuses que les personnes valides (voir par exemple Brickman, Coates, and Janoff-Bulman, 1978).{ref}Brickman, P., Coates, D., & Janoff-Bulman, R. (1978). \"Lottery winners and accident victims: Is happiness relative?\". ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "Journal of personality and social psychology", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ", 36(8), 917. Chicago. Disponible ", "spanType": "span-simple-text" }, { "url": "https://static1.squarespace.com/static/54694fa6e4b0eaec4530f99d/t/54c6fbbae4b057e0ac944d2e/1422326714627/Lottery+winners+and+Accident+Victims.pdf", "children": [ { "text": "ici", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" }, { "text": ".{/ref} Ce constat a des cons\u00e9quences tr\u00e8s pratique pour la mani\u00e8re d'envisager le bien-\u00eatre, dans la mani\u00e8re de construire les politiques publiques mais aussi de calculer les dommages et intr\u00e9r\u00eats en cas d'accident conduisant \u00e0 un handicap. Toutefois, on compare l\u00e0 deux populations diff\u00e9rentes : parapl\u00e9giques et valides sont diff\u00e9rents dans de nombreuses autres dimensions que leur degr\u00e9 de handicap. Il faut donc consid\u00e9rer des \u00e9tudes de panel, o\u00f9 certaines personnes sont touch\u00e9es par une r\u00e9duction de leur validit\u00e9.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "C'est ce que font Oswald and Powdthavee (2008), article dont est issu le graphique ci-dessous.{ref}Oswald, A. J., & Powdthavee, N. (2008). \"Does happiness adapt? A longitudinal study of disability with implications for economists and judges\". ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "Journal of public economics", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ", 92(5), 1061-1077.{/ref} Il repr\u00e9sente la satisfaction de vie d'un groupe de personne ayant subi des accident qui les ont laiss\u00e9s s\u00e9v\u00e8rement handicap\u00e9s (au sens qu'ils n'ont plus \u00e9t\u00e9 capables d'accomplir eux-m\u00eames les activit\u00e9s quotidiennes usuelles). Cette trajectoire est repr\u00e9sent\u00e9e par les moyennes un an avant l'accident (T-1), l'ann\u00e9e de l'accident (T) et les deux ann\u00e9es suivantes. On voit, et les auteurs le d\u00e9montrent de mani\u00e8re plus compl\u00e8te par des techniques \u00e9conom\u00e9triques, que les personnes qui se retrouvent handicap\u00e9es subissent une forte r\u00e9duction de leur satisfaction de vie, mais que celle-ci se redresse en partie \u00e0 partir de la deuxi\u00e8me ann\u00e9e apr\u00e8s l'accident.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Satisfaction de vie des personnes devenant s\u00e9rieusement handicap\u00e9es, BHPS 1996-2002 \u2013 Oswald and Powdthavee (2006)", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 6, "parseErrors": [] }, { "alt": "", "size": "wide", "type": "image", "filename": "Disability-and-happiness-Oswald-and-Powdthavee-2006.png", "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Cela implique d'une part que la grande adaptabilit\u00e9 aux \u00e9l\u00e9ments communs de la vie se manifeste aussi, mais seulement en partie, pour les \u00e9v\u00e9nements plus graves. Cette trajectoire indique aussi que l'accompagnement des personnes accident\u00e9es doit se concentrer sur l'ann\u00e9e de la survenue de l'accident et aussi sur la suivante.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Culture et soci\u00e9t\u00e9", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 3, "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Culture et satisfaction de vie", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Les comparaisons entre pays sugg\u00e8rent que la culture et l'histoire des populations ont une influence profonde sur leur bien-\u00eatre, ind\u00e9pendamment de leur niveau de richesse ou d'\u00e9ducation. \u00c0 titre d'exemple, le graphique ci-dessous montrent que les pays d'Am\u00e9rique Latine, assez similaires en termes d'histoire et de culture, ont en moyenne une satisfaction de vie plus \u00e9lev\u00e9e que des pays de niveau de richesse similaire (situ\u00e9s au m\u00eame endroit sur l'axe horizontal). L'inverse s'observe lorsqu'on regarde les pays ex-sovi\u00e9tiques.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "alt": "", "size": "wide", "type": "image", "filename": "continent-version-GDP-pc-vs-Happiness-By-culture.png", "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Plusieurs \u00e9tudes acad\u00e9miques, principalement dans le domaine de la psychologie exp\u00e9rimentale, mettent en \u00e9vidence d'autres ph\u00e9nom\u00e8nes liant culture et bien-\u00eatre. Par exemple, Diener and Suh (2002) \u00e9crivent :", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "text": [ { "type": "text", "value": [ { "text": "Les ann\u00e9es r\u00e9centes ont vu l'exploration des impacts des diff\u00e9rences entre cultures sur le bien-\u00eatre, avec le constat qu'il existe des diff\u00e9rences profondes dans la d\u00e9finition de ce qui rend les gens heureux. L'estime de soi, par exemple, est moins fortement associ\u00e9e \u00e0 la satisfaction de vie, et l'extraversion moins fortement associ\u00e9e \u00e0 des sensations positives, dans les cultures collectivistes qu'ils ne le sont dans les cultures individualistes.{ref}Diener, E., Oishi, S., & Lucas, R. E. (2009). \"Subjective well-being: The science of happiness and life satisfaction\". ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "Oxford handbook of positive psychology", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ", 2, 187-194.{/ref}", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] } ], "type": "blockquote", "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "\u00c0 notre connaissance, il existe encore peu d'\u00e9tudes d\u00e9crivant sur une base quantitative les m\u00e9canismes liant culture et bonheur. Il semble toutefois intuitif de penser que des facteurs culturels fa\u00e7onnent ce que les gens entendent, individuellement et collectivement, quand ils parlent de bonheur ou de sens de la vie.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Sentiment de libert\u00e9 et satisfaction de vive", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Un \u00e9l\u00e9ment central par lequel l'environnement sociale peut affecter le bonheur est la libert\u00e9 : le degr\u00e9 de libert\u00e9 de la soci\u00e9t\u00e9 dans la quelle nous vivons d\u00e9termine crucialement l'univers de possibles pour mener notre vie.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Le graphique ci-dessous montre la relation entre le sentiment subjectif de libert\u00e9 et la satisfaction de vie, sur la base du ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "url": "http://www.gallup.com/services/170945/world-poll.aspx", "children": [ { "text": "Gallup World Poll", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ". La variable mesurant la satisfaction de vie est celle que nous avons utilis\u00e9e tout au long de ce document. Celle mesurant la libert\u00e9 correspond \u00e0 la part des personnes dans chaque pays qui est en accord avec l'affirmation \"Dans ce pays, je suis satisfait du degr\u00e9 de libert\u00e9 dont je dispose pour choisir ce que je fais de ma vie\".{ref}Pour \u00eatre pr\u00e9cis, le ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "Gallup World Poll", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " demande : \"In this country, are you satisfied or dissatisfied with your freedom to choose what you do with your life?\"{/ref} La relation est claire et positive : les pays dans lesquels les personnes se sentent plus libres et en contr\u00f4le de leur vie ont aussi des niveaux moyens de satisfaction de vie plus \u00e9lev\u00e9s. Inglehart ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "et al.", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " (2008) montrent que cette relation persiste lorsqu'on neutralise les facteurs mat\u00e9riels ainsi que des facteurs culturels mesurables, comme le dregr\u00e9 de religiosit\u00e9 des populations.{ref}Inglehart, R., Foa, R., Peterson, C., & Welzel, C. (2008). \"Development, freedom, and rising happiness: A global perspective (1981\u20132007)\". ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "Perspectives on psychological science", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ", 3(4), 264-285.{/ref}", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "De mani\u00e8re int\u00e9ressante, le graphique montre aussi que s'il existe des pays o\u00f9 le sentiment de libert\u00e9 est \u00e9lev\u00e9 et la satisfaction faible (le Rwanda par exemple), il n'existe aucun de pays o\u00f9 le sentiment de libert\u00e9 serait faible et la satisfaction \u00e9lev\u00e9e.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "S'il n'existe pas d'\u00e9tude d\u00e9montrant rigoureusement les m\u00e9canismes causaux, il semble bien que le sentiment de libert\u00e9 soit non seulement un d\u00e9terminant de la satisfaction de vie, mais aussi une condition n\u00e9cessaire pour l'atteinte d'un certain niveau de satisfaction \u00e0 l'\u00e9chelle d'un pays.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "alt": "", "size": "wide", "type": "image", "filename": "Happiness-vs-Freedom-in-Your-Life.png", "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Influence des m\u00e9dias", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Plusieurs \u00e9tudes ont montr\u00e9 qu'il existe un lien entre exposition \u00e0 des nouvelles \u00e0 caract\u00e8res n\u00e9gatif et humeur. Johnston and Davey (1997) par exemple, ont modifi\u00e9 une courte \u00e9mission de t\u00e9l\u00e9vision pour y montrer selon les cas plut\u00f4t des contenus n\u00e9gatifs, neutres ou positifs.{ref} Johnston, W. M., & Davey, G. C. (1997). \"The psychological impact of negative TV news bulletins: The catastrophizing of personal worries\". ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "British Journal of Psychology", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ", 88(1), 85-91. {/ref} Les personnes ayant visionn\u00e9 la version pr\u00e9sentant le plus de contenus n\u00e9gatifs \u00e9taient plus susceptibles de se dire tristes. Or, les m\u00e9dias ont une pr\u00e9f\u00e9rence marqu\u00e9es pour les \u00e9v\u00e9nements n\u00e9gatifs (guerres, catastrophes, etc.) et pour une couverture n\u00e9gative des \u00e9v\u00e9nements en g\u00e9n\u00e9ral (voir, par exemple, Combs and Slovic 1979).{ref} Combs, B., & Slovic, P. (1979). \"Newspaper coverage of causes of death\". ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "Journalism Quarterly", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ", 56(4), 837-849.{/ref} Bien \u00e9videmment, l'humeur n'est pas identique \u00e0 la satisfaction de vie. Cependant, les deux aspects sont intimement li\u00e9s.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Par ailleurs, notre \u00e9valuation du sens de notre vie ainsi que l'appr\u00e9ciation de notre satisfaction sont fortement influenc\u00e9es par l'image que nous avons de l'\u00e9tat du monde et de la soci\u00e9t\u00e9. Cette image est \u00e0 son tour fa\u00e7onn\u00e9e tr\u00e8s largement pas les m\u00e9dias. Le biais m\u00e9diatique favorable aux \u00e9v\u00e9nements n\u00e9gatifs nous conduit donc tr\u00e8s probablement \u00e0 penser que ces \u00e9v\u00e9nements sont beaucoup plus fr\u00e9quents et probables qu'ils ne le sont en r\u00e9alit\u00e9.{ref}Riddle, 2010, \"Always on my mind: Exploring how frequent, recent, and vivid television portrayals are used in the formation of social reality judgments.\" ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "Media Psychology", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ".{/ref}", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Qualit\u00e9 des donn\u00e9es et mesures", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 2, "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Peut-on r\u00e9ellement mesurer le bonheur ?", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Demander aux personnes ce qu'elles pensent et ressentent constitue la m\u00e9thode la plus directe et la plus courante pour mesurer le bien-\u00eatre subjectif. En pratique, les sciences sociales emploient pour ce faire des questions directes relatives au bonheur ou \u00e0 la satisfaction de vie. Les premi\u00e8res mesurent plut\u00f4t les aspects \u00e9motionnels du bien-\u00eatre (\"je me sens heureux\"), tandis que les secondes se r\u00e9f\u00e8rent plus \u00e0 une \u00e9valuation raisonn\u00e9e du bien-\u00eatre (\"je pense que je vis une vis satisfaisante\").", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Ces \u00e9valuations subjectives du bien-\u00eatre sont associ\u00e9es avec des manifestations ext\u00e9rieures, comme le sourire ou la gaiet\u00e9, qui sont \u00e9galement associ\u00e9es \u00e0 l'id\u00e9e de bien-\u00eatre. Dans (ce graphique)[https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Life-Satisfaction-vs-Laugh-Gallup.png] par exemple, on voit que les pays ayant le niveau de satisfaction les plus \u00e9lev\u00e9s sont aussi ceux o\u00f9 les personnes sourient le plus souvent. La psychologie exp\u00e9rimentale a \u00e9galement d\u00e9termin\u00e9 que l'\u00e9valuation du bien-\u00eatre subjectif \u00e9tait associ\u00e9e avec les parties du cerveau activ\u00e9es par les sensations de plaisir et de satisfaction. Cliniquement, les personnes qui disent \u00eatre heureuses dorment mieux et expriment plus souvent des \u00e9motions positives quand elles parlent.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Le tableau ci-dessous, adapt\u00e9 de Kahneman and Krueger (2006) fournit une liste de variables pour lesquelles des recherches ont d\u00e9montr\u00e9 une association avec l'\u00e9valuation subjective de bien-\u00eatre.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Corr\u00e9lats d'une forte satisfaction de vie ou d'un haut niveau de bonheur :", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "list", "items": [ { "type": "text", "value": [ { "text": "Fr\u00e9quence du sourire", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Sourire du regard (expression des yeux associ\u00e9e au sourire sinc\u00e8re)", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "\u00c9valuation pas des amis du niveau de bonheur", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Parler fr\u00e9quemment d'\u00e9motions positives", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Sociabilit\u00e9 et extraversion", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Qualit\u00e9 du sommeil", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Bonheur des proches", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Bon \u00e9tat de sant\u00e9 (\u00e9valu\u00e9 subjectivement)", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Revenu \u00e9lev\u00e9, et revenu \u00e9lev\u00e9 au sein du groupe de r\u00e9f\u00e9rence", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Participation active \u00e0 des activit\u00e9s religieuses", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "\u00c9v\u00e9nements positifs r\u00e9cents", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] } ], "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Quelles diff\u00e9rences entre \"satisfaction de vie\" et \"bonheur\" ?", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Dans cette publication, nous nous sommes essentiellement appuy\u00e9s tant\u00f4t sur des \u00e9valuations du bonheur, tant\u00f4t sur celles relatives \u00e0 la satisfaction de vie. Si les deux sont des composantes centrales du bien-\u00eatre, elles de sont pas interchangeables. Typiquement, la ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "World Value Survey", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " comporte une question directe relative au bonheur : \"Tout bien consid\u00e9r\u00e9, diriez-vous que vous \u00eates\u2026 (i) Tr\u00e8s heureux, (ii) Assez heureux, (iii) Pas tr\u00e8s heureux, (iv) Pas heureux du tout, (v) Ne sait pas\" .{ref}", "spanType": "span-simple-text" }, { "url": "http://www.worldvaluessurvey.org/WVSDocumentationWV5.jsp", "children": [ { "text": "Questionnaire France 2006", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" }, { "text": "{/ref} Le ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "Gallup World Pool", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " de son c\u00f4t\u00e9 utilise l'\u00e9chelle de 0 \u00e0 10 que nous avons d\u00e9crite pr\u00e9c\u00e9demment : \"Imaginez une \u00e9chelle avec des barreaux num\u00e9rot\u00e9s de z\u00e9ro en bas \u00e0 dix en haut. Le barreau du haut repr\u00e9sente la meilleure vie possible pour vous, le le barreau du bas la pire vie possible pour vous. Sur quel barreau pensez-vous vous tenir \u00e0 ce moment de votre vie ?\"", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Comme le montre le graphique ci-dessous, les deux mesures sont tr\u00e8s li\u00e9es, mais pas identiques : des pays partageant un m\u00eame score sur une mesure peuvent avoir des scores tr\u00e8s diff\u00e9rents dans l'autre. Ces \u00e9carts refl\u00e8tent les deux aspects fondamentaux d'une bien-\u00eatre : le c\u00f4t\u00e9 \u00e9motionnel d'une part, le c\u00f4t\u00e9 rationnel et cognitif d'autre part. La distinction entre ces deux c\u00f4t\u00e9 n'est \u00e9videmment pas absolue, et les deux questions se recouvrent sur un certain nombre d'aspects. De ce fait, il est courant de construire des index de bien-\u00eatre qui sont de simples moyennes de plusieurs questions relatives au bien-\u00eatre.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "url": "https://ourworldindata.org/grapher/Happiness-WVS-vs-Gallup", "type": "chart", "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Peut-on se fier aux fier aux moyennes de bien-\u00eatre ?", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Le plus souvent, les \u00e9tudes de bien-\u00eatre prennent comme point de d\u00e9part la moyenne des r\u00e9ponses au sein d'une population donn\u00e9e (pays, r\u00e9gion, femmes, dipl\u00f4m\u00e9s, etc.), comme nous l'avons fait ici pour la plupart des comparaisons entre pays. Quel sens donner \u00e0 ces moyennes ?", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Les \u00e9tudes disponibles nous apprennent que les enqu\u00eates utilisant l'\u00e9chelle de 0 \u00e0 10 (\u00e9chelle de Cantril) se comportent raisonnablement bien sur ce point : les r\u00e9sultats sont sensiblement les m\u00eames qu'on demande aux personnes une \u00e9valuation num\u00e9rique (de 0 \u00e0 10) ou qu'on leur propose une \u00e9chelle textuelle (de \"tr\u00e8s mauvais\" \u00e0 \"tr\u00e8s bon\").{ref}Ferrer\u2010i\u2010Carbonell, A., & Frijters, P. (2004). \"How important is methodology for the estimates of the determinants of happiness?\". ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "The Economic Journal", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ", 114(497), 641-659.{/ref} {ref}Van Praag, B.M.S. (1991). \"Ordinal and cardinal utility: an integration of the two dimensions of the welfare concept\", ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "Journal of Econometrics", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ", vol. 50, pp. 69\u201389.{/ref}", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Toutefois, les moyennes de bien-\u00eatre doivent \u00eatre employ\u00e9es avec toutes les pr\u00e9cautions habituelles dans l'usage d'une moyenne en g\u00e9n\u00e9ral. Ainsi, si on regarde le bonheur par g\u00e9n\u00e9ration dans un pays, il peut appara\u00eetre que les personnes plus \u00e2g\u00e9es ne sont pas plus heureuses que les personnes plus jeunes. Ce r\u00e9sultat peut toutefois r\u00e9sulter de l'influence contradictoire de deux facteurs : l'effet d'\u00e2ge (les personnes d'une g\u00e9n\u00e9ration donn\u00e9e tendent \u00e0 se dire plus heureuses au fur et \u00e0 mesure qu'elles vieillissent) et l'effet de cohorte (quel que soit l'\u00e2ge, les g\u00e9n\u00e9rations r\u00e9centes sont plus heureuses que les g\u00e9n\u00e9rations plus anciennes). Si l'effet de cohorte est fort, on peut m\u00eame avoir l'impression que les gens deviennent en moyenne plus malheureux avec l'\u00e2ge, alors que chaque individu devient plus heureux avec l'\u00e2ge. Il ne s'agit pas ici d'un exemple th\u00e9orique : Sutin ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "et al.", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " (2013) ont montr\u00e9 sur des donn\u00e9es am\u00e9ricaines que les \u00e9valuations de bien-\u00eatre subjectif augmentaient avec l'\u00e2ge, quelle que soit la g\u00e9n\u00e9ration de naissance, mais que les niveaux moyens de bien-\u00eatre \u00e9taient avant tout d\u00e9termin\u00e9s par le lieu de naissance (effet de cohorte).{ref}Sutin, A. R., Terracciano, A., Milaneschi, Y., An, Y., Ferrucci, L., & Zonderman, A. B. (2013). \"The effect of birth cohort on well-being The legacy of economic hard times\". ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "Psychological science", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ", 0956797612459658.{/ref}", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "La barri\u00e8re des langues", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Les diff\u00e9rences linguistiques constituent \u00e0 premi\u00e8re vue un obstacle majeur dans les comparaisons de bien-\u00eatre entre pays. La multiplicit\u00e9 des \u00e9tudes sugg\u00e8re toutefois que le probl\u00e8me est moins important qu'il n'y para\u00eet.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Sur le plan de ce qui est mesur\u00e9, des entretiens au cours desquels les participants utilisaient des photos ou des vid\u00e9os pour \u00e9valuer l'\u00e9tat \u00e9motionnel des personnes (il devaient dire si la personne repr\u00e9sent\u00e9e \u00e9tait heureuse ou malheureuse) ont d\u00e9montr\u00e9 que nous \u00e9tions capables d'identifier cet \u00e9tat m\u00eame chez des personnes culturellement \u00e9loign\u00e9es de nous. Voir par exemple Sandvik ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "et al.", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ", 1993 ou Diener et Lucas, 1999.{ref}Sandvik, E., Diener, E. and Seidlitz, L. (1993). \"Subjective well-being: the convergence and stability of self and non self report measures\", ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "Journal of Personality", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ", vol. 61, pp. 317\u201342. Diener, E. and Lucas, R.E. (1999). \"Personality and subjective well-being\", in Kahneman ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "et al.", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " (1999) chapter 11.{/ref}", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Les \u00e9tudes ont \u00e9galement montr\u00e9 que les \"\u00e9motions indig\u00e8nes\" (", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "indigeneous emotions", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": "), pour lesquelles il n'existe pas d'\u00e9quivalent dans une autre langue, ne sont pas ressenties plus fr\u00e9quemment ou diff\u00e9remment des \u00e9motions pour lesquelles il existe un \u00e9quivalent \u00e9tabli dans les autres langues (Scollon ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "et al.", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": " 2005).{ref}Scollon, C. N., Diener, E., Oishi, S., & Biswas-Diener, R. (2004). \"Emotions across cultures and methods\". ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "Journal of cross-cultural psychology", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ", 35(3), 304-326.{/ref}", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "text": "Il semble donc exister un socle commun universel sur ce que les humain d\u00e9signent pas \"\u00eatre heureux\". De ce fait, les r\u00e9sultats d'enqu\u00eates fournissent une information pertinente, bien que bruit\u00e9e, pouvant servir de bases aux comparaisons entres groupes et entre pays.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Sources de donn\u00e9es", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 3, "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Comparaisons entre pays", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "World Happiness Report", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "list", "items": [ { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "Donn\u00e9es :", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-bold" }, { "text": "Moyennes payr pays de la satisfaction de vie (\u00e9chelle de Cantril).", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "Source : ", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-bold" }, { "text": "Gallup World Poll", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "Profondeur :", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-bold" }, { "text": " 2005-2022", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "Lien :", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-bold" }, { "url": "http://worldhappiness.report/", "children": [ { "text": "World Happiness Report", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" } ], "parseErrors": [] } ], "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Commission Europ\u00e9enne \u2013 Eurobarometre Interactif", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "list", "items": [ { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "Donn\u00e9es :", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-bold" }, { "text": "Satisfaction de vie (Question : ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "\"On the whole are you very satisfied, fairly satisfied, not very satisfied or not at all satisfied with the life you lead ?\"", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ")", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "P\u00e9rim\u00e8tre g\u00e9ographique :", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-bold" }, { "text": "pays de l'Union", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "Profondeur :", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-bold" }, { "text": " 1973 - 2015", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "Lien :", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-bold" }, { "url": "http://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/index.cfm/Chart/index", "children": [ { "text": "http://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/index.cfm/Chart/index", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" } ], "parseErrors": [] } ], "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "The World Value Survey (WVS)", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "list", "items": [ { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": " Donn\u00e9es : ", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-bold" }, { "text": "Bonheur et satisfaction de vie, ainsi que de nombreuses autres caract\u00e9ristiques sociales et culturelles. Les donn\u00e9es individuelles sont \u00e9galement accessibles publiquement.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "P\u00e9rim\u00e8tre g\u00e9ographique : ", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-bold" }, { "text": "Une centaine de soci\u00e9t\u00e9s, repr\u00e9sentant pratiquement 90% de la population mondiale, mais tous certains pays sont absent de certains vagues de l'enqu\u00eate.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "Profondeur : ", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-bold" }, { "text": "Par vagues, de 1981 \u00e0 2014", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "Lien :", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-bold" }, { "url": "http://www.worldvaluessurvey.org/WVSDocumentationWVL.jsp", "children": [ { "text": "http://www.worldvaluessurvey.org/WVSDocumentationWVL.jsp", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" } ], "parseErrors": [] } ], "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Pew Global Attitudes Survey", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "list", "items": [ { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "Donn\u00e9es : ", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-bold" }, { "text": " Satisfaction de vie (\u00e9chelle de Cantril). Les tableau par pays donnent la distribution compl\u00e8te par score, permettant la construction d'histogrammes.", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "P\u00e9rim\u00e8tre g\u00e9ographique :", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-bold" }, { "text": " 38,000 r\u00e9pondants dans 44 pays", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "Profondeur : ", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-bold" }, { "text": "Par vagues, \u00e0 partir de 2002", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "Lien :", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-bold" }, { "url": "http://www.pewglobal.org/question-search/?qid=365&cntIDs=&stdIDs=", "children": [ { "text": "www.pewglobal.org", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-link" } ], "parseErrors": [] } ], "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "Sources sp\u00e9cifiques \u00e0 un pays donn\u00e9, en acc\u00e8s libre", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "text": [ { "text": "US General Social Survey", "spanType": "span-simple-text" } ], "type": "heading", "level": 4, "parseErrors": [] }, { "type": "list", "items": [ { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "Donn\u00e9es :", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-bold" }, { "text": "S\u00e9ries temporelles sur le bonheur ainsi que sur un grand nombre d'autres caract\u00e9ristiques sociales et culturelles. (Question: ", "spanType": "span-simple-text" }, { "children": [ { "text": "\"Taken all together, how would you say things are these days--would you say that you are very happy, pretty happy, or not too happy?\"", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-italic" }, { "text": ")", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "P\u00e9rim\u00e8tre g\u00e9ographique : ", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-bold" }, { "text": "\u00c9tats-Unis", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "Profondeur : ", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-bold" }, { "text": "Enqu\u00eates annuelles depuis 1972", "spanType": "span-simple-text" } ], "parseErrors": [] }, { "type": "text", "value": [ { "children": [ { "text": "Lien :", "spanType": "span-simple-text" } ], "spanType": "span-bold" }, { "url": 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_Adaptation française : Mathieu Perona_ Cette page est une adaptation de [Happiness and Life Satisfaction](https://ourworldindata.org/happiness-and-life-satisfaction/) , par Esteban Ortiz-Ospina et Max Roser, _Our World in Data_ dans sa révision de Mai 2017. Adaptation par Mathieu Perona pour le compte de l'[Observatoire du Bien-être du CEPREMAP](http://www.cepremap.fr/observatoire-bien-etre/). Les gens sont-ils heureux aujourd'hui ? L'étaient-ils plus dans le passé ? Comment les personnes évaluent-elles leurs conditions de vie dans des sociétés différentes ? Et comment nos propres conditions de vie affectent-elles notre sensation de bonheur ou de satisfaction à l'égard de notre vie présente ? Pour complexes qu'elles soient, ces questions nous touchent personnellement, et elles constitue un domaine central de recherches pour les sciences sociales, y compris pour la science économique la plus classique (_mainstream_). Les travaux de la [Commission Stiglitz](http://ec.europa.eu/eurostat/documents/8131721/8131772/Stiglitz-Sen-Fitoussi-Commission-report.pdf) ont porté à l'attention publique les recherches déjà anciennes visant à compléter les métriques habituelles de prospérité économique, comme le PIB par habitant, par des mesures du bien-être subjectif des personnes. Mais comment mesure le bien-être ? Est-il possible de comparer le bien-être entre personnes vivant des des époques, sociétés ou conditions différentes ? Peut-on en tirer des indices qui nous indiqueraient ce qui fait que des personnes s'estiment heureuses ? Cette page présente les données et les éléments de preuve disponibles pour éclairer ces questions. Nous traiterons en particulier des enquêtes sur le bien-être subjectif, c'est-à-dire tel que déclaré par les personnes, ainsi que leur évaluation quant à leur satisfaction de vie. Nous en tirons les enseignements-clefs suivants : 0. Nous disposons aujourd'hui d'un cadre méthodologique faisant des questions directes sur le bonheur ou la satisfaction de vie un instrument de mesure satisfaisant du bien-être subjectif. 1. La satisfaction de vie et le bonheur varient énormément, que ce soit à l'intérieur d'un même pays ou entre pays. Au premier regard, les enquêtes démontrent une très grande dispersion des évaluations. 2. Les personnes aisées ont en moyenne une évaluation plus positive de leur bonheur subjectif que n'en ont les personnes pauvres. Les pays plus riches ont en moyenne un niveau de bonheur subjectif plus élevé, et dans le temps, les pays ayant connu une croissance économique durable ont vu leur niveau de bonheur augmenter. Ces séries suggèrent que, tant au niveau individuel qu'au niveau du pays, le revenu et le bonheur subjectif évoluent dans la même direction (sans que cela signifie que l'argent fasse le bonheur, les relations entre ces deux éléments sont, on va le voir, complexes). 3. Les grands événements de la vie (mariage, enfants, divorce) affectent le bonheur subjectif, mais ont des effets de long terme étonnamment courts. Ce constat suggère que les personnes tendent à s'adapter assez rapidement aux changements non catastrophiques dans leurs conditions de vie. ## Approche empirique ### Comparaisons entre pays #### Le bonheur dans le monde, pays par pays Le _[World Happiness Report](http://worldhappiness.report/)_ constitue une des principales sources de comparaison du bonheur entre pays. Rédigé par un groupe d'experts indépendants au sein du _Sustainable Development Solutions Network_ mis en place par les Nations Unies, ce rapport annuel se fonde largement sur le [panel mondial de l'institut Gallup](http://analytics.gallup.com/213704/world-poll.aspx). Ce dernier réalise des enquêtes auprès d'échantillons représentatifs dans plus de 160 pays et en 140 langues, sur la base de questions uniformisées. La principale question posée est ainsi : "Imaginez une échelle avec des barreaux numérotés de zéro en bas à dix en haut. Le barreau du haut représente la meilleure vie possible pour vous, le le barreau du bas la pire vie possible pour vous. Sur quel barreau pensez-vous vous tenir à ce moment de votre vie ?". Connue sous le nom d'échelle de Cantril, cette évaluation du bien-être, ainsi que la formulation précise de la question, constitue un standard commun pour les recherches sur le bien-être subjectif. La carte ci-dessous représente la moyenne des réponses des enquêtés à cette question. Comme pour l'échelle, les valeurs dans la carte sont codées de zéro à dix. La carte est interactive, vous pouvez cliquer sur chaque pays pour visualiser l'évolution dans le temps de la satisfaction de vie pour ce pays. Les différences entre pays sont flagrantes. Selon les données les plus récentes, les pays européens sont en tête du classement ; la Finlande, le Danemark, l'Islande, la Suisse et les Pays-Bas ayant tous des moyennes supérieures à 7. La même année, les moyennes les plus faibles étaient enregistrées sur le continent africain et au Moyen-Orient : en Afghanistan, au Liban, au Zimbabwe, au Rwanda et au Botswana (moyennes inférieures à 3,5). Il est évident sur cette carte que la satisfaction de vie est liée à des mesures objectives des conditions de vie : les pays les plus riches et en meilleure santé affichent des scores moyens de satisfaction de vie plus élevés. Nous y reviendrons. <Chart url="https://ourworldindata.org/grapher/happiness-cantril-ladder"/> #### Évolutions dans le temps : les enseignements de la _World Values Survey_ La _[World Values Survey](http://www.worldvaluessurvey.org/WVSDocumentationWV6.jsp)_ fournit également des mesures de bien-être subjectif dans différents pays. Elle constitue une source essentielle pour les comparaisons dans le temps car elle couvre depuis plus longtemps que le panel Gallup des pays non-européens. Plus précisément, elle collecte des données à partir d'un échantillon d'enquêtes nationales couvrant presque 100 pays, avec les enquêtes les plus anciennes datant de 1981. Dans ces enquêtes, on demande en particulier aux personnes : "Tout bien considéré, diriez-vous que vous êtes… (i) Très heureux, (ii) Assez heureux, (iii) Pas très heureux, (iv) Pas heureux du tout, (v) Ne sait pas". Les courbes ci-dessous représentent pour chaque pays la part des personnes qui se disent _très heureuses_ ou _assez heureuses_. Dans la plupart des pays, cette part augmente avec le temps. Dans 49 des 69 pays où au moins deux enquêtes ont été conduites, [l'observation la plus récente est plus élevée que la plus ancienne](https://ourworldindata.org/grapher/share-who-say-happy-wvs-first-to-last). Dans certains cas, l'amélioration est spectaculaire. Au Zimbabwe, la part des personnes s'estimant _très heureuses_ ou _assez heureuses_ est passée de 56,4% en 2004 à 82,1% en 2014. <Chart url="https://ourworldindata.org/grapher/share-of-people-who-say-they-are-happy"/> #### Évolution dans le temps : les enseignements de l'Eurobaromètre L'[Eurobaromètre](http://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/index.cfm/General/index/general/doChangeLocale/locale/fr/curEvent/General.index/), sous l'égide de la Commission européenne, collecte depuis 1974 des données sur la satisfaction de vie au sein d'enquêtes d'opinion larges. Pour certains pays, ces enquêtes ont été menées annuellement depuis plus de 40 ans. Le graphique ci-dessous montre, comme précédemment, la part des personnes se disant _très satisfaites_ ou _assez satisfaites_ de leurs conditions de vie courantes. La plus grande fréquence et la meilleure profondeur permettent de mettre en évidence deux points importants. Premièrement, les évaluations de satisfaction de vie fluctuent autour d'une tendance. En France, cette tendance sur 1974 - 2016 est positive, mais avec des hauts et des bas assez marqués. Deuxièmement, la tendance a été positive pour la plupart des pays européens. En règle générale, la part des personnes qui s'estiment satisfaites de leur vie a augmenté sur la durée de l'enquête{ref}Pour être précis, dans 27 cas sur les 31 pour lesquels on dispose de plus de dix ans de données, le point le plus récent est supérieur au premier point.{/ref}. La Grèce est une exception notable. Si vous l'ajoutez au graphique, vous constaterez qu'en 2007, 67% des Grecs se disaient satisfait de leur vie. Cinq ans après, la crise a fait tomber cette part à 32,4%, et les améliorations récentes n'ont pas permis de retrouver le niveau d'avant la crise. C'est un cas unique, dans la mesure où le Portugal, qui avait atteint le même point bas en 2011, est revenu aujourd'hui à ses niveau d'avant-crise, et que la baisse pour l'Espagne ou l'Italie a été nettement moins prononcée. <Chart url="https://ourworldindata.org/grapher/share-of-people-who-say-they-are-happy-Eurobarometer?country=FRA+GBR+GRC+PRT+ESP+ITA+IRL"/> #### Au-delà des moyennes : la distribution des évaluations de satisfaction de vie La plupart des études comparatives entre pays considèrent essentiellement les moyennes, comme nous l'avons fait jusqu'ici. Toutefois, la distribution des réponses est au moins aussi importante que la moyenne. Illustrons ci-dessous la manière dont les enquêtés ont répondu aux questions en représentant la part des répondant pour chacune des modalités de 0 à 10. Chaque couleurs renvoie à une région du monde, et pour chaque région, la distribution mondiale est représentée par les traits horizontaux. Ces graphiques montrent qu'en Afrique sub-saharienne, la région présentant les moyennes les plus faibles, l'ensemble de la distribution est décalée vers la gauche par rapport à celle de l'Europe. Cela signifie que quel quoi soit le seuil que utilisé pour définir la part des personnes heureuses (au sens où une personne est dite heureuse si sa réponse est supérieur à une valeur donnée, 5 ou 7 sur l'échelle par exemple), cette part sera toujours supérieure en Europe qu'en Afrique sub-saharienne. Le même phénomène existe si on compare par exemple l'Amérique du Nord avec l'Asie du Sud. Un autre point intéressant est que la distribution des réponses en Amérique latine (y. c. les Caraïbes) montre un fort taux de réponses élevées, l'ensemble de la distribution étant nettement à droite de pays au niveau de vie comparable, par exemple ceux de l'Europe centrale et orientale. Il s'agit là de l'indice d'un phénomène plus profond : les pays d'Amérique latine ont des niveaux de bien-être subjectifs supérieur à celui des autres pays de même niveau de développement. Cela illustre l'importance de l'environnement social, la culture et l'histoire dans l'évaluation de la satisfaction de vie (nous y reviendrons). <Image filename="The-distribution-of-life-satisfaction.png" alt=""/> Si vous souhaitez aller plus loin, la "[Pew Global Attitudes Survey](http://www.pewglobal.org/question-search/?qid=365&cntIDs=&stdIDs=)" fournit des données de distribution sur une quarantaire de pays. #### Opinions et illusions sur le bonheur des autres Il existe une tendance générale à sous-estimer le bonheur des personnes qui nous entourent. Le graphique ci-dessous le montre de manière spectaculaire, en utilisant des données de l'institut IPSOS, _[Perils of Perception](http://perils.ipsos.com/)_, qui a demandé aux enquêtés de deviner ce que les autres personnes de leur pays avaient répondu aux questions de la _World Value Survey_. Dans ce graphique, l'axe horizontal représente la part réelle des personnes s'estimant _très heureuses_ ou _assez heureuses_ dans la _World Value Survey_. L'axe vertical représente la réponse moyenne à l'évaluation de cette valeur dans l'enquête IPSOS (c'est-à-dire la réponse à "Selon vous, quelle part des personnes de votre pays s'estiment très ou assez heureuses ?"). Si les estimations étaient correctes, tous les points seraient sur ou très proches de la diagonale. Or, nous voyons qu'ils sont massés vers le cadrant sud-est du graphique : partout, les répondants à IPSOS ont sous-estimé le niveau moyen de bonheur de leurs concitoyens, parfois dans des proportions importantes. Ainsi, en Corée du Sud, les répondants pensent en moyenne que 24% des Coréens du sud se disent heureux, alors qu'ils ont en fait 90% à le faire. Même dans les pays les plus proches de la diagonale (le Canada et la Norvège), les gens pensent que 60% de leurs concitoyens se déclarent heureux, alors que le taux de bonheur réellement déclaré le plus faible (celui de la Hongrie), est à 69%. <Image filename="Happiness-of-others.png" alt=""/> Comment expliquer que tout le monde ait une représentation aussi fausse et négative du bonheur ressenti par les autres ? Une possibilité est que les personnes directement interrogées surestiment leur bonheur subjectif. L'évaluation du bonheur des autres serait alors l'indicateur correct de la véritable satisfaction de vie (mais pas de la satisfaction de vie ressentie). Toutefois, cela ne serait vrai que si les personnes qui sur-estiment leur propre bien-être supposent dans le même temps que tout les autres ne font pas de même. Alternativement, il a été démontré (voir _infra_) que l'évaluation de notre niveau de bonheur par nos amis correspond assez bien à notre propre évaluation, et que la plupart des personnes sont capables d'évaluer les émotions d'une personne sur la simple base de l'expression de son visage. De ce fait, une explication plus probable est que les gens tendent à avoir une évaluation assez positive d'eux-mêmes, mais plus négative quand il s'agit de personnes qu'ils ne connaissent pas. Il a été observé dans d'autres contextes, (et en France ce phénomène est particulièrement fort), que les personnes peuvent être en même temps très optimistes quant à leur futur personnel, et très pessimistes quant à l'avenir de leur pays ou du monde. ### À l'intérieur de chaque pays #### Inégalités de satisfaction de vie entre Allemagne de l'Ouest et Allemagne de l'Est Les moyennes nationales telles que nous les avons explorées jusqu'ici masquent généralement des inégalités marquées à l'intérieur de chaque pays. Illustrons ce phénomène avec l'Allemagne (carte ci-dessous). Cette carte représente la moyenne par Lander{ref}Dans certains cas, les données sous-jacentes présentent plusieurs moyennes pour un même territoire (p. ex. le Bade et le Württemberg étaient traités comme deux entités différentes). Dans ces cas, la carte restitue la moyenne des deux observations. Détails disponibles dans [ce fichier](https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Germany-happiness-data.xlsx){/ref} de la satisfaction de vie subjective (toujours évaluée de 0 à 10). L'ancienne frontière entre Allemagne de l'Est et Allemagne de l'Ouest apparaît clairement, tout aussi clairement que dans les scores du parti d'extrême-droite _Alternativ für Deutschland_ aux élections de 2017. Plusieurs études académiques se sont penchées sur ce "gap de bonheur" en Allemagne en utilisant des enquêtes plus précises, par exemple le panel socio-économique allemand (par exemple Petrunyk and Pfeifer 2016.{ref}Petrunyk, I., & Pfeifer, C. (2016). "Life satisfaction in Germany after reunification: Additional insights on the pattern of convergence". _Jahrbücher für Nationalökonomie und Statistik_, 236(2), 217-239.{/ref} Ces études fournissent deux enseignements-clefs : 0. D'abord, l'écart s'est resserré au cours des années récentes, qu'il s'agisse des moyennes brutes ou des moyennes en comparant des personnes de même milieu social et professionnel. 1. Les écarts de revenu et de taux de chômage contribuent de manière très importante à expliquer les écarts de satisfaction de vie. Cependant, même après neutralisation de ces différences, l'écart entre Est et Ouest persiste. Ce dernier fait, que les déterminants socio-économiques n'épuisent pas ce type de contraste, est un phénomène que l'on rencontre fréquemment : la culture et l'histoire des populations constitue un élément explicatif important. En particulier, les pays ex-soviétiques ont souvent des niveaux e bonheur subjectif plus faible que des pays à des niveaux de vie comparables. <Image filename="Germany-happiness-Gluecksatlas.png" alt=""/> #### Inégalités de bonheur dans les pays riches La _General Social Survey_ aux États-Unis couvre chaque année un échantillon de 1500 répondants, depuis 1972, et constitue une source fondamentale pour comprendre les évolutions de long terme dans ce pays.{ref}La GSS pose une question très similaire à celle de la _World Value Survey_ : “Taken all together, how would you say things are these days—would you say that you are very happy, pretty happy, or not too happy?”{/ref} Sur la base de cette enquête, Stevenson and Wolfers (2008) montrent que si la moyenne américaine est restée globalement stable, les inégalités dans le bien-être subjectif ont significativement _diminué_ durant les dernières décennies.{ref}Stevenson, Betsey, and Justin Wolfers. "Happiness inequality in the United States." _The Journal of Legal Studies_ 37.S2 (2008): S33-S79. Une version de travail est en accès libre [ici](https://www.econstor.eu/bitstream/10419/35143/1/576953326.pdf).{/ref} Cette réduction s'observe pour plusieurs définitions de l'inégalité, qu'il s'agisse de la dispersion des réponses (une société est d'autant plus inégale que les réponses sont polarisées vers les extrêmes) ou qu'il s'agisse des écarts entre groupes de population. Sur la période de leur étude, les deux tiers de l'écart entre Américains blancs et Africains-Américains a disparu (même si les premiers restent en moyenne plus heureux, même après neutralisation des écarts de diplôme et de revenu), et l'écart entre hommes et femmes (les femmes tendaient à être en moyenne un peu plus heureuses) a disparu.{ref}Ces résultats ont fait l'objet d'une discussions, dont on trouvera un bon résumé (en anglais) sur le blog Freakonomics, [gender gaps](http://freakonomics.com/2007/10/01/why-are-women-so-unhappy/).{/ref} Ces résultats corroborent ceux d'autres études qui aboutissent aussi au constat d'une diminution des inégalités dans l'évaluation du bonheur (et de la satisfaction de vie). Les chercheurs ont en particulier noté un lien positif entre croissance économique et réduction de ces inégalités, même dans les cas où la croissance économique s'est accompagnée d'une augmentation des inégalités de revenu. Le graphique ci-dessous, issu de Clark, Fleche et Senik (2015) l'illustre sur un panel de pays développés.{ref}Clark, Andrew E., Sarah Flèche, and Claudia Senik. "Economic growth evens out happiness: Evidence from six surveys." _Review of Income and Wealth_ (2015). Une version de travail est disponible [ici](http://eprints.lse.ac.uk/60530/1/dp1306.pdf){/ref} Dans ce graphique, l'inégalité est mesurée par la dispersion des réponses (l'écart-type pour être précis) à la _World Value Survey_. La tendance à la baisse de l'inégalité est patente, et dans leur article les auteurs montrent que l'inverse est vrai (les inégalités de bien-être s'accentuent) dans les pays en récession. <Chart url="https://ourworldindata.org/grapher/evolution-of-happiness-inequality-within-countries-during-periods-of-uninterrupted-economic-growth"/> Comment expliquer que les inégalités de bien-être diminuent alors que les inégalités de revenu augmentent ? Pour les auteurs, une partie de la réponse tient dans le fait que la croissance économique permet de financer les services publics et autres biens publics, ce qui resserre la distribution de bien-être. Cela est indépendant des inégalités de revenu dans la mesure où certains biens publics, comme un système de santé publiques, affectent les revenus et le bien-être de manière différente. Une autre explication, plus sociologique, est que la croissance économique dans ces pays s'est traduite par une société plus diversifiée dans ses modes d'expression culturelle, avec une meilleure acceptations de certains comportements ou modes de vie. Cela a permis la convergence vers la moyenne de groupes stigmatisés pour leur origine, leur sexualité ou leur apparence, au moment même où les revenus, les goûts et les modes de consommations devenaient plus inégalitaires. ## Corollaires, déterminants et conséquences du bien-être ### Le revenus #### Plus un pays est riche, plus il est heureux (en moyenne) Si on compare les pays à une même date, on voit immédiatement que les pays disposant d'un revenu moyen par habitant plus élevé affichent des moyennes de satisfaction de vie également plus élevées. C'est ce qu'illustre le graphique ci-dessous, où chaque point représente un pays. L'axe vertical restitue la moyenne de la satisfaction de vie dans ce pays (toujours de 0 à 10). L'axe horizontal représente le PIB par habitant, en dollars, ajusté des différences de pouvoir d'achat. Par défaut, l'échelle est log-linéaire, afin de pouvoir mieux comparer des pays de nivaux de richesse très différents. La relation s'affiche très nettement, avec tous les pays qui s'organisent autour de la diagonale du graphique. <Chart url="https://ourworldindata.org/grapher/gdp-vs-happiness"/> Cette relation tient si on neutralise l'effet d'autres caractéristiques mesurables, comme la structure démographique (pour plus de détails, voir le [chapitre 2](http://worldhappiness.report/) du _World Happiness Report_). Nous allons voir que cela est également vrai dans le temps, et à l'intérieur de chaque pays. #### Plus une personne est riche, plus elle estime être heureuse Le constat que les pays riches sont en moyenne plus heureux que les pays pauvres s'étend à l'intérieur de chaque pays : une personne riche est en moyenne plus heureuse qu'une personne pauvre du même pays. Le graphique ci-dessous illustre de phénomène. Chaque carré correspond à un pays. À l'intérieur de chaque carré, l'axe horizontal représente le revenu. Nous disposons pour chaque pays de cinq points, correspondant aux quintiles de revenu (20% les plus pauvres, 20% suivants, etc.). L'axe horizontal représente la moyenne des réponses à la question sur la satisfaction de vie (toujours de à 10). Dans tous les cas, la courbe reliant ces points est croissante : les personnes des catégories de revenu plus élevées donnent une réponse moyenne plus élevée que celles des catégories de revenu moins élevé. La forme précise de la courbe varie toutefois d'un pays à l'autre. <Image filename="Happiness-by-Income-Quintiles-Small-Multiples.png" alt=""/> Le graphique suivant restitue les mêmes données, mais avec tous les pays sur le même graphique. Si la relation dans chaque pays y est moins lisible, la relation générale apparaît très clairement. <Image filename="Happiness-across-income-distribution.png" alt=""/> #### Un instantané de la relation entre revenu et bien-être Dans le graphique ci-dessous, nous combinons les trois graphiques précédents en un seul, afin de rassembler ce que nous avons constaté sur les comparaisons entre pays avec ce que nous avons constaté à l'intérieur de chaque pays. L'axe horizontal représente le PIB par habitant, l'axe vertical la réponde moyenne à la question sur la satisfaction de vie. Pour chaque pays, nous ajoutons une flèche. La direction de la flèche indique la force de la relation entre le revenu et la satisfaction de vie pour ce pays : plus la flèche pointe vers le faut, plus cette relation est forte{ref}Pour être précis, le gradient correspond, pays par pays, au coefficient de régression entre les quintiles de revenu et la satisfaction de vie moyenne pour chaque quintile.{/ref}. On retrouve ainsi les deux éléments : l'organisation des points autour de la diagonale, signifiant que les pays plus riches ont des niveaux de satisfaction de vie plus élevés, et des flèches qui pointent globalement dans la même direction : dans chaque pays, les riches se disent plus heureux que les pauvres. <Image filename="GDP-vs-Happiness-and-gradient-within-countries.png" alt=""/> Il est important de noter que l'axe horizontal est logarithmique. Cela signifie que plus on augmente en PIB/habitant, plus l'augmentation de bien-être pour une augmentation de richesse donnée est faible. Globalement, ce graphique démontre deux éléments : 0. À aucun point on n'observe de rupture de la relation entre revenu et bien-être (le mouvement d'ensemble n'est jamais plat). 1. Un doublement du revenu est en gros associé à la même augmentation de la satisfaction quel que soit la position dans la distribution globale. Des études de référence (par exemple Stevenson and Wolfers, 2008) montrent que ces relations sont robustes, c'est-à-dire qu'elles continuent de fonctionner si on neutralise les caractéristiques observables des pays, comme la structure démographique, ou qu'on considère différents jeu de données, ou d'autres questions relatives au bien-être.{ref}Stevenson, B. and Wolfers, J. (2008). "Economic growth and subjective well-being: Reassessing the Easterlin Paradox". _Brookings Papers on Economic Activity_, 1-87. Une version de travail est disponible [ici](https://www.econstor.eu/bitstream/10419/26439/1/577841831.PDF). {/ref} #### Croissance économique et bien-être Les graphiques ci-dessus démontrent une relation à un instant donné entre revenu et bien-être. Une relation du même type, quoique moins forte, relie la croissance économique et le bien-être. En d'autres termes, quand un pays s'enrichit, la moyenne des réponses des questions sur le bien-être augmente. Le graphique suivant utilise la _World Value Survey_ pour représenter la croissance du PIB/habitant (axe horizontal) et la part des personnes d'un pays qui se disent _très heureuses_ ou _assez heureuses_. Pour chaque pays, on représente le premier et le dernier point disponible{ref}L'Egypte, présente dans la base de donnée, a été exclues dans la mesure où la dernière observation, datée de 2014, repdrend des données de 2012, collectée lors d'une période de très forte instanilité.{/ref}. Il apparaît clairement que les pays qui connaissent une croissance économique voient aussi croître la part de leur population qui s'estime heureuse. Comme précédemment, on peut démontrer que cette relation persiste quand on neutralise les effets de structure démographiques et autres caractéristiques observables des pays (Stevenson and Wolfers (2008)). Il faut noter ici que cette relation est vraie _en moyenne_. Certains pays connaissent des périodes de croissance sans progression du bien-être, les États-Unis de la dernière décennie étant un exemple fondamental. <Image filename="Inc-vs-Happiness-over-time.png" alt=""/> #### Le Paradoxe d'Easterlin Cette observation que la croissance économique n'entraîne pas toujours une progression du bien-être fut faite pour la première fois dans les années 1970 par Richard Easterlin. Depuis, ce constat, baptisé "Paradoxe d'Easterlin" a fait l'objet d'une vive discussion. Au coeur de ce paradoxe se tient le fait que si les pays riches tendent à avoir des niveaux de bien-être plus élevés, ces niveaux n'ont pas ou peu augmenté au cours des années 1970, pourtant décennie de forte croissance. De ce fait, la dynamique constatée sur les pays riches au cours du temps semblait contradictoire avec les enseignements tirés de la comparaison instantanée entre pays. Une partie de l'explication tient à ce qu'Easterlin et la première génération de chercheurs s'intéressant à ces sujets utilisaient majoritairement des données venues des États-Unis et du Japon. Or, le mode de construction de ces données explique une partie de cette contradiction. Commençons par le cas du Japon. Les premières questions relatives au bien-être remontent à 1958, et reflètent une grande stabilité du bien-être subjectif, alors que le Japon a connu une croissance économique exceptionnelle jusqu'aux années 1980 (voir par exemple [ce graphique](https://ourworldindata.org/app/uploads/2013/05/mean-subjective-well-being-japan-1958-1987-easterlin-in-land-michalos-and-sirgy-ed-2011.png) tiré de Easterlin and Angelescu, 2011).{ref}R.A. Easterlin and L. Angelescu – "Modern Economic Growth and Quality of Life: Cross-Sectional and Time Series Evidence" in Land, Michalos, and Sirgy (ed.) (2011) – _Handbook of Social Indicators and Quality of Life Research_. Springer.{/ref} Si on regarde plus précisément ces données toutefois, il apparaît que les choses sont plus complexes. Stevenson and Wolfers (2008) ont ainsi montré que la formulation de la question dans l'enquête japonaise a changé au cours du temps.{ref}Stevenson, B. and Wolfers, J. (2008). "Economic growth and subjective well-being: Reassessing the Easterlin Paradox". _Brookings Papers on Economic Activity_, 1-87. Une version de travail est disponible [ici](https://www.econstor.eu/bitstream/10419/26439/1/577841831.PDF). {/ref} Cela rend difficile, en fait pratiquement impossible, de suivre les évolutions sur l'ensemble de la période. Le graphique ci-dessous représente les réponses à la question relative au bien-être en faisant apparaître les années où la formulation de la question a changé. On voit que sur chaque sous-période où la question reste la même, la relation croissante entre PIB par habitant et satisfaction de vie est croissante, et que c'est un effet de changement de base quand on change la question qui donne l'illusion d'une stabilité. ###### PIB par habitant et satisfaction de vie suivant les formulation des questions, Japon, 1958-2007 – Stevenson and Wolfers (2008){ref}Graphique tiré de Stevenson B, Wolfers J (2008) - "Economic Growth and Subjective Well-Being: Reassessing the Easterlin Paradox". _Brookings Paper Econ Activ_ 2008 (Spring):1–87. Source des données : Life in Nation surveys, 1958–2007. Remarque des auteurs : "Les séries dans chacun des panneaux restituent les réponses à une question différente relative à la satisdaction de vie, et de ce fait les comparaisons ne peuvent se faire qu'à l'intérieure d'un même panneau. Le PIB par habitant est calculé en dollars 2000 constants ajustés de la parité de pouvoir d'achat."{/ref} <Image filename="Life-Satisfaction-and-GDP-per-Capita-over-Time-in-Japan-Stevenson-Wolfers.png" alt=""/> Dans le cas des États-Unis, l'explication est différente, liée à la structure même de la croissance. En effet, la croissance économique au cours des États-Unis des dernières décennies n'a pas bénéficié à la majorité de la population. Les inégalités de revenu sont exceptionnellement élevées dans ce pays et ont augmenté tout au cours des quarante dernières années, le revenu des ménages médians croissant beaucoup plus lentement que les revenus des 10% les plus riches. De ce fait, la croissance du PIB/habitant ne reflète pas bien dans le cas des États-Unis la croissance, beaucoup plus faible, du niveau de vie de la majorité de la population. ### Bien-être et santé #### Espérance de vie et satisfaction de vive La santé constitue un prédicteur important de la satisfaction de vie, qu'on compare les pays entre aux ou au sein de chaque pays. Le graphique suivant illustre la comparaison entre pays. Chaque point représente un pays. L'axe vertical représente l'espérance de vie à la naissance et l'axe horizontal la satisfaction de vie (de 0 à 10, toujours). L'organisation des points autour de la diagonale démontre que la relation entre ces deux grandeurs est forte et positive : les pays où les gens vivent plus longtemps ont une satisfaction de vie moyenne supérieure. La même relation existe avec d'autres métriques de santé, comme la [mortalité infantile](https://ourworldindata.org/grapher/life-satisfaction-vs-child-mortality). Bien évidemment, de nombreux autres facteurs contribuent à cette relation positive : en général, les pays avec une plus longue espérance de vie sont aussi plus riches (c'est par exemple le cas du Japon par rapport à la France, mais pas des États-Unis). Il est toutefois possible de montrer que la relation persiste après neutralisation des effets de revenu et de démographie, et même l'existence d'une protection sociale développée (voir le [chapitre 2](http://worldhappiness.report/) du _World Happiness Report_). <Chart url="https://ourworldindata.org/grapher/life-satisfaction-vs-life-expectancy"/> #### Santé mentale et bien-être La relation positive entre espérance de vie et bien-être subjectif s'étend à la santé mentale. Le graphique ci-dessous mesure l'ampleur de la relation entre la satisfaction de vie et la santé mentale, une fois qu'on neutralise l'effet de la santé physique, du revenu, du diplôme, etc. En d'autres termes, chaque barre mesure la force de la corrélation entre les troubles mentaux (ici mesurés par les épisode de dépression et d'angoisse) et la satisfaction de vie. Ces valeurs sont négatives, indiquant que les personnes diagnostiquées dépressives ou sujettes à des crises d'angoisse déclarent en moyenne des niveaux de satisfaction de vie moins élevés. L'ampleur des coefficients, en particulier pour les États-Unis et l'Australie, montrent que la relation est particulièrement forte. Pour ces deux pays, et également pour le Royaume-Uni, [cette relation est plus forte que celle unissant revenu et bien-être](https://ourworldindata.org/grapher/correlation-income-and-life-satisfaction). Évidemment, la relation entre santé mentale et bien-être fonctionne dans les deux sens : les personnes affectées de troubles mentaux ont des raisons d'être moins heureuses, mais aussi les personnes malheureuses ont très probablement plus de chances de développer des troubles mentaux. L'association entre les deux n'en demeure pas moins un élément fondamental pour qui veut agir sur l'une ou l'autre. <Chart url="https://ourworldindata.org/grapher/correlation-mental-illness-and-life-satisfaction"/> ### Événements de la vive Comment les grands événements de la vie influent-ils sur le bien-être subjectif ? Les recherches disponibles tendent à montrer un forte tendance des individus à revenir, assez rapidement, à un niveau de bien-être similaire à celui observé avant la survenue de l'événement (mariage, divorce, deuil, etc.). Clark _et al._ (2008) utilisent le Panel socio-économique allemand pour identifier les personnes exposées à un événement important dans leur vie personnelle ou professionnelle{ref}Clark, A. E., Diener, E., Georgellis, Y., & Lucas, R. E. (2008). "Lags and leads in life satisfaction: A test of the baseline hypothesis". _The Economic Journal_, 118(529).{/ref}. Le graphique ci-dessous résume leurs principaux résultats. Dans chaque panneau, la ligne rouge retrace la trajectoire moyenne du bien-être subjectif quelques années avant et après les différents types d'événements (les segments en noir restituent les intervalles de confiance). Toutes les trajectoires neutralisent les caractéristiques observables des individues, tels leur âge, niveau de diplôme ou revenus. On remarque en premier lieu que la plupart de ces événements ne surviennent pas spontanément : les gens se déclarent de moins en moins heureux dans les années précédent un divorce, et inversement se déclarent de plus en plus heureux les années précédent un mariage. En second lieu, on remarque que le plus souvent, les personnes s'adaptent à leur nouvelle situation, avec de grandes variations d'un individu à l'autre (les intervalles de confiance s'élargissent après l'événement). Dans le cas d'un divorce, la satisfaction de vie diminue fortement dans un premier temps, puis se redresse nettement et durablement. Le mariage illustre une dynamique inverse. Le fait de tomber au chômage fait exception, avec un impact négatif qui persiste dans la durée. <Image filename="Life-events-on-happiness.png" alt=""/> #### Handicap et satisfaction de vie Illustration de la résilience humaine aux événements, plusieurs études ont relevé que des personnes lourdement handicapées physiquement (des paraplégiques) ne se disaient pas spécialement plus malheureuses que les personnes valides (voir par exemple Brickman, Coates, and Janoff-Bulman, 1978).{ref}Brickman, P., Coates, D., & Janoff-Bulman, R. (1978). "Lottery winners and accident victims: Is happiness relative?". _Journal of personality and social psychology_, 36(8), 917. Chicago. Disponible [ici](https://static1.squarespace.com/static/54694fa6e4b0eaec4530f99d/t/54c6fbbae4b057e0ac944d2e/1422326714627/Lottery+winners+and+Accident+Victims.pdf).{/ref} Ce constat a des conséquences très pratique pour la manière d'envisager le bien-être, dans la manière de construire les politiques publiques mais aussi de calculer les dommages et intrérêts en cas d'accident conduisant à un handicap. Toutefois, on compare là deux populations différentes : paraplégiques et valides sont différents dans de nombreuses autres dimensions que leur degré de handicap. Il faut donc considérer des études de panel, où certaines personnes sont touchées par une réduction de leur validité. C'est ce que font Oswald and Powdthavee (2008), article dont est issu le graphique ci-dessous.{ref}Oswald, A. J., & Powdthavee, N. (2008). "Does happiness adapt? A longitudinal study of disability with implications for economists and judges". _Journal of public economics_, 92(5), 1061-1077.{/ref} Il représente la satisfaction de vie d'un groupe de personne ayant subi des accident qui les ont laissés sévèrement handicapés (au sens qu'ils n'ont plus été capables d'accomplir eux-mêmes les activités quotidiennes usuelles). Cette trajectoire est représentée par les moyennes un an avant l'accident (T-1), l'année de l'accident (T) et les deux années suivantes. On voit, et les auteurs le démontrent de manière plus complète par des techniques économétriques, que les personnes qui se retrouvent handicapées subissent une forte réduction de leur satisfaction de vie, mais que celle-ci se redresse en partie à partir de la deuxième année après l'accident. ###### Satisfaction de vie des personnes devenant sérieusement handicapées, BHPS 1996-2002 – Oswald and Powdthavee (2006) <Image filename="Disability-and-happiness-Oswald-and-Powdthavee-2006.png" alt=""/> Cela implique d'une part que la grande adaptabilité aux éléments communs de la vie se manifeste aussi, mais seulement en partie, pour les événements plus graves. Cette trajectoire indique aussi que l'accompagnement des personnes accidentées doit se concentrer sur l'année de la survenue de l'accident et aussi sur la suivante. ### Culture et société #### Culture et satisfaction de vie Les comparaisons entre pays suggèrent que la culture et l'histoire des populations ont une influence profonde sur leur bien-être, indépendamment de leur niveau de richesse ou d'éducation. À titre d'exemple, le graphique ci-dessous montrent que les pays d'Amérique Latine, assez similaires en termes d'histoire et de culture, ont en moyenne une satisfaction de vie plus élevée que des pays de niveau de richesse similaire (situés au même endroit sur l'axe horizontal). L'inverse s'observe lorsqu'on regarde les pays ex-soviétiques. <Image filename="continent-version-GDP-pc-vs-Happiness-By-culture.png" alt=""/> Plusieurs études académiques, principalement dans le domaine de la psychologie expérimentale, mettent en évidence d'autres phénomènes liant culture et bien-être. Par exemple, Diener and Suh (2002) écrivent : -- undefined À notre connaissance, il existe encore peu d'études décrivant sur une base quantitative les mécanismes liant culture et bonheur. Il semble toutefois intuitif de penser que des facteurs culturels façonnent ce que les gens entendent, individuellement et collectivement, quand ils parlent de bonheur ou de sens de la vie. #### Sentiment de liberté et satisfaction de vive Un élément central par lequel l'environnement sociale peut affecter le bonheur est la liberté : le degré de liberté de la société dans la quelle nous vivons détermine crucialement l'univers de possibles pour mener notre vie. Le graphique ci-dessous montre la relation entre le sentiment subjectif de liberté et la satisfaction de vie, sur la base du _[Gallup World Poll](http://www.gallup.com/services/170945/world-poll.aspx)_. La variable mesurant la satisfaction de vie est celle que nous avons utilisée tout au long de ce document. Celle mesurant la liberté correspond à la part des personnes dans chaque pays qui est en accord avec l'affirmation "Dans ce pays, je suis satisfait du degré de liberté dont je dispose pour choisir ce que je fais de ma vie".{ref}Pour être précis, le _Gallup World Poll_ demande : "In this country, are you satisfied or dissatisfied with your freedom to choose what you do with your life?"{/ref} La relation est claire et positive : les pays dans lesquels les personnes se sentent plus libres et en contrôle de leur vie ont aussi des niveaux moyens de satisfaction de vie plus élevés. Inglehart _et al._ (2008) montrent que cette relation persiste lorsqu'on neutralise les facteurs matériels ainsi que des facteurs culturels mesurables, comme le dregré de religiosité des populations.{ref}Inglehart, R., Foa, R., Peterson, C., & Welzel, C. (2008). "Development, freedom, and rising happiness: A global perspective (1981–2007)". _Perspectives on psychological science_, 3(4), 264-285.{/ref} De manière intéressante, le graphique montre aussi que s'il existe des pays où le sentiment de liberté est élevé et la satisfaction faible (le Rwanda par exemple), il n'existe aucun de pays où le sentiment de liberté serait faible et la satisfaction élevée. S'il n'existe pas d'étude démontrant rigoureusement les mécanismes causaux, il semble bien que le sentiment de liberté soit non seulement un déterminant de la satisfaction de vie, mais aussi une condition nécessaire pour l'atteinte d'un certain niveau de satisfaction à l'échelle d'un pays. <Image filename="Happiness-vs-Freedom-in-Your-Life.png" alt=""/> #### Influence des médias Plusieurs études ont montré qu'il existe un lien entre exposition à des nouvelles à caractères négatif et humeur. Johnston and Davey (1997) par exemple, ont modifié une courte émission de télévision pour y montrer selon les cas plutôt des contenus négatifs, neutres ou positifs.{ref} Johnston, W. M., & Davey, G. C. (1997). "The psychological impact of negative TV news bulletins: The catastrophizing of personal worries". _British Journal of Psychology_, 88(1), 85-91. {/ref} Les personnes ayant visionné la version présentant le plus de contenus négatifs étaient plus susceptibles de se dire tristes. Or, les médias ont une préférence marquées pour les événements négatifs (guerres, catastrophes, etc.) et pour une couverture négative des événements en général (voir, par exemple, Combs and Slovic 1979).{ref} Combs, B., & Slovic, P. (1979). "Newspaper coverage of causes of death". _Journalism Quarterly_, 56(4), 837-849.{/ref} Bien évidemment, l'humeur n'est pas identique à la satisfaction de vie. Cependant, les deux aspects sont intimement liés. Par ailleurs, notre évaluation du sens de notre vie ainsi que l'appréciation de notre satisfaction sont fortement influencées par l'image que nous avons de l'état du monde et de la société. Cette image est à son tour façonnée très largement pas les médias. Le biais médiatique favorable aux événements négatifs nous conduit donc très probablement à penser que ces événements sont beaucoup plus fréquents et probables qu'ils ne le sont en réalité.{ref}Riddle, 2010, "Always on my mind: Exploring how frequent, recent, and vivid television portrayals are used in the formation of social reality judgments." _Media Psychology_.{/ref} ## Qualité des données et mesures #### Peut-on réellement mesurer le bonheur ? Demander aux personnes ce qu'elles pensent et ressentent constitue la méthode la plus directe et la plus courante pour mesurer le bien-être subjectif. En pratique, les sciences sociales emploient pour ce faire des questions directes relatives au bonheur ou à la satisfaction de vie. Les premières mesurent plutôt les aspects émotionnels du bien-être ("je me sens heureux"), tandis que les secondes se réfèrent plus à une évaluation raisonnée du bien-être ("je pense que je vis une vis satisfaisante"). Ces évaluations subjectives du bien-être sont associées avec des manifestations extérieures, comme le sourire ou la gaieté, qui sont également associées à l'idée de bien-être. Dans (ce graphique)[https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Life-Satisfaction-vs-Laugh-Gallup.png] par exemple, on voit que les pays ayant le niveau de satisfaction les plus élevés sont aussi ceux où les personnes sourient le plus souvent. La psychologie expérimentale a également déterminé que l'évaluation du bien-être subjectif était associée avec les parties du cerveau activées par les sensations de plaisir et de satisfaction. Cliniquement, les personnes qui disent être heureuses dorment mieux et expriment plus souvent des émotions positives quand elles parlent. Le tableau ci-dessous, adapté de Kahneman and Krueger (2006) fournit une liste de variables pour lesquelles des recherches ont démontré une association avec l'évaluation subjective de bien-être. Corrélats d'une forte satisfaction de vie ou d'un haut niveau de bonheur : * Fréquence du sourire * Sourire du regard (expression des yeux associée au sourire sincère) * Évaluation pas des amis du niveau de bonheur * Parler fréquemment d'émotions positives * Sociabilité et extraversion * Qualité du sommeil * Bonheur des proches * Bon état de santé (évalué subjectivement) * Revenu élevé, et revenu élevé au sein du groupe de référence * Participation active à des activités religieuses * Événements positifs récents #### Quelles différences entre "satisfaction de vie" et "bonheur" ? Dans cette publication, nous nous sommes essentiellement appuyés tantôt sur des évaluations du bonheur, tantôt sur celles relatives à la satisfaction de vie. Si les deux sont des composantes centrales du bien-être, elles de sont pas interchangeables. Typiquement, la _World Value Survey_ comporte une question directe relative au bonheur : "Tout bien considéré, diriez-vous que vous êtes… (i) Très heureux, (ii) Assez heureux, (iii) Pas très heureux, (iv) Pas heureux du tout, (v) Ne sait pas" .{ref}[Questionnaire France 2006](http://www.worldvaluessurvey.org/WVSDocumentationWV5.jsp){/ref} Le _Gallup World Pool_ de son côté utilise l'échelle de 0 à 10 que nous avons décrite précédemment : "Imaginez une échelle avec des barreaux numérotés de zéro en bas à dix en haut. Le barreau du haut représente la meilleure vie possible pour vous, le le barreau du bas la pire vie possible pour vous. Sur quel barreau pensez-vous vous tenir à ce moment de votre vie ?" Comme le montre le graphique ci-dessous, les deux mesures sont très liées, mais pas identiques : des pays partageant un même score sur une mesure peuvent avoir des scores très différents dans l'autre. Ces écarts reflètent les deux aspects fondamentaux d'une bien-être : le côté émotionnel d'une part, le côté rationnel et cognitif d'autre part. La distinction entre ces deux côté n'est évidemment pas absolue, et les deux questions se recouvrent sur un certain nombre d'aspects. De ce fait, il est courant de construire des index de bien-être qui sont de simples moyennes de plusieurs questions relatives au bien-être. <Chart url="https://ourworldindata.org/grapher/Happiness-WVS-vs-Gallup"/> #### Peut-on se fier aux fier aux moyennes de bien-être ? Le plus souvent, les études de bien-être prennent comme point de départ la moyenne des réponses au sein d'une population donnée (pays, région, femmes, diplômés, etc.), comme nous l'avons fait ici pour la plupart des comparaisons entre pays. Quel sens donner à ces moyennes ? Les études disponibles nous apprennent que les enquêtes utilisant l'échelle de 0 à 10 (échelle de Cantril) se comportent raisonnablement bien sur ce point : les résultats sont sensiblement les mêmes qu'on demande aux personnes une évaluation numérique (de 0 à 10) ou qu'on leur propose une échelle textuelle (de "très mauvais" à "très bon").{ref}Ferrer‐i‐Carbonell, A., & Frijters, P. (2004). "How important is methodology for the estimates of the determinants of happiness?". _The Economic Journal_, 114(497), 641-659.{/ref} {ref}Van Praag, B.M.S. (1991). "Ordinal and cardinal utility: an integration of the two dimensions of the welfare concept", _Journal of Econometrics_, vol. 50, pp. 69–89.{/ref} Toutefois, les moyennes de bien-être doivent être employées avec toutes les précautions habituelles dans l'usage d'une moyenne en général. Ainsi, si on regarde le bonheur par génération dans un pays, il peut apparaître que les personnes plus âgées ne sont pas plus heureuses que les personnes plus jeunes. Ce résultat peut toutefois résulter de l'influence contradictoire de deux facteurs : l'effet d'âge (les personnes d'une génération donnée tendent à se dire plus heureuses au fur et à mesure qu'elles vieillissent) et l'effet de cohorte (quel que soit l'âge, les générations récentes sont plus heureuses que les générations plus anciennes). Si l'effet de cohorte est fort, on peut même avoir l'impression que les gens deviennent en moyenne plus malheureux avec l'âge, alors que chaque individu devient plus heureux avec l'âge. Il ne s'agit pas ici d'un exemple théorique : Sutin _et al._ (2013) ont montré sur des données américaines que les évaluations de bien-être subjectif augmentaient avec l'âge, quelle que soit la génération de naissance, mais que les niveaux moyens de bien-être étaient avant tout déterminés par le lieu de naissance (effet de cohorte).{ref}Sutin, A. R., Terracciano, A., Milaneschi, Y., An, Y., Ferrucci, L., & Zonderman, A. B. (2013). "The effect of birth cohort on well-being The legacy of economic hard times". _Psychological science_, 0956797612459658.{/ref} #### La barrière des langues Les différences linguistiques constituent à première vue un obstacle majeur dans les comparaisons de bien-être entre pays. La multiplicité des études suggère toutefois que le problème est moins important qu'il n'y paraît. Sur le plan de ce qui est mesuré, des entretiens au cours desquels les participants utilisaient des photos ou des vidéos pour évaluer l'état émotionnel des personnes (il devaient dire si la personne représentée était heureuse ou malheureuse) ont démontré que nous étions capables d'identifier cet état même chez des personnes culturellement éloignées de nous. Voir par exemple Sandvik _et al._, 1993 ou Diener et Lucas, 1999.{ref}Sandvik, E., Diener, E. and Seidlitz, L. (1993). "Subjective well-being: the convergence and stability of self and non self report measures", _Journal of Personality_, vol. 61, pp. 317–42. Diener, E. and Lucas, R.E. (1999). "Personality and subjective well-being", in Kahneman _et al._ (1999) chapter 11.{/ref} Les études ont également montré que les "émotions indigènes" (_indigeneous emotions_), pour lesquelles il n'existe pas d'équivalent dans une autre langue, ne sont pas ressenties plus fréquemment ou différemment des émotions pour lesquelles il existe un équivalent établi dans les autres langues (Scollon _et al._ 2005).{ref}Scollon, C. N., Diener, E., Oishi, S., & Biswas-Diener, R. (2004). "Emotions across cultures and methods". _Journal of cross-cultural psychology_, 35(3), 304-326.{/ref} Il semble donc exister un socle commun universel sur ce que les humain désignent pas "être heureux". De ce fait, les résultats d'enquêtes fournissent une information pertinente, bien que bruitée, pouvant servir de bases aux comparaisons entres groupes et entre pays. ### Sources de données #### Comparaisons entre pays #### World Happiness Report * **Données :**Moyennes payr pays de la satisfaction de vie (échelle de Cantril). * **Source : **Gallup World Poll * **Profondeur :** 2005-2022 * **Lien :**[World Happiness Report](http://worldhappiness.report/) #### Commission Européenne – Eurobarometre Interactif * **Données :**Satisfaction de vie (Question : _"On the whole are you very satisfied, fairly satisfied, not very satisfied or not at all satisfied with the life you lead ?"_) * **Périmètre géographique :**pays de l'Union * **Profondeur :** 1973 - 2015 * **Lien :**[http://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/index.cfm/Chart/index](http://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/index.cfm/Chart/index) #### The World Value Survey (WVS) * ** Données : **Bonheur et satisfaction de vie, ainsi que de nombreuses autres caractéristiques sociales et culturelles. Les données individuelles sont également accessibles publiquement. * **Périmètre géographique : **Une centaine de sociétés, représentant pratiquement 90% de la population mondiale, mais tous certains pays sont absent de certains vagues de l'enquête. * **Profondeur : **Par vagues, de 1981 à 2014 * **Lien :**[http://www.worldvaluessurvey.org/WVSDocumentationWVL.jsp](http://www.worldvaluessurvey.org/WVSDocumentationWVL.jsp) #### Pew Global Attitudes Survey * **Données : ** Satisfaction de vie (échelle de Cantril). Les tableau par pays donnent la distribution complète par score, permettant la construction d'histogrammes. * **Périmètre géographique :** 38,000 répondants dans 44 pays * **Profondeur : **Par vagues, à partir de 2002 * **Lien :**[www.pewglobal.org](http://www.pewglobal.org/question-search/?qid=365&cntIDs=&stdIDs=) #### Sources spécifiques à un pays donné, en accès libre #### US General Social Survey * **Données :**Séries temporelles sur le bonheur ainsi que sur un grand nombre d'autres caractéristiques sociales et culturelles. (Question: _"Taken all together, how would you say things are these days--would you say that you are very happy, pretty happy, or not too happy?"_) * **Périmètre géographique : **États-Unis * **Profondeur : **Enquêtes annuelles depuis 1972 * **Lien :**[https://gssdataexplorer.norc.org](https://gssdataexplorer.norc.org) #### British Office for National Statistics * **Données : **Évaluations subjectives du bien-être (satisfaction, sens de la vie, bonheur, angoisse), par âge, niveau de handicap, statut marital, ethnie, religion, sexe biologique et orientation sexuelle, utilisant l'enquête _Annual Population Survey_. * **Périmètre géographique :**Royaume-Uni et états associés * **Profondeur :**Par groupes (en 2017, le groupe 2013-2015 a été publié) * **Lien :**[https://gssdataexplorer.norc.org](https://gssdataexplorer.norc.org) #### Germany – Deutsche Post Glücksatlas * **Données : **Moyennes de satisfaction de vie au niveau régional * **Périmètre géographique : **Allemagne * **Profondeur : **Groupé (2012-2016 ou plus récent) * **Lien :**[http://www.gluecksatlas.de/](http://www.gluecksatlas.de/) #### Sources spécifiques à un pays donné, en accès restreint * [German socio-economic panel](http://www.eui.eu/Research/Library/ResearchGuides/Economics/Statistics/DataPortal/GSOEP.aspx) (SOEP) * [British Household Panel Survey](https://www.iser.essex.ac.uk/bhps/acquiring-the-data) (BHPS) * [Household, Income and Labour Dynamics in Australia survey](https://www.dss.gov.au/our-responsibilities/families-and-children/programmes-services/the-household-income-and-labour-dynamics-in-australia-hilda-survey) (HILDA) #### Archives de données et dépôts La _World Database of Happiness_, hébergée par l'_Erasmus University Rotterdam_[ici](http://www1.eur.nl/fsw/happiness/trendnat/framepage.htm), fournit un riche ensemble de données et de résultats concernant le bien-être. Elle est décrite par ses auteurs comme "une archive des résultats de recherche concernant l'évaluation subjective du bonheur d'être en vie". Cette archive regroupe des mesures d'inégalité de bien-être ainsi que des séries temporelle pour un large éventail de pays. On y trouve également des études liant le bien-être à pratiquement tous les déterminants imaginables. Elle fournit aussi une liste d'outils (apps) vous permettant d'enregistrer votre état de bien-être et de le comparer à celui d'autres personnes, et de suivre son évolution dans le temps. | { "id": 15123, "date": "2017-11-29T18:38:02", "guid": { "rendered": "https://ourworldindata.org/?page_id=15123" }, "link": "https://owid.cloud/bonheur-et-satisfaction", "meta": { "owid_publication_context_meta_field": [], "owid_key_performance_indicators_meta_field": [] }, "slug": "bonheur-et-satisfaction", "tags": [], "type": "page", "title": { "rendered": "Bonheur et satisfaction" }, "_links": { "self": [ { "href": "https://owid.cloud/wp-json/wp/v2/pages/15123" } ], "about": [ { "href": "https://owid.cloud/wp-json/wp/v2/types/page" } ], "author": [ { "href": "https://owid.cloud/wp-json/wp/v2/users/10", "embeddable": true } ], "curies": [ { "href": "https://api.w.org/{rel}", "name": "wp", "templated": true } ], "replies": [ { "href": "https://owid.cloud/wp-json/wp/v2/comments?post=15123", "embeddable": true } ], "wp:term": [ { "href": "https://owid.cloud/wp-json/wp/v2/categories?post=15123", "taxonomy": "category", "embeddable": true }, { "href": "https://owid.cloud/wp-json/wp/v2/tags?post=15123", "taxonomy": "post_tag", "embeddable": true } ], "collection": [ { "href": "https://owid.cloud/wp-json/wp/v2/pages" } ], "wp:attachment": [ { "href": "https://owid.cloud/wp-json/wp/v2/media?parent=15123" } ], "version-history": [ { "href": "https://owid.cloud/wp-json/wp/v2/pages/15123/revisions", "count": 27 } ], "wp:featuredmedia": [ { "href": "https://owid.cloud/wp-json/wp/v2/media/11424", "embeddable": true } ], "predecessor-version": [ { "id": 58312, "href": "https://owid.cloud/wp-json/wp/v2/pages/15123/revisions/58312" } ] }, "author": 10, "parent": 0, "status": "publish", "content": { "rendered": "\n<p><em>Adaptation fran\u00e7aise : Mathieu Perona</em></p>\n\n\n\n<div class=\"blog-info\">Cette page est une adaptation de <a href=\"https://ourworldindata.org/happiness-and-life-satisfaction/\">Happiness and Life Satisfaction</a>, par Esteban Ortiz-Ospina et Max Roser, <em>Our World in Data</em> dans sa r\u00e9vision de Mai 2017.\n<p> </p>\n<p>Adaptation par Mathieu Perona pour le compte de l’<a href=\"http://www.cepremap.fr/observatoire-bien-etre/\">Observatoire du Bien-\u00eatre du CEPREMAP</a>.</p>\n</div>\n\n\n\n<p>Les gens sont-ils heureux aujourd’hui ? L’\u00e9taient-ils plus dans le pass\u00e9 ? Comment les personnes \u00e9valuent-elles leurs conditions de vie dans des soci\u00e9t\u00e9s diff\u00e9rentes ? Et comment nos propres conditions de vie affectent-elles notre sensation de bonheur ou de satisfaction \u00e0 l’\u00e9gard de notre vie pr\u00e9sente ? Pour complexes qu’elles soient, ces questions nous touchent personnellement, et elles constitue un domaine central de recherches pour les sciences sociales, y compris pour la science \u00e9conomique la plus classique (<em>mainstream</em>).</p>\n\n\n\n<p>Les travaux de la <a href=\"http://ec.europa.eu/eurostat/documents/8131721/8131772/Stiglitz-Sen-Fitoussi-Commission-report.pdf\">Commission Stiglitz</a> ont port\u00e9 \u00e0 l’attention publique les recherches d\u00e9j\u00e0 anciennes visant \u00e0 compl\u00e9ter les m\u00e9triques habituelles de prosp\u00e9rit\u00e9 \u00e9conomique, comme le PIB par habitant, par des mesures du bien-\u00eatre subjectif des personnes. Mais comment mesure le bien-\u00eatre ? Est-il possible de comparer le bien-\u00eatre entre personnes vivant des des \u00e9poques, soci\u00e9t\u00e9s ou conditions diff\u00e9rentes ? Peut-on en tirer des indices qui nous indiqueraient ce qui fait que des personnes s’estiment heureuses ?</p>\n\n\n\n<p>Cette page pr\u00e9sente les donn\u00e9es et les \u00e9l\u00e9ments de preuve disponibles pour \u00e9clairer ces questions. Nous traiterons en particulier des enqu\u00eates sur le bien-\u00eatre subjectif, c’est-\u00e0-dire tel que d\u00e9clar\u00e9 par les personnes, ainsi que leur \u00e9valuation quant \u00e0 leur satisfaction de vie.</p>\n\n\n\n<p>Nous en tirons les enseignements-clefs suivants :</p>\n\n\n\n<ol><li>Nous disposons aujourd’hui d’un cadre m\u00e9thodologique faisant des questions directes sur le bonheur ou la satisfaction de vie un instrument de mesure satisfaisant du bien-\u00eatre subjectif.</li><li>La satisfaction de vie et le bonheur varient \u00e9norm\u00e9ment, que ce soit \u00e0 l’int\u00e9rieur d’un m\u00eame pays ou entre pays. Au premier regard, les enqu\u00eates d\u00e9montrent une tr\u00e8s grande dispersion des \u00e9valuations.</li><li>Les personnes ais\u00e9es ont en moyenne une \u00e9valuation plus positive de leur bonheur subjectif que n’en ont les personnes pauvres. Les pays plus riches ont en moyenne un niveau de bonheur subjectif plus \u00e9lev\u00e9, et dans le temps, les pays ayant connu une croissance \u00e9conomique durable ont vu leur niveau de bonheur augmenter. Ces s\u00e9ries sugg\u00e8rent que, tant au niveau individuel qu’au niveau du pays, le revenu et le bonheur subjectif \u00e9voluent dans la m\u00eame direction (sans que cela signifie que l’argent fasse le bonheur, les relations entre ces deux \u00e9l\u00e9ments sont, on va le voir, complexes).</li><li>Les grands \u00e9v\u00e9nements de la vie (mariage, enfants, divorce) affectent le bonheur subjectif, mais ont des effets de long terme \u00e9tonnamment courts. Ce constat sugg\u00e8re que les personnes tendent \u00e0 s’adapter assez rapidement aux changements non catastrophiques dans leurs conditions de vie.</li></ol>\n\n\n\n<h2>Approche empirique</h2>\n\n\n\n<h3>Comparaisons entre pays</h3>\n\n\n\n<h4>Le bonheur dans le monde, pays par pays</h4>\n\n\n\n<p>Le <em><a href=\"http://worldhappiness.report/\">World Happiness Report</a></em> constitue une des principales sources de comparaison du bonheur entre pays. R\u00e9dig\u00e9 par un groupe d’experts ind\u00e9pendants au sein du <em>Sustainable Development Solutions Network</em> mis en place par les Nations Unies, ce rapport annuel se fonde largement sur le <a href=\"http://analytics.gallup.com/213704/world-poll.aspx\">panel mondial de l’institut Gallup</a>. Ce dernier r\u00e9alise des enqu\u00eates aupr\u00e8s d’\u00e9chantillons repr\u00e9sentatifs dans plus de 160 pays et en 140 langues, sur la base de questions uniformis\u00e9es. La principale question pos\u00e9e est ainsi : “Imaginez une \u00e9chelle avec des barreaux num\u00e9rot\u00e9s de z\u00e9ro en bas \u00e0 dix en haut. Le barreau du haut repr\u00e9sente la meilleure vie possible pour vous, le le barreau du bas la pire vie possible pour vous. Sur quel barreau pensez-vous vous tenir \u00e0 ce moment de votre vie ?”. Connue sous le nom d’\u00e9chelle de Cantril, cette \u00e9valuation du bien-\u00eatre, ainsi que la formulation pr\u00e9cise de la question, constitue un standard commun pour les recherches sur le bien-\u00eatre subjectif.</p>\n\n\n\n<p>La carte ci-dessous repr\u00e9sente la moyenne des r\u00e9ponses des enqu\u00eat\u00e9s \u00e0 cette question. Comme pour l’\u00e9chelle, les valeurs dans la carte sont cod\u00e9es de z\u00e9ro \u00e0 dix. La carte est interactive, vous pouvez cliquer sur chaque pays pour visualiser l’\u00e9volution dans le temps de la satisfaction de vie pour ce pays.</p>\n\n\n\n<p>Les diff\u00e9rences entre pays sont flagrantes. Selon les donn\u00e9es les plus r\u00e9centes, les pays europ\u00e9ens sont en t\u00eate du classement ; la Finlande, le Danemark, l’Islande, la Suisse et les Pays-Bas ayant tous des moyennes sup\u00e9rieures \u00e0 7. La m\u00eame ann\u00e9e, les moyennes les plus faibles \u00e9taient enregistr\u00e9es sur le continent africain et au Moyen-Orient : en Afghanistan, au Liban, au Zimbabwe, au Rwanda et au Botswana (moyennes inf\u00e9rieures \u00e0 3,5).</p>\n\n\n\n<p>Il est \u00e9vident sur cette carte que la satisfaction de vie est li\u00e9e \u00e0 des mesures objectives des conditions de vie : les pays les plus riches et en meilleure sant\u00e9 affichent des scores moyens de satisfaction de vie plus \u00e9lev\u00e9s. Nous y reviendrons.</p>\n\n\n\n<figure><iframe loading=\"lazy\" style=\"width: 100%; height: 600px; border: 0px none;\" src=\"https://ourworldindata.org/grapher/happiness-cantril-ladder\" width=\"300\" height=\"150\">\n<p></p></iframe></figure>\n\n\n\n<h4>\u00c9volutions dans le temps : les enseignements de la <em>World Values Survey</em></h4>\n\n\n\n<p>La <em><a href=\"http://www.worldvaluessurvey.org/WVSDocumentationWV6.jsp\">World Values Survey</a></em> fournit \u00e9galement des mesures de bien-\u00eatre subjectif dans diff\u00e9rents pays. Elle constitue une source essentielle pour les comparaisons dans le temps car elle couvre depuis plus longtemps que le panel Gallup des pays non-europ\u00e9ens. Plus pr\u00e9cis\u00e9ment, elle collecte des donn\u00e9es \u00e0 partir d’un \u00e9chantillon d’enqu\u00eates nationales couvrant presque 100 pays, avec les enqu\u00eates les plus anciennes datant de 1981. Dans ces enqu\u00eates, on demande en particulier aux personnes : “Tout bien consid\u00e9r\u00e9, diriez-vous que vous \u00eates\u2026 (i) Tr\u00e8s heureux, (ii) Assez heureux, (iii) Pas tr\u00e8s heureux, (iv) Pas heureux du tout, (v) Ne sait pas”. Les courbes ci-dessous repr\u00e9sentent pour chaque pays la part des personnes qui se disent <em>tr\u00e8s heureuses</em> ou <em>assez heureuses</em>.</p>\n\n\n\n<p>Dans la plupart des pays, cette part augmente avec le temps. Dans 49 des 69 pays o\u00f9 au moins deux enqu\u00eates ont \u00e9t\u00e9 conduites, <a href=\"https://ourworldindata.org/grapher/share-who-say-happy-wvs-first-to-last\">l’observation la plus r\u00e9cente est plus \u00e9lev\u00e9e que la plus ancienne</a>. Dans certains cas, l’am\u00e9lioration est spectaculaire. Au Zimbabwe, la part des personnes s’estimant <em>tr\u00e8s heureuses</em> ou <em>assez heureuses</em> est pass\u00e9e de 56,4% en 2004 \u00e0 82,1% en 2014.</p>\n\n\n\n<figure><iframe loading=\"lazy\" style=\"width: 100%; height: 600px; border: 0px none;\" src=\"https://ourworldindata.org/grapher/share-of-people-who-say-they-are-happy\" width=\"300\" height=\"150\">\n<p></p></iframe></figure>\n\n\n\n<h4>\u00c9volution dans le temps : les enseignements de l’Eurobarom\u00e8tre</h4>\n\n\n\n<p>L’<a href=\"http://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/index.cfm/General/index/general/doChangeLocale/locale/fr/curEvent/General.index/\">Eurobarom\u00e8tre</a>, sous l’\u00e9gide de la Commission europ\u00e9enne, collecte depuis 1974 des donn\u00e9es sur la satisfaction de vie au sein d’enqu\u00eates d’opinion larges. Pour certains pays, ces enqu\u00eates ont \u00e9t\u00e9 men\u00e9es annuellement depuis plus de 40 ans. Le graphique ci-dessous montre, comme pr\u00e9c\u00e9demment, la part des personnes se disant <em>tr\u00e8s satisfaites</em> ou <em>assez satisfaites</em> de leurs conditions de vie courantes.</p>\n\n\n\n<p>La plus grande fr\u00e9quence et la meilleure profondeur permettent de mettre en \u00e9vidence deux points importants. Premi\u00e8rement, les \u00e9valuations de satisfaction de vie fluctuent autour d’une tendance. En France, cette tendance sur 1974 – 2016 est positive, mais avec des hauts et des bas assez marqu\u00e9s. Deuxi\u00e8mement, la tendance a \u00e9t\u00e9 positive pour la plupart des pays europ\u00e9ens. En r\u00e8gle g\u00e9n\u00e9rale, la part des personnes qui s’estiment satisfaites de leur vie a augment\u00e9 sur la dur\u00e9e de l’enqu\u00eate{ref}Pour \u00eatre pr\u00e9cis, dans 27 cas sur les 31 pour lesquels on dispose de plus de dix ans de donn\u00e9es, le point le plus r\u00e9cent est sup\u00e9rieur au premier point.{/ref}. La Gr\u00e8ce est une exception notable. Si vous l’ajoutez au graphique, vous constaterez qu’en 2007, 67% des Grecs se disaient satisfait de leur vie. Cinq ans apr\u00e8s, la crise a fait tomber cette part \u00e0 32,4%, et les am\u00e9liorations r\u00e9centes n’ont pas permis de retrouver le niveau d’avant la crise. C’est un cas unique, dans la mesure o\u00f9 le Portugal, qui avait atteint le m\u00eame point bas en 2011, est revenu aujourd’hui \u00e0 ses niveau d’avant-crise, et que la baisse pour l’Espagne ou l’Italie a \u00e9t\u00e9 nettement moins prononc\u00e9e.</p>\n\n\n\n<figure><iframe loading=\"lazy\" style=\"width: 100%; height: 600px; border: 0px none;\" src=\"https://ourworldindata.org/grapher/share-of-people-who-say-they-are-happy-Eurobarometer?country=FRA+GBR+GRC+PRT+ESP+ITA+IRL\" width=\"300\" height=\"150\">\n<p></p></iframe></figure>\n\n\n\n<h4>Au-del\u00e0 des moyennes : la distribution des \u00e9valuations de satisfaction de vie</h4>\n\n\n\n<p>La plupart des \u00e9tudes comparatives entre pays consid\u00e8rent essentiellement les moyennes, comme nous l’avons fait jusqu’ici. Toutefois, la distribution des r\u00e9ponses est au moins aussi importante que la moyenne. Illustrons ci-dessous la mani\u00e8re dont les enqu\u00eat\u00e9s ont r\u00e9pondu aux questions en repr\u00e9sentant la part des r\u00e9pondant pour chacune des modalit\u00e9s de 0 \u00e0 10. Chaque couleurs renvoie \u00e0 une r\u00e9gion du monde, et pour chaque r\u00e9gion, la distribution mondiale est repr\u00e9sent\u00e9e par les traits horizontaux.</p>\n\n\n\n<p>Ces graphiques montrent qu’en Afrique sub-saharienne, la r\u00e9gion pr\u00e9sentant les moyennes les plus faibles, l’ensemble de la distribution est d\u00e9cal\u00e9e vers la gauche par rapport \u00e0 celle de l’Europe. Cela signifie que quel quoi soit le seuil que utilis\u00e9 pour d\u00e9finir la part des personnes heureuses (au sens o\u00f9 une personne est dite heureuse si sa r\u00e9ponse est sup\u00e9rieur \u00e0 une valeur donn\u00e9e, 5 ou 7 sur l’\u00e9chelle par exemple), cette part sera toujours sup\u00e9rieure en Europe qu’en Afrique sub-saharienne. Le m\u00eame ph\u00e9nom\u00e8ne existe si on compare par exemple l’Am\u00e9rique du Nord avec l’Asie du Sud.</p>\n\n\n\n<p>Un autre point int\u00e9ressant est que la distribution des r\u00e9ponses en Am\u00e9rique latine (y. c. les Cara\u00efbes) montre un fort taux de r\u00e9ponses \u00e9lev\u00e9es, l’ensemble de la distribution \u00e9tant nettement \u00e0 droite de pays au niveau de vie comparable, par exemple ceux de l’Europe centrale et orientale. Il s’agit l\u00e0 de l’indice d’un ph\u00e9nom\u00e8ne plus profond : les pays d’Am\u00e9rique latine ont des niveaux de bien-\u00eatre subjectifs sup\u00e9rieur \u00e0 celui des autres pays de m\u00eame niveau de d\u00e9veloppement. Cela illustre l’importance de l’environnement social, la culture et l’histoire dans l’\u00e9valuation de la satisfaction de vie (nous y reviendrons).</p>\n\n\n\n<div class=\"wp-block-image\"><figure class=\"aligncenter size-full\"><a href=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/The-distribution-of-life-satisfaction.png\"><img loading=\"lazy\" width=\"3000\" height=\"3805\" src=\"https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/The-distribution-of-life-satisfaction.png\" alt=\"\" class=\"wp-image-11300\" srcset=\"https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/The-distribution-of-life-satisfaction.png 3000w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/The-distribution-of-life-satisfaction-118x150.png 118w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/The-distribution-of-life-satisfaction-315x400.png 315w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/The-distribution-of-life-satisfaction-768x974.png 768w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/The-distribution-of-life-satisfaction-434x550.png 434w\" sizes=\"(max-width: 3000px) 100vw, 3000px\" /></a></figure></div>\n\n\n\n<p>Si vous souhaitez aller plus loin, la “<a href=\"http://www.pewglobal.org/question-search/?qid=365&cntIDs=&stdIDs=\">Pew Global Attitudes Survey</a>” fournit des donn\u00e9es de distribution sur une quarantaire de pays.</p>\n\n\n\n<h4>Opinions et illusions sur le bonheur des autres</h4>\n\n\n\n<p>Il existe une tendance g\u00e9n\u00e9rale \u00e0 sous-estimer le bonheur des personnes qui nous entourent. Le graphique ci-dessous le montre de mani\u00e8re spectaculaire, en utilisant des donn\u00e9es de l’institut IPSOS, <em><a href=\"http://perils.ipsos.com/\">Perils of Perception</a></em>, qui a demand\u00e9 aux enqu\u00eat\u00e9s de deviner ce que les autres personnes de leur pays avaient r\u00e9pondu aux questions de la <em>World Value Survey</em>.</p>\n\n\n\n<p>Dans ce graphique, l’axe horizontal repr\u00e9sente la part r\u00e9elle des personnes s’estimant <em>tr\u00e8s heureuses</em> ou <em>assez heureuses</em> dans la <em>World Value Survey</em>. L’axe vertical repr\u00e9sente la r\u00e9ponse moyenne \u00e0 l’\u00e9valuation de cette valeur dans l’enqu\u00eate IPSOS (c’est-\u00e0-dire la r\u00e9ponse \u00e0 “Selon vous, quelle part des personnes de votre pays s’estiment tr\u00e8s ou assez heureuses ?”). Si les estimations \u00e9taient correctes, tous les points seraient sur ou tr\u00e8s proches de la diagonale. Or, nous voyons qu’ils sont mass\u00e9s vers le cadrant sud-est du graphique : partout, les r\u00e9pondants \u00e0 IPSOS ont sous-estim\u00e9 le niveau moyen de bonheur de leurs concitoyens, parfois dans des proportions importantes. Ainsi, en Cor\u00e9e du Sud, les r\u00e9pondants pensent en moyenne que 24% des Cor\u00e9ens du sud se disent heureux, alors qu’ils ont en fait 90% \u00e0 le faire. M\u00eame dans les pays les plus proches de la diagonale (le Canada et la Norv\u00e8ge), les gens pensent que 60% de leurs concitoyens se d\u00e9clarent heureux, alors que le taux de bonheur r\u00e9ellement d\u00e9clar\u00e9 le plus faible (celui de la Hongrie), est \u00e0 69%.</p>\n\n\n\n<div class=\"wp-block-image\"><figure class=\"aligncenter size-full\"><a href=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Happiness-of-others.png\"><img loading=\"lazy\" width=\"3000\" height=\"3000\" src=\"https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Happiness-of-others.png\" alt=\"\" class=\"wp-image-11310\" srcset=\"https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Happiness-of-others.png 3000w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Happiness-of-others-150x150.png 150w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Happiness-of-others-400x400.png 400w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Happiness-of-others-768x768.png 768w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Happiness-of-others-550x550.png 550w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Happiness-of-others-32x32.png 32w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Happiness-of-others-50x50.png 50w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Happiness-of-others-64x64.png 64w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Happiness-of-others-96x96.png 96w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Happiness-of-others-128x128.png 128w\" sizes=\"(max-width: 3000px) 100vw, 3000px\" /></a></figure></div>\n\n\n\n<p>Comment expliquer que tout le monde ait une repr\u00e9sentation aussi fausse et n\u00e9gative du bonheur ressenti par les autres ?</p>\n\n\n\n<p>Une possibilit\u00e9 est que les personnes directement interrog\u00e9es surestiment leur bonheur subjectif. L’\u00e9valuation du bonheur des autres serait alors l’indicateur correct de la v\u00e9ritable satisfaction de vie (mais pas de la satisfaction de vie ressentie). Toutefois, cela ne serait vrai que si les personnes qui sur-estiment leur propre bien-\u00eatre supposent dans le m\u00eame temps que tout les autres ne font pas de m\u00eame.</p>\n\n\n\n<p>Alternativement, il a \u00e9t\u00e9 d\u00e9montr\u00e9 (voir <em>infra</em>) que l’\u00e9valuation de notre niveau de bonheur par nos amis correspond assez bien \u00e0 notre propre \u00e9valuation, et que la plupart des personnes sont capables d’\u00e9valuer les \u00e9motions d’une personne sur la simple base de l’expression de son visage. De ce fait, une explication plus probable est que les gens tendent \u00e0 avoir une \u00e9valuation assez positive d’eux-m\u00eames, mais plus n\u00e9gative quand il s’agit de personnes qu’ils ne connaissent pas.</p>\n\n\n\n<p>Il a \u00e9t\u00e9 observ\u00e9 dans d’autres contextes, (et en France ce ph\u00e9nom\u00e8ne est particuli\u00e8rement fort), que les personnes peuvent \u00eatre en m\u00eame temps tr\u00e8s optimistes quant \u00e0 leur futur personnel, et tr\u00e8s pessimistes quant \u00e0 l’avenir de leur pays ou du monde.</p>\n\n\n\n<h3>\u00c0 l’int\u00e9rieur de chaque pays</h3>\n\n\n\n<h4>In\u00e9galit\u00e9s de satisfaction de vie entre Allemagne de l’Ouest et Allemagne de l’Est</h4>\n\n\n\n<p>Les moyennes nationales telles que nous les avons explor\u00e9es jusqu’ici masquent g\u00e9n\u00e9ralement des in\u00e9galit\u00e9s marqu\u00e9es \u00e0 l’int\u00e9rieur de chaque pays. Illustrons ce ph\u00e9nom\u00e8ne avec l’Allemagne (carte ci-dessous).</p>\n\n\n\n<p>Cette carte repr\u00e9sente la moyenne par Lander{ref}Dans certains cas, les donn\u00e9es sous-jacentes pr\u00e9sentent plusieurs moyennes pour un m\u00eame territoire (p. ex. le Bade et le W\u00fcrttemberg \u00e9taient trait\u00e9s comme deux entit\u00e9s diff\u00e9rentes). Dans ces cas, la carte restitue la moyenne des deux observations. D\u00e9tails disponibles dans <a rel=\"noreferrer noopener\" href=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Germany-happiness-data.xlsx\" target=\"_blank\">ce fichier</a>{/ref} de la satisfaction de vie subjective (toujours \u00e9valu\u00e9e de 0 \u00e0 10). L’ancienne fronti\u00e8re entre Allemagne de l’Est et Allemagne de l’Ouest appara\u00eet clairement, tout aussi clairement que dans les scores du parti d’extr\u00eame-droite <em>Alternativ f\u00fcr Deutschland</em> aux \u00e9lections de 2017.</p>\n\n\n\n<p>Plusieurs \u00e9tudes acad\u00e9miques se sont pench\u00e9es sur ce “gap de bonheur” en Allemagne en utilisant des enqu\u00eates plus pr\u00e9cises, par exemple le panel socio-\u00e9conomique allemand (par exemple Petrunyk and Pfeifer 2016.{ref}Petrunyk, I., & Pfeifer, C. (2016). “Life satisfaction in Germany after reunification: Additional insights on the pattern of convergence”. <em>Jahrb\u00fccher f\u00fcr National\u00f6konomie und Statistik</em>, 236(2), 217-239.{/ref}</p>\n\n\n\n<p> Ces \u00e9tudes fournissent deux enseignements-clefs :</p>\n\n\n\n<ol><li>D’abord, l’\u00e9cart s’est resserr\u00e9 au cours des ann\u00e9es r\u00e9centes, qu’il s’agisse des moyennes brutes ou des moyennes en comparant des personnes de m\u00eame milieu social et professionnel.</li><li>Les \u00e9carts de revenu et de taux de ch\u00f4mage contribuent de mani\u00e8re tr\u00e8s importante \u00e0 expliquer les \u00e9carts de satisfaction de vie. Cependant, m\u00eame apr\u00e8s neutralisation de ces diff\u00e9rences, l’\u00e9cart entre Est et Ouest persiste.</li></ol>\n\n\n\n<p>Ce dernier fait, que les d\u00e9terminants socio-\u00e9conomiques n’\u00e9puisent pas ce type de contraste, est un ph\u00e9nom\u00e8ne que l’on rencontre fr\u00e9quemment : la culture et l’histoire des populations constitue un \u00e9l\u00e9ment explicatif important. En particulier, les pays ex-sovi\u00e9tiques ont souvent des niveaux e bonheur subjectif plus faible que des pays \u00e0 des niveaux de vie comparables.</p>\n\n\n\n<div class=\"wp-block-image\"><figure class=\"aligncenter size-large\"><a href=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Germany-happiness-Gluecksatlas.png\"><img loading=\"lazy\" width=\"379\" height=\"550\" src=\"https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Germany-happiness-Gluecksatlas-379x550.png\" alt=\"\" class=\"wp-image-11335\" srcset=\"https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Germany-happiness-Gluecksatlas-379x550.png 379w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Germany-happiness-Gluecksatlas-103x150.png 103w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Germany-happiness-Gluecksatlas-276x400.png 276w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Germany-happiness-Gluecksatlas-768x1113.png 768w\" sizes=\"(max-width: 379px) 100vw, 379px\" /></a></figure></div>\n\n\n\n<h4>In\u00e9galit\u00e9s de bonheur dans les pays riches</h4>\n\n\n\n<p>La <em>General Social Survey</em> aux \u00c9tats-Unis couvre chaque ann\u00e9e un \u00e9chantillon de 1500 r\u00e9pondants, depuis 1972, et constitue une source fondamentale pour comprendre les \u00e9volutions de long terme dans ce pays.{ref}La GSS pose une question tr\u00e8s similaire \u00e0 celle de la <em>World Value Survey</em> : \u201cTaken all together, how would you say things are these days\u2014would you say that you are very happy, pretty happy, or not too happy?\u201d{/ref} Sur la base de cette enqu\u00eate, Stevenson and Wolfers (2008) montrent que si la moyenne am\u00e9ricaine est rest\u00e9e globalement stable, les in\u00e9galit\u00e9s dans le bien-\u00eatre subjectif ont significativement <em>diminu\u00e9</em> durant les derni\u00e8res d\u00e9cennies.{ref}Stevenson, Betsey, and Justin Wolfers. “Happiness inequality in the United States.” <em>The Journal of Legal Studies</em> 37.S2 (2008): S33-S79. Une version de travail est en acc\u00e8s libre <a rel=\"noreferrer noopener\" href=\"https://www.econstor.eu/bitstream/10419/35143/1/576953326.pdf\" target=\"_blank\">ici</a>.{/ref} Cette r\u00e9duction s’observe pour plusieurs d\u00e9finitions de l’in\u00e9galit\u00e9, qu’il s’agisse de la dispersion des r\u00e9ponses (une soci\u00e9t\u00e9 est d’autant plus in\u00e9gale que les r\u00e9ponses sont polaris\u00e9es vers les extr\u00eames) ou qu’il s’agisse des \u00e9carts entre groupes de population. Sur la p\u00e9riode de leur \u00e9tude, les deux tiers de l’\u00e9cart entre Am\u00e9ricains blancs et Africains-Am\u00e9ricains a disparu (m\u00eame si les premiers restent en moyenne plus heureux, m\u00eame apr\u00e8s neutralisation des \u00e9carts de dipl\u00f4me et de revenu), et l’\u00e9cart entre hommes et femmes (les femmes tendaient \u00e0 \u00eatre en moyenne un peu plus heureuses) a disparu.{ref}Ces r\u00e9sultats ont fait l’objet d’une discussions, dont on trouvera un bon r\u00e9sum\u00e9 (en anglais) sur le blog Freakonomics, <a rel=\"noreferrer noopener\" href=\"http://freakonomics.com/2007/10/01/why-are-women-so-unhappy/\" target=\"_blank\">gender gaps</a>.{/ref}</p>\n\n\n\n<p>Ces r\u00e9sultats corroborent ceux d’autres \u00e9tudes qui aboutissent aussi au constat d’une diminution des in\u00e9galit\u00e9s dans l’\u00e9valuation du bonheur (et de la satisfaction de vie). Les chercheurs ont en particulier not\u00e9 un lien positif entre croissance \u00e9conomique et r\u00e9duction de ces in\u00e9galit\u00e9s, m\u00eame dans les cas o\u00f9 la croissance \u00e9conomique s’est accompagn\u00e9e d’une augmentation des in\u00e9galit\u00e9s de revenu. Le graphique ci-dessous, issu de Clark, Fleche et Senik (2015) l’illustre sur un panel de pays d\u00e9velopp\u00e9s.{ref}Clark, Andrew E., Sarah Fl\u00e8che, and Claudia Senik. “Economic growth evens out happiness: Evidence from six surveys.” <em>Review of Income and Wealth</em> (2015). Une version de travail est disponible <a rel=\"noreferrer noopener\" href=\"http://eprints.lse.ac.uk/60530/1/dp1306.pdf\" target=\"_blank\">ici</a>{/ref}</p>\n\n\n\n<p>Dans ce graphique, l’in\u00e9galit\u00e9 est mesur\u00e9e par la dispersion des r\u00e9ponses (l’\u00e9cart-type pour \u00eatre pr\u00e9cis) \u00e0 la <em>World Value Survey</em>. La tendance \u00e0 la baisse de l’in\u00e9galit\u00e9 est patente, et dans leur article les auteurs montrent que l’inverse est vrai (les in\u00e9galit\u00e9s de bien-\u00eatre s’accentuent) dans les pays en r\u00e9cession.</p>\n\n\n\n<figure><iframe loading=\"lazy\" style=\"width: 100%; height: 600px; border: 0px none;\" src=\"https://ourworldindata.org/grapher/evolution-of-happiness-inequality-within-countries-during-periods-of-uninterrupted-economic-growth\" width=\"300\" height=\"150\"></iframe></figure>\n\n\n\n<p>Comment expliquer que les in\u00e9galit\u00e9s de bien-\u00eatre diminuent alors que les in\u00e9galit\u00e9s de revenu augmentent ? Pour les auteurs, une partie de la r\u00e9ponse tient dans le fait que la croissance \u00e9conomique permet de financer les services publics et autres biens publics, ce qui resserre la distribution de bien-\u00eatre. Cela est ind\u00e9pendant des in\u00e9galit\u00e9s de revenu dans la mesure o\u00f9 certains biens publics, comme un syst\u00e8me de sant\u00e9 publiques, affectent les revenus et le bien-\u00eatre de mani\u00e8re diff\u00e9rente.</p>\n\n\n\n<p>Une autre explication, plus sociologique, est que la croissance \u00e9conomique dans ces pays s’est traduite par une soci\u00e9t\u00e9 plus diversifi\u00e9e dans ses modes d’expression culturelle, avec une meilleure acceptations de certains comportements ou modes de vie. Cela a permis la convergence vers la moyenne de groupes stigmatis\u00e9s pour leur origine, leur sexualit\u00e9 ou leur apparence, au moment m\u00eame o\u00f9 les revenus, les go\u00fbts et les modes de consommations devenaient plus in\u00e9galitaires.</p>\n\n\n\n<h2>Corollaires, d\u00e9terminants et cons\u00e9quences du bien-\u00eatre</h2>\n\n\n\n<h3>Le revenus</h3>\n\n\n\n<h4>Plus un pays est riche, plus il est heureux (en moyenne)</h4>\n\n\n\n<p>Si on compare les pays \u00e0 une m\u00eame date, on voit imm\u00e9diatement que les pays disposant d’un revenu moyen par habitant plus \u00e9lev\u00e9 affichent des moyennes de satisfaction de vie \u00e9galement plus \u00e9lev\u00e9es. C’est ce qu’illustre le graphique ci-dessous, o\u00f9 chaque point repr\u00e9sente un pays. L’axe vertical restitue la moyenne de la satisfaction de vie dans ce pays (toujours de 0 \u00e0 10). L’axe horizontal repr\u00e9sente le PIB par habitant, en dollars, ajust\u00e9 des diff\u00e9rences de pouvoir d’achat. Par d\u00e9faut, l’\u00e9chelle est log-lin\u00e9aire, afin de pouvoir mieux comparer des pays de nivaux de richesse tr\u00e8s diff\u00e9rents. La relation s’affiche tr\u00e8s nettement, avec tous les pays qui s’organisent autour de la diagonale du graphique.</p>\n\n\n\n<figure><iframe loading=\"lazy\" style=\"width: 100%; height: 600px; border: 0px none;\" src=\"https://ourworldindata.org/grapher/gdp-vs-happiness\" width=\"300\" height=\"150\">\n<p></p></iframe></figure>\n\n\n\n<p>Cette relation tient si on neutralise l’effet d’autres caract\u00e9ristiques mesurables, comme la structure d\u00e9mographique (pour plus de d\u00e9tails, voir le <a href=\"http://worldhappiness.report/\">chapitre 2</a> du <em>World Happiness Report</em>). Nous allons voir que cela est \u00e9galement vrai dans le temps, et \u00e0 l’int\u00e9rieur de chaque pays.</p>\n\n\n\n<h4>Plus une personne est riche, plus elle estime \u00eatre heureuse</h4>\n\n\n\n<p>Le constat que les pays riches sont en moyenne plus heureux que les pays pauvres s’\u00e9tend \u00e0 l’int\u00e9rieur de chaque pays : une personne riche est en moyenne plus heureuse qu’une personne pauvre du m\u00eame pays. Le graphique ci-dessous illustre de ph\u00e9nom\u00e8ne. Chaque carr\u00e9 correspond \u00e0 un pays. \u00c0 l’int\u00e9rieur de chaque carr\u00e9, l’axe horizontal repr\u00e9sente le revenu. Nous disposons pour chaque pays de cinq points, correspondant aux quintiles de revenu (20% les plus pauvres, 20% suivants, etc.). L’axe horizontal repr\u00e9sente la moyenne des r\u00e9ponses \u00e0 la question sur la satisfaction de vie (toujours de \u00e0 10).</p>\n\n\n\n<p>Dans tous les cas, la courbe reliant ces points est croissante : les personnes des cat\u00e9gories de revenu plus \u00e9lev\u00e9es donnent une r\u00e9ponse moyenne plus \u00e9lev\u00e9e que celles des cat\u00e9gories de revenu moins \u00e9lev\u00e9. La forme pr\u00e9cise de la courbe varie toutefois d’un pays \u00e0 l’autre.</p>\n\n\n\n<div class=\"wp-block-image\"><figure class=\"aligncenter is-resized\"><a href=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Happiness-by-Income-Quintiles-Small-Multiples.png\"><img loading=\"lazy\" src=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Happiness-by-Income-Quintiles-Small-Multiples-712x550.png\" alt=\"\" class=\"wp-image-11330\" width=\"712\" height=\"550\"/></a></figure></div>\n\n\n\n<p>Le graphique suivant restitue les m\u00eames donn\u00e9es, mais avec tous les pays sur le m\u00eame graphique. Si la relation dans chaque pays y est moins lisible, la relation g\u00e9n\u00e9rale appara\u00eet tr\u00e8s clairement.</p>\n\n\n\n<div class=\"wp-block-image\"><figure class=\"aligncenter\"><a href=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Happiness-across-income-distribution.png\"><img loading=\"lazy\" width=\"750\" height=\"525\" src=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Happiness-across-income-distribution-750x525.png\" alt=\"\" class=\"wp-image-11425\" srcset=\"https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Happiness-across-income-distribution-750x525.png 750w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Happiness-across-income-distribution-150x105.png 150w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Happiness-across-income-distribution-400x280.png 400w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Happiness-across-income-distribution-768x538.png 768w\" sizes=\"(max-width: 750px) 100vw, 750px\" /></a></figure></div>\n\n\n\n<h4>Un instantan\u00e9 de la relation entre revenu et bien-\u00eatre</h4>\n\n\n\n<p>Dans le graphique ci-dessous, nous combinons les trois graphiques pr\u00e9c\u00e9dents en un seul, afin de rassembler ce que nous avons constat\u00e9 sur les comparaisons entre pays avec ce que nous avons constat\u00e9 \u00e0 l’int\u00e9rieur de chaque pays. L’axe horizontal repr\u00e9sente le PIB par habitant, l’axe vertical la r\u00e9ponde moyenne \u00e0 la question sur la satisfaction de vie. Pour chaque pays, nous ajoutons une fl\u00e8che. La direction de la fl\u00e8che indique la force de la relation entre le revenu et la satisfaction de vie pour ce pays : plus la fl\u00e8che pointe vers le faut, plus cette relation est forte{ref}Pour \u00eatre pr\u00e9cis, le gradient correspond, pays par pays, au coefficient de r\u00e9gression entre les quintiles de revenu et la satisfaction de vie moyenne pour chaque quintile.{/ref}. On retrouve ainsi les deux \u00e9l\u00e9ments : l’organisation des points autour de la diagonale, signifiant que les pays plus riches ont des niveaux de satisfaction de vie plus \u00e9lev\u00e9s, et des fl\u00e8ches qui pointent globalement dans la m\u00eame direction : dans chaque pays, les riches se disent plus heureux que les pauvres.</p>\n\n\n\n<div class=\"wp-block-image\"><figure class=\"aligncenter\"><a href=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/GDP-vs-Happiness-and-gradient-within-countries.png\"><img loading=\"lazy\" width=\"709\" height=\"550\" src=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/GDP-vs-Happiness-and-gradient-within-countries-709x550.png\" alt=\"\" class=\"wp-image-11424\" srcset=\"https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/GDP-vs-Happiness-and-gradient-within-countries-709x550.png 709w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/GDP-vs-Happiness-and-gradient-within-countries-150x116.png 150w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/GDP-vs-Happiness-and-gradient-within-countries-400x310.png 400w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/GDP-vs-Happiness-and-gradient-within-countries-768x596.png 768w\" sizes=\"(max-width: 709px) 100vw, 709px\" /></a></figure></div>\n\n\n\n<p>Il est important de noter que l’axe horizontal est logarithmique. Cela signifie que plus on augmente en PIB/habitant, plus l’augmentation de bien-\u00eatre pour une augmentation de richesse donn\u00e9e est faible.</p>\n\n\n\n<p>Globalement, ce graphique d\u00e9montre deux \u00e9l\u00e9ments :</p>\n\n\n\n<ol><li>\u00c0 aucun point on n’observe de rupture de la relation entre revenu et bien-\u00eatre (le mouvement d’ensemble n’est jamais plat).</li><li>Un doublement du revenu est en gros associ\u00e9 \u00e0 la m\u00eame augmentation de la satisfaction quel que soit la position dans la distribution globale.</li></ol>\n\n\n\n<p>Des \u00e9tudes de r\u00e9f\u00e9rence (par exemple Stevenson and Wolfers, 2008) montrent que ces relations sont robustes, c’est-\u00e0-dire qu’elles continuent de fonctionner si on neutralise les caract\u00e9ristiques observables des pays, comme la structure d\u00e9mographique, ou qu’on consid\u00e8re diff\u00e9rents jeu de donn\u00e9es, ou d’autres questions relatives au bien-\u00eatre.{ref}Stevenson, B. and Wolfers, J. (2008). “Economic growth and subjective well-being: Reassessing the Easterlin Paradox”. <em>Brookings Papers on Economic Activity</em>, 1-87. Une version de travail est disponible <a rel=\"noreferrer noopener\" href=\"https://www.econstor.eu/bitstream/10419/26439/1/577841831.PDF\" target=\"_blank\">ici</a>. {/ref}</p>\n\n\n\n<h4>Croissance \u00e9conomique et bien-\u00eatre</h4>\n\n\n\n<p>Les graphiques ci-dessus d\u00e9montrent une relation \u00e0 un instant donn\u00e9 entre revenu et bien-\u00eatre. Une relation du m\u00eame type, quoique moins forte, relie la croissance \u00e9conomique et le bien-\u00eatre. En d’autres termes, quand un pays s’enrichit, la moyenne des r\u00e9ponses des questions sur le bien-\u00eatre augmente. Le graphique suivant utilise la <em>World Value Survey</em> pour repr\u00e9senter la croissance du PIB/habitant (axe horizontal) et la part des personnes d’un pays qui se disent <em>tr\u00e8s heureuses</em> ou <em>assez heureuses</em>. Pour chaque pays, on repr\u00e9sente le premier et le dernier point disponible{ref}L’Egypte, pr\u00e9sente dans la base de donn\u00e9e, a \u00e9t\u00e9 exclues dans la mesure o\u00f9 la derni\u00e8re observation, dat\u00e9e de 2014, repdrend des donn\u00e9es de 2012, collect\u00e9e lors d’une p\u00e9riode de tr\u00e8s forte instanilit\u00e9.{/ref}.</p>\n\n\n\n<p>Il appara\u00eet clairement que les pays qui connaissent une croissance \u00e9conomique voient aussi cro\u00eetre la part de leur population qui s’estime heureuse. Comme pr\u00e9c\u00e9demment, on peut d\u00e9montrer que cette relation persiste quand on neutralise les effets de structure d\u00e9mographiques et autres caract\u00e9ristiques observables des pays (Stevenson and Wolfers (2008)).</p>\n\n\n\n<p>Il faut noter ici que cette relation est vraie <em>en moyenne</em>. Certains pays connaissent des p\u00e9riodes de croissance sans progression du bien-\u00eatre, les \u00c9tats-Unis de la derni\u00e8re d\u00e9cennie \u00e9tant un exemple fondamental.</p>\n\n\n\n<div class=\"wp-block-image\"><figure class=\"aligncenter\"><a href=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Inc-vs-Happiness-over-time.png\"><img loading=\"lazy\" width=\"750\" height=\"525\" src=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Inc-vs-Happiness-over-time-750x525.png\" alt=\"\" class=\"wp-image-11431\" srcset=\"https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Inc-vs-Happiness-over-time-750x525.png 750w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Inc-vs-Happiness-over-time-150x105.png 150w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Inc-vs-Happiness-over-time-400x280.png 400w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Inc-vs-Happiness-over-time-768x538.png 768w\" sizes=\"(max-width: 750px) 100vw, 750px\" /></a></figure></div>\n\n\n\n<h4>Le Paradoxe d’Easterlin</h4>\n\n\n\n<p>Cette observation que la croissance \u00e9conomique n’entra\u00eene pas toujours une progression du bien-\u00eatre fut faite pour la premi\u00e8re fois dans les ann\u00e9es 1970 par Richard Easterlin. Depuis, ce constat, baptis\u00e9 “Paradoxe d’Easterlin” a fait l’objet d’une vive discussion.</p>\n\n\n\n<p>Au coeur de ce paradoxe se tient le fait que si les pays riches tendent \u00e0 avoir des niveaux de bien-\u00eatre plus \u00e9lev\u00e9s, ces niveaux n’ont pas ou peu augment\u00e9 au cours des ann\u00e9es 1970, pourtant d\u00e9cennie de forte croissance. De ce fait, la dynamique constat\u00e9e sur les pays riches au cours du temps semblait contradictoire avec les enseignements tir\u00e9s de la comparaison instantan\u00e9e entre pays.</p>\n\n\n\n<p>Une partie de l’explication tient \u00e0 ce qu’Easterlin et la premi\u00e8re g\u00e9n\u00e9ration de chercheurs s’int\u00e9ressant \u00e0 ces sujets utilisaient majoritairement des donn\u00e9es venues des \u00c9tats-Unis et du Japon. Or, le mode de construction de ces donn\u00e9es explique une partie de cette contradiction.</p>\n\n\n\n<p>Commen\u00e7ons par le cas du Japon. Les premi\u00e8res questions relatives au bien-\u00eatre remontent \u00e0 1958, et refl\u00e8tent une grande stabilit\u00e9 du bien-\u00eatre subjectif, alors que le Japon a connu une croissance \u00e9conomique exceptionnelle jusqu’aux ann\u00e9es 1980 (voir par exemple <a href=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2013/05/mean-subjective-well-being-japan-1958-1987-easterlin-in-land-michalos-and-sirgy-ed-2011.png\">ce graphique</a> tir\u00e9 de Easterlin and Angelescu, 2011).{ref}R.A. Easterlin and L. Angelescu \u2013 “Modern Economic Growth and Quality of Life: Cross-Sectional and Time Series Evidence” in Land, Michalos, and Sirgy (ed.) (2011) \u2013 <em>Handbook of Social Indicators and Quality of Life Research</em>. Springer.{/ref} Si on regarde plus pr\u00e9cis\u00e9ment ces donn\u00e9es toutefois, il appara\u00eet que les choses sont plus complexes.</p>\n\n\n\n<p>Stevenson and Wolfers (2008) ont ainsi montr\u00e9 que la formulation de la question dans l’enqu\u00eate japonaise a chang\u00e9 au cours du temps.{ref}Stevenson, B. and Wolfers, J. (2008). “Economic growth and subjective well-being: Reassessing the Easterlin Paradox”. <em>Brookings Papers on Economic Activity</em>, 1-87. Une version de travail est disponible <a rel=\"noreferrer noopener\" href=\"https://www.econstor.eu/bitstream/10419/26439/1/577841831.PDF\" target=\"_blank\">ici</a>. {/ref} Cela rend difficile, en fait pratiquement impossible, de suivre les \u00e9volutions sur l’ensemble de la p\u00e9riode. Le graphique ci-dessous repr\u00e9sente les r\u00e9ponses \u00e0 la question relative au bien-\u00eatre en faisant appara\u00eetre les ann\u00e9es o\u00f9 la formulation de la question a chang\u00e9. On voit que sur chaque sous-p\u00e9riode o\u00f9 la question reste la m\u00eame, la relation croissante entre PIB par habitant et satisfaction de vie est croissante, et que c’est un effet de changement de base quand on change la question qui donne l’illusion d’une stabilit\u00e9.</p>\n\n\n\n<h6>PIB par habitant et satisfaction de vie suivant les formulation des questions, Japon, 1958-2007 \u2013 Stevenson and Wolfers (2008){ref}Graphique tir\u00e9 de Stevenson B, Wolfers J (2008) – “Economic Growth and Subjective Well-Being: Reassessing the Easterlin Paradox”. <em>Brookings Paper Econ Activ</em> 2008 (Spring):1\u201387. Source des donn\u00e9es : Life in Nation surveys, 1958\u20132007. Remarque des auteurs : “Les s\u00e9ries dans chacun des panneaux restituent les r\u00e9ponses \u00e0 une question diff\u00e9rente relative \u00e0 la satisdaction de vie, et de ce fait les comparaisons ne peuvent se faire qu’\u00e0 l’int\u00e9rieure d’un m\u00eame panneau. Le PIB par habitant est calcul\u00e9 en dollars 2000 constants ajust\u00e9s de la parit\u00e9 de pouvoir d’achat.”{/ref}</h6>\n\n\n\n<p></p>\n\n\n\n<div class=\"wp-block-image\"><figure class=\"aligncenter\"><a href=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2013/05/Life-Satisfaction-and-GDP-per-Capita-over-Time-in-Japan-Stevenson-Wolfers.png\"><img loading=\"lazy\" width=\"1097\" height=\"801\" src=\"//ourworldindata.org/app/uploads/2013/05/Life-Satisfaction-and-GDP-per-Capita-over-Time-in-Japan-Stevenson-Wolfers.png\" alt=\"\" class=\"wp-image-1573\" srcset=\"https://owid.cloud/app/uploads/2013/05/Life-Satisfaction-and-GDP-per-Capita-over-Time-in-Japan-Stevenson-Wolfers.png 1097w, https://owid.cloud/app/uploads/2013/05/Life-Satisfaction-and-GDP-per-Capita-over-Time-in-Japan-Stevenson-Wolfers-300x219.png 300w, https://owid.cloud/app/uploads/2013/05/Life-Satisfaction-and-GDP-per-Capita-over-Time-in-Japan-Stevenson-Wolfers-1024x747.png 1024w\" sizes=\"(max-width: 1097px) 100vw, 1097px\" /></a></figure></div>\n\n\n\n<p>Dans le cas des \u00c9tats-Unis, l’explication est diff\u00e9rente, li\u00e9e \u00e0 la structure m\u00eame de la croissance. En effet, la croissance \u00e9conomique au cours des \u00c9tats-Unis des derni\u00e8res d\u00e9cennies n’a pas b\u00e9n\u00e9fici\u00e9 \u00e0 la majorit\u00e9 de la population. Les in\u00e9galit\u00e9s de revenu sont exceptionnellement \u00e9lev\u00e9es dans ce pays et ont augment\u00e9 tout au cours des quarante derni\u00e8res ann\u00e9es, le revenu des m\u00e9nages m\u00e9dians croissant beaucoup plus lentement que les revenus des 10% les plus riches. De ce fait, la croissance du PIB/habitant ne refl\u00e8te pas bien dans le cas des \u00c9tats-Unis la croissance, beaucoup plus faible, du niveau de vie de la majorit\u00e9 de la population.</p>\n\n\n\n<h3>Bien-\u00eatre et sant\u00e9</h3>\n\n\n\n<h4>Esp\u00e9rance de vie et satisfaction de vive</h4>\n\n\n\n<p>La sant\u00e9 constitue un pr\u00e9dicteur important de la satisfaction de vie, qu’on compare les pays entre aux ou au sein de chaque pays. Le graphique suivant illustre la comparaison entre pays. Chaque point repr\u00e9sente un pays. L’axe vertical repr\u00e9sente l’esp\u00e9rance de vie \u00e0 la naissance et l’axe horizontal la satisfaction de vie (de 0 \u00e0 10, toujours). L’organisation des points autour de la diagonale d\u00e9montre que la relation entre ces deux grandeurs est forte et positive : les pays o\u00f9 les gens vivent plus longtemps ont une satisfaction de vie moyenne sup\u00e9rieure. La m\u00eame relation existe avec d’autres m\u00e9triques de sant\u00e9, comme la <a href=\"https://ourworldindata.org/grapher/life-satisfaction-vs-child-mortality\">mortalit\u00e9 infantile</a>.</p>\n\n\n\n<p>Bien \u00e9videmment, de nombreux autres facteurs contribuent \u00e0 cette relation positive : en g\u00e9n\u00e9ral, les pays avec une plus longue esp\u00e9rance de vie sont aussi plus riches (c’est par exemple le cas du Japon par rapport \u00e0 la France, mais pas des \u00c9tats-Unis). Il est toutefois possible de montrer que la relation persiste apr\u00e8s neutralisation des effets de revenu et de d\u00e9mographie, et m\u00eame l’existence d’une protection sociale d\u00e9velopp\u00e9e (voir le <a href=\"http://worldhappiness.report/\">chapitre 2</a> du <em>World Happiness Report</em>).</p>\n\n\n\n<figure><iframe loading=\"lazy\" style=\"width: 100%; height: 600px; border: 0px none;\" src=\"https://ourworldindata.org/grapher/life-satisfaction-vs-life-expectancy\" width=\"300\" height=\"150\">\n<p></p></iframe></figure>\n\n\n\n<h4>Sant\u00e9 mentale et bien-\u00eatre</h4>\n\n\n\n<p>La relation positive entre esp\u00e9rance de vie et bien-\u00eatre subjectif s’\u00e9tend \u00e0 la sant\u00e9 mentale. Le graphique ci-dessous mesure l’ampleur de la relation entre la satisfaction de vie et la sant\u00e9 mentale, une fois qu’on neutralise l’effet de la sant\u00e9 physique, du revenu, du dipl\u00f4me, etc. En d’autres termes, chaque barre mesure la force de la corr\u00e9lation entre les troubles mentaux (ici mesur\u00e9s par les \u00e9pisode de d\u00e9pression et d’angoisse) et la satisfaction de vie. Ces valeurs sont n\u00e9gatives, indiquant que les personnes diagnostiqu\u00e9es d\u00e9pressives ou sujettes \u00e0 des crises d’angoisse d\u00e9clarent en moyenne des niveaux de satisfaction de vie moins \u00e9lev\u00e9s.</p>\n\n\n\n<p>L’ampleur des coefficients, en particulier pour les \u00c9tats-Unis et l’Australie, montrent que la relation est particuli\u00e8rement forte. Pour ces deux pays, et \u00e9galement pour le Royaume-Uni, <a href=\"https://ourworldindata.org/grapher/correlation-income-and-life-satisfaction\">cette relation est plus forte que celle unissant revenu et bien-\u00eatre</a>.</p>\n\n\n\n<p>\u00c9videmment, la relation entre sant\u00e9 mentale et bien-\u00eatre fonctionne dans les deux sens : les personnes affect\u00e9es de troubles mentaux ont des raisons d’\u00eatre moins heureuses, mais aussi les personnes malheureuses ont tr\u00e8s probablement plus de chances de d\u00e9velopper des troubles mentaux. L’association entre les deux n’en demeure pas moins un \u00e9l\u00e9ment fondamental pour qui veut agir sur l’une ou l’autre.</p>\n\n\n\n<figure><iframe loading=\"lazy\" style=\"width: 100%; height: 600px; border: 0px none;\" src=\"https://ourworldindata.org/grapher/correlation-mental-illness-and-life-satisfaction\" width=\"300\" height=\"150\">\n<p></p></iframe></figure>\n\n\n\n<h3>\u00c9v\u00e9nements de la vive</h3>\n\n\n\n<p>Comment les grands \u00e9v\u00e9nements de la vie influent-ils sur le bien-\u00eatre subjectif ? Les recherches disponibles tendent \u00e0 montrer un forte tendance des individus \u00e0 revenir, assez rapidement, \u00e0 un niveau de bien-\u00eatre similaire \u00e0 celui observ\u00e9 avant la survenue de l’\u00e9v\u00e9nement (mariage, divorce, deuil, etc.).</p>\n\n\n\n<p>Clark <em>et al.</em> (2008) utilisent le Panel socio-\u00e9conomique allemand pour identifier les personnes expos\u00e9es \u00e0 un \u00e9v\u00e9nement important dans leur vie personnelle ou professionnelle{ref}Clark, A. E., Diener, E., Georgellis, Y., & Lucas, R. E. (2008). “Lags and leads in life satisfaction: A test of the baseline hypothesis”. <em>The Economic Journal</em>, 118(529).{/ref}. Le graphique ci-dessous r\u00e9sume leurs principaux r\u00e9sultats. Dans chaque panneau, la ligne rouge retrace la trajectoire moyenne du bien-\u00eatre subjectif quelques ann\u00e9es avant et apr\u00e8s les diff\u00e9rents types d’\u00e9v\u00e9nements (les segments en noir restituent les intervalles de confiance). Toutes les trajectoires neutralisent les caract\u00e9ristiques observables des individues, tels leur \u00e2ge, niveau de dipl\u00f4me ou revenus.</p>\n\n\n\n<p>On remarque en premier lieu que la plupart de ces \u00e9v\u00e9nements ne surviennent pas spontan\u00e9ment : les gens se d\u00e9clarent de moins en moins heureux dans les ann\u00e9es pr\u00e9c\u00e9dent un divorce, et inversement se d\u00e9clarent de plus en plus heureux les ann\u00e9es pr\u00e9c\u00e9dent un mariage.</p>\n\n\n\n<p>En second lieu, on remarque que le plus souvent, les personnes s’adaptent \u00e0 leur nouvelle situation, avec de grandes variations d’un individu \u00e0 l’autre (les intervalles de confiance s’\u00e9largissent apr\u00e8s l’\u00e9v\u00e9nement). Dans le cas d’un divorce, la satisfaction de vie diminue fortement dans un premier temps, puis se redresse nettement et durablement. Le mariage illustre une dynamique inverse. Le fait de tomber au ch\u00f4mage fait exception, avec un impact n\u00e9gatif qui persiste dans la dur\u00e9e.</p>\n\n\n\n<div class=\"wp-block-image\"><figure class=\"aligncenter\"><a href=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Life-events-on-happiness.png\"><img loading=\"lazy\" width=\"750\" height=\"525\" src=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Life-events-on-happiness-750x525.png\" alt=\"\" class=\"wp-image-11420\" srcset=\"https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Life-events-on-happiness-750x525.png 750w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Life-events-on-happiness-150x105.png 150w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Life-events-on-happiness-400x280.png 400w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Life-events-on-happiness-768x538.png 768w\" sizes=\"(max-width: 750px) 100vw, 750px\" /></a></figure></div>\n\n\n\n<h4>Handicap et satisfaction de vie</h4>\n\n\n\n<p>Illustration de la r\u00e9silience humaine aux \u00e9v\u00e9nements, plusieurs \u00e9tudes ont relev\u00e9 que des personnes lourdement handicap\u00e9es physiquement (des parapl\u00e9giques) ne se disaient pas sp\u00e9cialement plus malheureuses que les personnes valides (voir par exemple Brickman, Coates, and Janoff-Bulman, 1978).{ref}Brickman, P., Coates, D., & Janoff-Bulman, R. (1978). “Lottery winners and accident victims: Is happiness relative?”. <em>Journal of personality and social psychology</em>, 36(8), 917. Chicago. Disponible <a rel=\"noreferrer noopener\" href=\"https://static1.squarespace.com/static/54694fa6e4b0eaec4530f99d/t/54c6fbbae4b057e0ac944d2e/1422326714627/Lottery+winners+and+Accident+Victims.pdf\" target=\"_blank\">ici</a>.{/ref} Ce constat a des cons\u00e9quences tr\u00e8s pratique pour la mani\u00e8re d’envisager le bien-\u00eatre, dans la mani\u00e8re de construire les politiques publiques mais aussi de calculer les dommages et intr\u00e9r\u00eats en cas d’accident conduisant \u00e0 un handicap. Toutefois, on compare l\u00e0 deux populations diff\u00e9rentes : parapl\u00e9giques et valides sont diff\u00e9rents dans de nombreuses autres dimensions que leur degr\u00e9 de handicap. Il faut donc consid\u00e9rer des \u00e9tudes de panel, o\u00f9 certaines personnes sont touch\u00e9es par une r\u00e9duction de leur validit\u00e9.</p>\n\n\n\n<p>C’est ce que font Oswald and Powdthavee (2008), article dont est issu le graphique ci-dessous.{ref}Oswald, A. J., & Powdthavee, N. (2008). “Does happiness adapt? A longitudinal study of disability with implications for economists and judges”. <em>Journal of public economics</em>, 92(5), 1061-1077.{/ref} Il repr\u00e9sente la satisfaction de vie d’un groupe de personne ayant subi des accident qui les ont laiss\u00e9s s\u00e9v\u00e8rement handicap\u00e9s (au sens qu’ils n’ont plus \u00e9t\u00e9 capables d’accomplir eux-m\u00eames les activit\u00e9s quotidiennes usuelles). Cette trajectoire est repr\u00e9sent\u00e9e par les moyennes un an avant l’accident (T-1), l’ann\u00e9e de l’accident (T) et les deux ann\u00e9es suivantes. On voit, et les auteurs le d\u00e9montrent de mani\u00e8re plus compl\u00e8te par des techniques \u00e9conom\u00e9triques, que les personnes qui se retrouvent handicap\u00e9es subissent une forte r\u00e9duction de leur satisfaction de vie, mais que celle-ci se redresse en partie \u00e0 partir de la deuxi\u00e8me ann\u00e9e apr\u00e8s l’accident.</p>\n\n\n\n<h6>Satisfaction de vie des personnes devenant s\u00e9rieusement handicap\u00e9es, BHPS 1996-2002 \u2013 Oswald and Powdthavee (2006)</h6>\n\n\n\n<div class=\"wp-block-image\"><figure class=\"aligncenter\"><a href=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Disability-and-happiness-Oswald-and-Powdthavee-2006.png\"><img loading=\"lazy\" width=\"750\" height=\"455\" src=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Disability-and-happiness-Oswald-and-Powdthavee-2006-750x455.png\" alt=\"\" class=\"wp-image-11322\" srcset=\"https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Disability-and-happiness-Oswald-and-Powdthavee-2006-750x455.png 750w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Disability-and-happiness-Oswald-and-Powdthavee-2006-150x91.png 150w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Disability-and-happiness-Oswald-and-Powdthavee-2006-400x242.png 400w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Disability-and-happiness-Oswald-and-Powdthavee-2006-768x466.png 768w, https://owid.cloud/app/uploads/2017/04/Disability-and-happiness-Oswald-and-Powdthavee-2006.png 1168w\" sizes=\"(max-width: 750px) 100vw, 750px\" /></a></figure></div>\n\n\n\n<p>Cela implique d’une part que la grande adaptabilit\u00e9 aux \u00e9l\u00e9ments communs de la vie se manifeste aussi, mais seulement en partie, pour les \u00e9v\u00e9nements plus graves. Cette trajectoire indique aussi que l’accompagnement des personnes accident\u00e9es doit se concentrer sur l’ann\u00e9e de la survenue de l’accident et aussi sur la suivante.</p>\n\n\n\n<h3>Culture et soci\u00e9t\u00e9</h3>\n\n\n\n<h4>Culture et satisfaction de vie</h4>\n\n\n\n<p>Les comparaisons entre pays sugg\u00e8rent que la culture et l’histoire des populations ont une influence profonde sur leur bien-\u00eatre, ind\u00e9pendamment de leur niveau de richesse ou d’\u00e9ducation. \u00c0 titre d’exemple, le graphique ci-dessous montrent que les pays d’Am\u00e9rique Latine, assez similaires en termes d’histoire et de culture, ont en moyenne une satisfaction de vie plus \u00e9lev\u00e9e que des pays de niveau de richesse similaire (situ\u00e9s au m\u00eame endroit sur l’axe horizontal). L’inverse s’observe lorsqu’on regarde les pays ex-sovi\u00e9tiques.</p>\n\n\n\n<div class=\"wp-block-image\"><figure class=\"aligncenter\"><a href=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2013/05/continent-version-GDP-pc-vs-Happiness-By-culture.png\"><img loading=\"lazy\" width=\"750\" height=\"508\" src=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2013/05/continent-version-GDP-pc-vs-Happiness-By-culture-750x508.png\" alt=\"\" class=\"wp-image-13836\" srcset=\"https://owid.cloud/app/uploads/2013/05/continent-version-GDP-pc-vs-Happiness-By-culture-750x508.png 750w, https://owid.cloud/app/uploads/2013/05/continent-version-GDP-pc-vs-Happiness-By-culture-150x102.png 150w, https://owid.cloud/app/uploads/2013/05/continent-version-GDP-pc-vs-Happiness-By-culture-400x271.png 400w, https://owid.cloud/app/uploads/2013/05/continent-version-GDP-pc-vs-Happiness-By-culture-768x520.png 768w\" sizes=\"(max-width: 750px) 100vw, 750px\" /></a></figure></div>\n\n\n\n<p>Plusieurs \u00e9tudes acad\u00e9miques, principalement dans le domaine de la psychologie exp\u00e9rimentale, mettent en \u00e9vidence d’autres ph\u00e9nom\u00e8nes liant culture et bien-\u00eatre. Par exemple, Diener and Suh (2002) \u00e9crivent :</p>\n\n\n\n<blockquote class=\"wp-block-quote\"><p>Les ann\u00e9es r\u00e9centes ont vu l’exploration des impacts des diff\u00e9rences entre cultures sur le bien-\u00eatre, avec le constat qu’il existe des diff\u00e9rences profondes dans la d\u00e9finition de ce qui rend les gens heureux. L’estime de soi, par exemple, est moins fortement associ\u00e9e \u00e0 la satisfaction de vie, et l’extraversion moins fortement associ\u00e9e \u00e0 des sensations positives, dans les cultures collectivistes qu’ils ne le sont dans les cultures individualistes.{ref}Diener, E., Oishi, S., & Lucas, R. E. (2009). “Subjective well-being: The science of happiness and life satisfaction”. <em>Oxford handbook of positive psychology</em>, 2, 187-194.{/ref}</p></blockquote>\n\n\n\n<p>\u00c0 notre connaissance, il existe encore peu d’\u00e9tudes d\u00e9crivant sur une base quantitative les m\u00e9canismes liant culture et bonheur. Il semble toutefois intuitif de penser que des facteurs culturels fa\u00e7onnent ce que les gens entendent, individuellement et collectivement, quand ils parlent de bonheur ou de sens de la vie.</p>\n\n\n\n<h4>Sentiment de libert\u00e9 et satisfaction de vive</h4>\n\n\n\n<p>Un \u00e9l\u00e9ment central par lequel l’environnement sociale peut affecter le bonheur est la libert\u00e9 : le degr\u00e9 de libert\u00e9 de la soci\u00e9t\u00e9 dans la quelle nous vivons d\u00e9termine crucialement l’univers de possibles pour mener notre vie.</p>\n\n\n\n<p>Le graphique ci-dessous montre la relation entre le sentiment subjectif de libert\u00e9 et la satisfaction de vie, sur la base du <em><a href=\"http://www.gallup.com/services/170945/world-poll.aspx\">Gallup World Poll</a></em>. La variable mesurant la satisfaction de vie est celle que nous avons utilis\u00e9e tout au long de ce document. Celle mesurant la libert\u00e9 correspond \u00e0 la part des personnes dans chaque pays qui est en accord avec l’affirmation “Dans ce pays, je suis satisfait du degr\u00e9 de libert\u00e9 dont je dispose pour choisir ce que je fais de ma vie”.{ref}Pour \u00eatre pr\u00e9cis, le <em>Gallup World Poll</em> demande : “In this country, are you satisfied or dissatisfied with your freedom to choose what you do with your life?”{/ref} La relation est claire et positive : les pays dans lesquels les personnes se sentent plus libres et en contr\u00f4le de leur vie ont aussi des niveaux moyens de satisfaction de vie plus \u00e9lev\u00e9s. Inglehart <em>et al.</em> (2008) montrent que cette relation persiste lorsqu’on neutralise les facteurs mat\u00e9riels ainsi que des facteurs culturels mesurables, comme le dregr\u00e9 de religiosit\u00e9 des populations.{ref}Inglehart, R., Foa, R., Peterson, C., & Welzel, C. (2008). “Development, freedom, and rising happiness: A global perspective (1981\u20132007)”. <em>Perspectives on psychological science</em>, 3(4), 264-285.{/ref}</p>\n\n\n\n<p>De mani\u00e8re int\u00e9ressante, le graphique montre aussi que s’il existe des pays o\u00f9 le sentiment de libert\u00e9 est \u00e9lev\u00e9 et la satisfaction faible (le Rwanda par exemple), il n’existe aucun de pays o\u00f9 le sentiment de libert\u00e9 serait faible et la satisfaction \u00e9lev\u00e9e.</p>\n\n\n\n<p>S’il n’existe pas d’\u00e9tude d\u00e9montrant rigoureusement les m\u00e9canismes causaux, il semble bien que le sentiment de libert\u00e9 soit non seulement un d\u00e9terminant de la satisfaction de vie, mais aussi une condition n\u00e9cessaire pour l’atteinte d’un certain niveau de satisfaction \u00e0 l’\u00e9chelle d’un pays.</p>\n\n\n\n<div class=\"wp-block-image\"><figure class=\"aligncenter\"><a href=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2013/05/Happiness-vs-Freedom-in-Your-Life.png\"><img loading=\"lazy\" width=\"3000\" height=\"3000\" src=\"https://ourworldindata.org/app/uploads/2013/05/Happiness-vs-Freedom-in-Your-Life.png\" alt=\"\" class=\"wp-image-11661\" srcset=\"https://owid.cloud/app/uploads/2013/05/Happiness-vs-Freedom-in-Your-Life.png 3000w, https://owid.cloud/app/uploads/2013/05/Happiness-vs-Freedom-in-Your-Life-150x150.png 150w, https://owid.cloud/app/uploads/2013/05/Happiness-vs-Freedom-in-Your-Life-400x400.png 400w, https://owid.cloud/app/uploads/2013/05/Happiness-vs-Freedom-in-Your-Life-768x768.png 768w, https://owid.cloud/app/uploads/2013/05/Happiness-vs-Freedom-in-Your-Life-550x550.png 550w, https://owid.cloud/app/uploads/2013/05/Happiness-vs-Freedom-in-Your-Life-32x32.png 32w, https://owid.cloud/app/uploads/2013/05/Happiness-vs-Freedom-in-Your-Life-50x50.png 50w, https://owid.cloud/app/uploads/2013/05/Happiness-vs-Freedom-in-Your-Life-64x64.png 64w, https://owid.cloud/app/uploads/2013/05/Happiness-vs-Freedom-in-Your-Life-96x96.png 96w, https://owid.cloud/app/uploads/2013/05/Happiness-vs-Freedom-in-Your-Life-128x128.png 128w\" sizes=\"(max-width: 3000px) 100vw, 3000px\" /></a></figure></div>\n\n\n\n<h4>Influence des m\u00e9dias</h4>\n\n\n\n<p>Plusieurs \u00e9tudes ont montr\u00e9 qu’il existe un lien entre exposition \u00e0 des nouvelles \u00e0 caract\u00e8res n\u00e9gatif et humeur. Johnston and Davey (1997) par exemple, ont modifi\u00e9 une courte \u00e9mission de t\u00e9l\u00e9vision pour y montrer selon les cas plut\u00f4t des contenus n\u00e9gatifs, neutres ou positifs.{ref} Johnston, W. M., & Davey, G. C. (1997). “The psychological impact of negative TV news bulletins: The catastrophizing of personal worries”. <em>British Journal of Psychology</em>, 88(1), 85-91. {/ref} Les personnes ayant visionn\u00e9 la version pr\u00e9sentant le plus de contenus n\u00e9gatifs \u00e9taient plus susceptibles de se dire tristes. Or, les m\u00e9dias ont une pr\u00e9f\u00e9rence marqu\u00e9es pour les \u00e9v\u00e9nements n\u00e9gatifs (guerres, catastrophes, etc.) et pour une couverture n\u00e9gative des \u00e9v\u00e9nements en g\u00e9n\u00e9ral (voir, par exemple, Combs and Slovic 1979).{ref} Combs, B., & Slovic, P. (1979). “Newspaper coverage of causes of death”. <em>Journalism Quarterly</em>, 56(4), 837-849.{/ref} Bien \u00e9videmment, l’humeur n’est pas identique \u00e0 la satisfaction de vie. Cependant, les deux aspects sont intimement li\u00e9s.</p>\n\n\n\n<p>Par ailleurs, notre \u00e9valuation du sens de notre vie ainsi que l’appr\u00e9ciation de notre satisfaction sont fortement influenc\u00e9es par l’image que nous avons de l’\u00e9tat du monde et de la soci\u00e9t\u00e9. Cette image est \u00e0 son tour fa\u00e7onn\u00e9e tr\u00e8s largement pas les m\u00e9dias. Le biais m\u00e9diatique favorable aux \u00e9v\u00e9nements n\u00e9gatifs nous conduit donc tr\u00e8s probablement \u00e0 penser que ces \u00e9v\u00e9nements sont beaucoup plus fr\u00e9quents et probables qu’ils ne le sont en r\u00e9alit\u00e9.{ref}Riddle, 2010, “Always on my mind: Exploring how frequent, recent, and vivid television portrayals are used in the formation of social reality judgments.” <em>Media Psychology</em>.{/ref}</p>\n\n\n\n<h2>Qualit\u00e9 des donn\u00e9es et mesures</h2>\n\n\n\n<h4>Peut-on r\u00e9ellement mesurer le bonheur ?</h4>\n\n\n\n<p>Demander aux personnes ce qu’elles pensent et ressentent constitue la m\u00e9thode la plus directe et la plus courante pour mesurer le bien-\u00eatre subjectif. En pratique, les sciences sociales emploient pour ce faire des questions directes relatives au bonheur ou \u00e0 la satisfaction de vie. Les premi\u00e8res mesurent plut\u00f4t les aspects \u00e9motionnels du bien-\u00eatre (“je me sens heureux”), tandis que les secondes se r\u00e9f\u00e8rent plus \u00e0 une \u00e9valuation raisonn\u00e9e du bien-\u00eatre (“je pense que je vis une vis satisfaisante”).</p>\n\n\n\n<p>Ces \u00e9valuations subjectives du bien-\u00eatre sont associ\u00e9es avec des manifestations ext\u00e9rieures, comme le sourire ou la gaiet\u00e9, qui sont \u00e9galement associ\u00e9es \u00e0 l’id\u00e9e de bien-\u00eatre. Dans (ce graphique)[https://ourworldindata.org/app/uploads/2017/04/Life-Satisfaction-vs-Laugh-Gallup.png] par exemple, on voit que les pays ayant le niveau de satisfaction les plus \u00e9lev\u00e9s sont aussi ceux o\u00f9 les personnes sourient le plus souvent. La psychologie exp\u00e9rimentale a \u00e9galement d\u00e9termin\u00e9 que l’\u00e9valuation du bien-\u00eatre subjectif \u00e9tait associ\u00e9e avec les parties du cerveau activ\u00e9es par les sensations de plaisir et de satisfaction. Cliniquement, les personnes qui disent \u00eatre heureuses dorment mieux et expriment plus souvent des \u00e9motions positives quand elles parlent.</p>\n\n\n\n<p>Le tableau ci-dessous, adapt\u00e9 de Kahneman and Krueger (2006) fournit une liste de variables pour lesquelles des recherches ont d\u00e9montr\u00e9 une association avec l’\u00e9valuation subjective de bien-\u00eatre.</p>\n\n\n\n<p>Corr\u00e9lats d’une forte satisfaction de vie ou d’un haut niveau de bonheur :</p>\n\n\n\n<ul><li>Fr\u00e9quence du sourire</li><li>Sourire du regard (expression des yeux associ\u00e9e au sourire sinc\u00e8re)</li><li>\u00c9valuation pas des amis du niveau de bonheur</li><li>Parler fr\u00e9quemment d’\u00e9motions positives</li><li>Sociabilit\u00e9 et extraversion</li><li>Qualit\u00e9 du sommeil</li><li>Bonheur des proches</li><li>Bon \u00e9tat de sant\u00e9 (\u00e9valu\u00e9 subjectivement)</li><li>Revenu \u00e9lev\u00e9, et revenu \u00e9lev\u00e9 au sein du groupe de r\u00e9f\u00e9rence</li><li>Participation active \u00e0 des activit\u00e9s religieuses</li><li>\u00c9v\u00e9nements positifs r\u00e9cents</li></ul>\n\n\n\n<h4>Quelles diff\u00e9rences entre “satisfaction de vie” et “bonheur” ?</h4>\n\n\n\n<p>Dans cette publication, nous nous sommes essentiellement appuy\u00e9s tant\u00f4t sur des \u00e9valuations du bonheur, tant\u00f4t sur celles relatives \u00e0 la satisfaction de vie. Si les deux sont des composantes centrales du bien-\u00eatre, elles de sont pas interchangeables. Typiquement, la <em>World Value Survey</em> comporte une question directe relative au bonheur : “Tout bien consid\u00e9r\u00e9, diriez-vous que vous \u00eates\u2026 (i) Tr\u00e8s heureux, (ii) Assez heureux, (iii) Pas tr\u00e8s heureux, (iv) Pas heureux du tout, (v) Ne sait pas” .{ref}<a href=\"http://www.worldvaluessurvey.org/WVSDocumentationWV5.jsp\">Questionnaire France 2006</a>{/ref} Le <em>Gallup World Pool</em> de son c\u00f4t\u00e9 utilise l’\u00e9chelle de 0 \u00e0 10 que nous avons d\u00e9crite pr\u00e9c\u00e9demment : “Imaginez une \u00e9chelle avec des barreaux num\u00e9rot\u00e9s de z\u00e9ro en bas \u00e0 dix en haut. Le barreau du haut repr\u00e9sente la meilleure vie possible pour vous, le le barreau du bas la pire vie possible pour vous. Sur quel barreau pensez-vous vous tenir \u00e0 ce moment de votre vie ?”</p>\n\n\n\n<p>Comme le montre le graphique ci-dessous, les deux mesures sont tr\u00e8s li\u00e9es, mais pas identiques : des pays partageant un m\u00eame score sur une mesure peuvent avoir des scores tr\u00e8s diff\u00e9rents dans l’autre. Ces \u00e9carts refl\u00e8tent les deux aspects fondamentaux d’une bien-\u00eatre : le c\u00f4t\u00e9 \u00e9motionnel d’une part, le c\u00f4t\u00e9 rationnel et cognitif d’autre part. La distinction entre ces deux c\u00f4t\u00e9 n’est \u00e9videmment pas absolue, et les deux questions se recouvrent sur un certain nombre d’aspects. De ce fait, il est courant de construire des index de bien-\u00eatre qui sont de simples moyennes de plusieurs questions relatives au bien-\u00eatre.</p>\n\n\n\n<figure><iframe loading=\"lazy\" style=\"width: 100%; height: 600px; border: 0px none;\" src=\"https://ourworldindata.org/grapher/Happiness-WVS-vs-Gallup\" width=\"300\" height=\"150\">\n<p></p></iframe></figure>\n\n\n\n<h4>Peut-on se fier aux fier aux moyennes de bien-\u00eatre ?</h4>\n\n\n\n<p>Le plus souvent, les \u00e9tudes de bien-\u00eatre prennent comme point de d\u00e9part la moyenne des r\u00e9ponses au sein d’une population donn\u00e9e (pays, r\u00e9gion, femmes, dipl\u00f4m\u00e9s, etc.), comme nous l’avons fait ici pour la plupart des comparaisons entre pays. Quel sens donner \u00e0 ces moyennes ?</p>\n\n\n\n<p>Les \u00e9tudes disponibles nous apprennent que les enqu\u00eates utilisant l’\u00e9chelle de 0 \u00e0 10 (\u00e9chelle de Cantril) se comportent raisonnablement bien sur ce point : les r\u00e9sultats sont sensiblement les m\u00eames qu’on demande aux personnes une \u00e9valuation num\u00e9rique (de 0 \u00e0 10) ou qu’on leur propose une \u00e9chelle textuelle (de “tr\u00e8s mauvais” \u00e0 “tr\u00e8s bon”).{ref}Ferrer\u2010i\u2010Carbonell, A., & Frijters, P. (2004). “How important is methodology for the estimates of the determinants of happiness?”. <em>The Economic Journal</em>, 114(497), 641-659.{/ref} {ref}Van Praag, B.M.S. (1991). “Ordinal and cardinal utility: an integration of the two dimensions of the welfare concept”, <em>Journal of Econometrics</em>, vol. 50, pp. 69\u201389.{/ref}</p>\n\n\n\n<p>Toutefois, les moyennes de bien-\u00eatre doivent \u00eatre employ\u00e9es avec toutes les pr\u00e9cautions habituelles dans l’usage d’une moyenne en g\u00e9n\u00e9ral. Ainsi, si on regarde le bonheur par g\u00e9n\u00e9ration dans un pays, il peut appara\u00eetre que les personnes plus \u00e2g\u00e9es ne sont pas plus heureuses que les personnes plus jeunes. Ce r\u00e9sultat peut toutefois r\u00e9sulter de l’influence contradictoire de deux facteurs : l’effet d’\u00e2ge (les personnes d’une g\u00e9n\u00e9ration donn\u00e9e tendent \u00e0 se dire plus heureuses au fur et \u00e0 mesure qu’elles vieillissent) et l’effet de cohorte (quel que soit l’\u00e2ge, les g\u00e9n\u00e9rations r\u00e9centes sont plus heureuses que les g\u00e9n\u00e9rations plus anciennes). Si l’effet de cohorte est fort, on peut m\u00eame avoir l’impression que les gens deviennent en moyenne plus malheureux avec l’\u00e2ge, alors que chaque individu devient plus heureux avec l’\u00e2ge. Il ne s’agit pas ici d’un exemple th\u00e9orique : Sutin <em>et al.</em> (2013) ont montr\u00e9 sur des donn\u00e9es am\u00e9ricaines que les \u00e9valuations de bien-\u00eatre subjectif augmentaient avec l’\u00e2ge, quelle que soit la g\u00e9n\u00e9ration de naissance, mais que les niveaux moyens de bien-\u00eatre \u00e9taient avant tout d\u00e9termin\u00e9s par le lieu de naissance (effet de cohorte).{ref}Sutin, A. R., Terracciano, A., Milaneschi, Y., An, Y., Ferrucci, L., & Zonderman, A. B. (2013). “The effect of birth cohort on well-being The legacy of economic hard times”. <em>Psychological science</em>, 0956797612459658.{/ref}</p>\n\n\n\n<h4>La barri\u00e8re des langues</h4>\n\n\n\n<p>Les diff\u00e9rences linguistiques constituent \u00e0 premi\u00e8re vue un obstacle majeur dans les comparaisons de bien-\u00eatre entre pays. La multiplicit\u00e9 des \u00e9tudes sugg\u00e8re toutefois que le probl\u00e8me est moins important qu’il n’y para\u00eet.</p>\n\n\n\n<p>Sur le plan de ce qui est mesur\u00e9, des entretiens au cours desquels les participants utilisaient des photos ou des vid\u00e9os pour \u00e9valuer l’\u00e9tat \u00e9motionnel des personnes (il devaient dire si la personne repr\u00e9sent\u00e9e \u00e9tait heureuse ou malheureuse) ont d\u00e9montr\u00e9 que nous \u00e9tions capables d’identifier cet \u00e9tat m\u00eame chez des personnes culturellement \u00e9loign\u00e9es de nous. Voir par exemple Sandvik <em>et al.</em>, 1993 ou Diener et Lucas, 1999.{ref}Sandvik, E., Diener, E. and Seidlitz, L. (1993). “Subjective well-being: the convergence and stability of self and non self report measures”, <em>Journal of Personality</em>, vol. 61, pp. 317\u201342. Diener, E. and Lucas, R.E. (1999). “Personality and subjective well-being”, in Kahneman <em>et al.</em> (1999) chapter 11.{/ref}</p>\n\n\n\n<p>Les \u00e9tudes ont \u00e9galement montr\u00e9 que les “\u00e9motions indig\u00e8nes” (<em>indigeneous emotions</em>), pour lesquelles il n’existe pas d’\u00e9quivalent dans une autre langue, ne sont pas ressenties plus fr\u00e9quemment ou diff\u00e9remment des \u00e9motions pour lesquelles il existe un \u00e9quivalent \u00e9tabli dans les autres langues (Scollon <em>et al.</em> 2005).{ref}Scollon, C. N., Diener, E., Oishi, S., & Biswas-Diener, R. (2004). “Emotions across cultures and methods”. <em>Journal of cross-cultural psychology</em>, 35(3), 304-326.{/ref}</p>\n\n\n\n<p>Il semble donc exister un socle commun universel sur ce que les humain d\u00e9signent pas “\u00eatre heureux”. De ce fait, les r\u00e9sultats d’enqu\u00eates fournissent une information pertinente, bien que bruit\u00e9e, pouvant servir de bases aux comparaisons entres groupes et entre pays.</p>\n\n\n\n<h3>Sources de donn\u00e9es</h3>\n\n\n\n<h4>Comparaisons entre pays</h4>\n\n\n\n<h4>World Happiness Report</h4>\n\n\n\n<ul><li><strong>Donn\u00e9es :</strong>Moyennes payr pays de la satisfaction de vie (\u00e9chelle de Cantril).</li><li><strong>Source : </strong>Gallup World Poll</li><li><strong>Profondeur :</strong> 2005-2022</li><li><strong>Lien :</strong> <a rel=\"noopener noreferrer\" href=\"http://worldhappiness.report/\" target=\"_blank\">World Happiness Report</a></li></ul>\n\n\n\n<h4>Commission Europ\u00e9enne \u2013 Eurobarometre Interactif</h4>\n\n\n\n<ul><li><strong>Donn\u00e9es :</strong>Satisfaction de vie (Question : <em>“On the whole are you very satisfied, fairly satisfied, not very satisfied or not at all satisfied with the life you lead ?”</em>)</li><li><strong>P\u00e9rim\u00e8tre g\u00e9ographique :</strong>pays de l’Union</li><li><strong>Profondeur :</strong> 1973 – 2015</li><li><strong>Lien :</strong> <a href=\"http://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/index.cfm/Chart/index\" target=\"_blank\" rel=\"noopener noreferrer\">http://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/index.cfm/Chart/index</a></li></ul>\n\n\n\n<h4>The World Value Survey (WVS)</h4>\n\n\n\n<ul><li><strong> Donn\u00e9es : </strong>Bonheur et satisfaction de vie, ainsi que de nombreuses autres caract\u00e9ristiques sociales et culturelles. Les donn\u00e9es individuelles sont \u00e9galement accessibles publiquement.</li><li><strong>P\u00e9rim\u00e8tre g\u00e9ographique : </strong>Une centaine de soci\u00e9t\u00e9s, repr\u00e9sentant pratiquement 90% de la population mondiale, mais tous certains pays sont absent de certains vagues de l’enqu\u00eate.</li><li><strong>Profondeur : </strong>Par vagues, de 1981 \u00e0 2014</li><li><strong>Lien :</strong> <a href=\"http://www.worldvaluessurvey.org/WVSDocumentationWVL.jsp\">http://www.worldvaluessurvey.org/WVSDocumentationWVL.jsp</a></li></ul>\n\n\n\n<h4>Pew Global Attitudes Survey</h4>\n\n\n\n<ul><li><strong>Donn\u00e9es : </strong> Satisfaction de vie (\u00e9chelle de Cantril). Les tableau par pays donnent la distribution compl\u00e8te par score, permettant la construction d’histogrammes.</li><li><strong>P\u00e9rim\u00e8tre g\u00e9ographique :</strong> 38,000 r\u00e9pondants dans 44 pays</li><li><strong>Profondeur : </strong>Par vagues, \u00e0 partir de 2002</li><li><strong>Lien :</strong> <a href=\"http://www.pewglobal.org/question-search/?qid=365&cntIDs=&stdIDs=\" target=\"_blank\" rel=\"noopener noreferrer\">www.pewglobal.org</a></li></ul>\n\n\n\n<h4>Sources sp\u00e9cifiques \u00e0 un pays donn\u00e9, en acc\u00e8s libre</h4>\n\n\n\n<h4>US General Social Survey</h4>\n\n\n\n<ul><li><strong>Donn\u00e9es :</strong>S\u00e9ries temporelles sur le bonheur ainsi que sur un grand nombre d’autres caract\u00e9ristiques sociales et culturelles. (Question: <em>“Taken all together, how would you say things are these days–would you say that you are very happy, pretty happy, or not too happy?”</em>)</li><li><strong>P\u00e9rim\u00e8tre g\u00e9ographique : </strong>\u00c9tats-Unis</li><li><strong>Profondeur : </strong>Enqu\u00eates annuelles depuis 1972</li><li><strong>Lien :</strong> <a href=\"https://gssdataexplorer.norc.org\">https://gssdataexplorer.norc.org</a></li></ul>\n\n\n\n<h4>British Office for National Statistics</h4>\n\n\n\n<ul><li><strong>Donn\u00e9es : </strong>\u00c9valuations subjectives du bien-\u00eatre (satisfaction, sens de la vie, bonheur, angoisse), par \u00e2ge, niveau de handicap, statut marital, ethnie, religion, sexe biologique et orientation sexuelle, utilisant l’enqu\u00eate <em>Annual Population Survey</em>.</li><li><strong>P\u00e9rim\u00e8tre g\u00e9ographique :</strong>Royaume-Uni et \u00e9tats associ\u00e9s</li><li><strong>Profondeur :</strong>Par groupes (en 2017, le groupe 2013-2015 a \u00e9t\u00e9 publi\u00e9)</li><li><strong>Lien :</strong> <a href=\"https://gssdataexplorer.norc.org\">https://gssdataexplorer.norc.org</a></li></ul>\n\n\n\n<h4>Germany \u2013 Deutsche Post Gl\u00fccksatlas</h4>\n\n\n\n<ul><li><strong>Donn\u00e9es : </strong>Moyennes de satisfaction de vie au niveau r\u00e9gional</li><li><strong>P\u00e9rim\u00e8tre g\u00e9ographique : </strong>Allemagne</li><li><strong>Profondeur : </strong>Group\u00e9 (2012-2016 ou plus r\u00e9cent)</li><li><strong>Lien :</strong> <a href=\"http://www.gluecksatlas.de/\" target=\"_blank\" rel=\"noopener noreferrer\">http://www.gluecksatlas.de/</a></li></ul>\n\n\n\n<h4>Sources sp\u00e9cifiques \u00e0 un pays donn\u00e9, en acc\u00e8s restreint</h4>\n\n\n\n<ul><li><a href=\"http://www.eui.eu/Research/Library/ResearchGuides/Economics/Statistics/DataPortal/GSOEP.aspx\" target=\"_blank\" rel=\"noopener noreferrer\">German socio-economic panel</a> (SOEP)</li><li><a href=\"https://www.iser.essex.ac.uk/bhps/acquiring-the-data\" target=\"_blank\" rel=\"noopener noreferrer\">British Household Panel Survey</a> (BHPS)</li><li><a href=\"https://www.dss.gov.au/our-responsibilities/families-and-children/programmes-services/the-household-income-and-labour-dynamics-in-australia-hilda-survey\" target=\"_blank\" rel=\"noopener noreferrer\">Household, Income and Labour Dynamics in Australia survey</a> (HILDA)</li></ul>\n\n\n\n<h4>Archives de donn\u00e9es et d\u00e9p\u00f4ts</h4>\n\n\n\n<p>La <em>World Database of Happiness</em>, h\u00e9berg\u00e9e par l’<em>Erasmus University Rotterdam</em> <a href=\"http://www1.eur.nl/fsw/happiness/trendnat/framepage.htm\">ici</a>, fournit un riche ensemble de donn\u00e9es et de r\u00e9sultats concernant le bien-\u00eatre. Elle est d\u00e9crite par ses auteurs comme “une archive des r\u00e9sultats de recherche concernant l’\u00e9valuation subjective du bonheur d’\u00eatre en vie”.</p>\n\n\n\n<p>Cette archive regroupe des mesures d’in\u00e9galit\u00e9 de bien-\u00eatre ainsi que des s\u00e9ries temporelle pour un large \u00e9ventail de pays. On y trouve \u00e9galement des \u00e9tudes liant le bien-\u00eatre \u00e0 pratiquement tous les d\u00e9terminants imaginables. Elle fournit aussi une liste d’outils (apps) vous permettant d’enregistrer votre \u00e9tat de bien-\u00eatre et de le comparer \u00e0 celui d’autres personnes, et de suivre son \u00e9volution dans le temps.</p>\n", "protected": false }, "excerpt": { "rendered": "", "protected": false }, "date_gmt": "2017-11-29T18:38:02", "modified": "2023-10-11T10:34:07", "template": "", "categories": [], "menu_order": 156, "ping_status": "closed", "authors_name": [ "Esteban Ortiz-Ospina", "Max Roser" ], "modified_gmt": "2023-10-11T09:34:07", "comment_status": "closed", "featured_media": 11424, "featured_media_paths": { "thumbnail": "/app/uploads/2017/04/GDP-vs-Happiness-and-gradient-within-countries-150x116.png", "medium_large": "/app/uploads/2017/04/GDP-vs-Happiness-and-gradient-within-countries-768x596.png" } } |